DESSOUS DE TABLE ET DU DESTIN

tel quel dans la nuit du 12/07/2020
Dessous de table et du destin.
À un détail près,
Déterrer les vieilles histoires
N'est pas bon pour la santé.

Au détour d'une fiction de Borges,
On allume la lampe d'argile de l'imagination,
et l'on se retrouve sur une planète 
née de "la conjonction d'un miroir
et d'une encyclopédie",
parcourue seulement par dix-sept lecteurs-
lectrices comprises.

Devises de père en fils :
Jean Marot, Rhétoriqueur :
Ni trop ni peu
Clément, Prince des poètes
La mort n'y mord

Dévoiler, agiter ses mots, éloigner ses maux,
comme un beau diable.

Dictées de nuit. 
Je n'écris jamais ce que me dicte la conscience passée.
Ni la bouche d'ombre.

Mon dictionnaire à part moi, ignore l'ordre de l'alphabet.

Ma plume s'arrête là, faute d'espace,
mais nous n'avons pas fini tous deux,
de nous étonner.




METTONS QUE JE N’AI RIEN DIT

hypnographies
Dorio
23/05/2020

je parle au papier
avec ma voix
23/05/2020
11h30




Mettons que je n’ai rien dit.

Mettons que je m’appelle Ishmaël

et que pour chasser le cafard

l’envie me prend de naviguer.

Mettons que cette écriture,  

se fait en mode survie.

Mettons qu’elle se perd

dans Méandre fils d’Océan

et de Thétis.

Mettons qu’elle se relance

par ricochets et palets

d’une marelle étourdissante.

Mettons que cet exercice

de chevet  anaphorisant

m’évite la prise d’anxiolytiques.

Mettons que je traverse ainsi

mes intimes altérités

croisant  personnes et personnages,

lieux, paysages, époques, pensées

perdues et retrouvées,

scènes autres et nourrissant

mes feuilles d’ombre.

Mettons qu’à la différence

de l’écriture d’une poésie

qui requiert un temps infini

de retouches et variations,

ce dictionnaire s’écrit

d’une traite et joyeusement

à part moi.

Mettons, en effet,

que je n’ai rien dit.





UN DICTIONNAIRE À PART MOI

« Patchwork in progress)

ROBERT

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

J’utilise le petit chaque jour. J’en ai besoin quand je reprends ces textes écrits la nuit, comme celui-ci, et que je les recopie, non sans quelques modifications, sur world. J’ai acheté le premier dans une librairie de la place du Capitole, dès sa sortie, en 1966. Michel Cournot dans le récent Nouvel Observateur, nous demandait de l’acquérir tout affaire cessante, même si pour le voler, pratique courante à l’époque, on devait prévoir un grand imper, façon inspecteur Colombo. J’ai remplacé cet exemplaire premier, trop fatigué, par « l’édition des 50 ans », un demi-siècle, dix lustres après, dans lequel Alain Rey, le seul père spirituel encore vivant, et bien vivant, a fait appel à l’artiste Fabienne Verdier, pour « illuminer » de 22 tableaux le tout. Notre Roi, oui c’est la traduction de Rey, n’a pas caché sa joie devant les projections de l’artiste. Il a accompagné chacune d’un bref article mettant en jeu deux termes saisis au vol « transformant en langage humain le chant de la Terre ». De Arborescence/Allégorie à Voix/Vortex. « La voix humaine convoquera d’autres voix, jusqu’aux voix du silence. »

TABLEAU DE FABIENNE VERDIER
pour l’édition des 50 ans

SOMOS EL PODER Y PUNTO !

UN DICTIONNAIRE À PART SOI




J’ai un dictionnaire à part moi.

Montaigne

On peut continuer à tout temps l’étude, non pas l’écolage : la sotte chose qu’un vieillard abécédaire.

(le même)

Voilà pourquoi ce dictionnaire à part soi n’obéira pas à l’ordre abécédaire.

Quant au remplacement du « moi » par le « soi », il marque le passage du « moi seul », au « soi-même comme un autre » selon la savoureuse expression développée en dix études par le philosophe Paul Ricœur.

Le même affirmait que le plus court chemin de soi à soi passe par autrui.

Les articles ci-dessous en acceptent la gageure.





MÉNINGES

J’ai quelquefois entendu ma mère dire : au moins lui, il se fatigue pas les méninges. Avec une pointe de médisance. Mais c’était pas le genre de la maison. Pour les langues de vipères, voire de putes, écoutez la chanson idoine d’Anne Sylvestre. Elle est sans pareille pour les agiter. Même si ça vous rebute.

CROIRE

mais sans trop chercher à quoi, ajoute un ancien coco, venu au parti pour le concept. On croit rêver, tant cet auteur, nous ravit par sa subtilité, sa distance, son bonheur de lecteur insatiable. Bref, tout le contraire d’un secrétaire général du parti communiste français croyant jusqu’à son dernier souffle, qu’un jour la dictature du prolétariat installerait le bonheur sur Terre, il n’ajoutait pas cependant…et au Ciel !

AUTOFICTION

Je lis que ce serait un général russe, un certain Doubrosky, qui inventa le terme en chassant Napoléon de la Russie. Mais ce n’est peut-être qu’une « fiction d’évènements et de faits strictement réels ». Mazette !

SOLDAT

Je n’ai jamais joué avec des soldats de plomb dans mon enfance, c’eût été sans doute faire injure à mon père dont le père fut tué, comme un moineau, dès l’automne 1914, ainsi que deux de ses frères. On leur avait promis de revenir pour les vendanges après avoir maté le boche. Les raisins ont pourri sur pied.

Et soldat moi-même, jamais je ne le fus. Je profitai de cette chance de remplacer le maniement des armes par le maniement de la langue de Molière, que j’allai enseigner pendant ma Coopé(ration), au Venezuela, de l’automne 68 – j’ai évité ainsi la gueule de bois après la fête de notre mai avec son M majuscule – au printemps 70. J’enseignai notre langue dans une école primaire privée 1° choix, avec un couple de paresseux- les animaux- que l’on voyait dans un palmier et qui était destiné à rendre plus calme les enfants, j’enseignai à l’Institut, à l’école normale d’instituteurs, – ce qui dit en passant me faisait traverser souvent la ville dans ses taxis collectifs toujours riches en contact avec la radio diffusant la salsa « à mort » – et enfin j’eus une expérience, hélas trop courte, en faisant cours à la fac d’Architecture. Au bout d’une semaine les étudiants voulant nous imiter, « mirent le feu » à l’Université, envahirent mon amphi et ornèrent le tableau d’un slogan que je revois encore : SOMOS EL PODER Y PUNTO !


	

UN DICTIONNAIRE À PART SOI





UN DICTIONNAIRE À PART SOI

J’ai un dictionnaire à part moi.

Montaigne

On peut continuer à tout temps l’étude, non pas l’écolage : la sotte chose qu’un vieillard abécédaire.

(le même)





Voilà pourquoi ce dictionnaire à part soi n’obéira pas à l’ordre abécédaire.

Quant au remplacement du « moi » par le « soi », il marque le passage du « moi seul », au « soi-même comme un autre » selon la savoureuse expression développée en dix études par le philosophe Paul Ricœur.

Le même affirmait que le plus court chemin de soi à soi passe par autrui.

Les articles ci-dessous en acceptent la gageure.





IDENTITÉ

La mienne se conjugue en plusieurs versions d’un sujet multiple et divisé en parcelles que rien ne semble relier ; si ce ne sont « ses » écrits semés tout au long d’une vie, chemin faisant, et que vers la fin du parcours, quand plus rien ne semble aller de soi, on rassemble sous cette forme de puzzle énigmatique, mais non privé d’une identité, « aussi bariolée qu’est… l’imaginaire unité qui en serait le socle ». *

*selon le philosophe Clément Rosset





COMMUNION

On me l’a faite faire, je veux parler de la première, j’ignore si la seconde fait référence à l’hostie du dernier soupir. Une première communion sans y croire vraiment, mais c’était la coutume pour tous les enfants du village, sauf peut-être pour la fille de F.V., le « communiste », qui était née un jour avant ou après moi. En tête il me reste une photo prise devant l’église de toute la smala des communiant.e.s, chacun.e avec son aube blanche « pléonasmathique ».

Mes parents, en réalité, étaient détachés de l’église et réservaient leurs dons, non au denier du culte de monsieur le curé, mais aux instituteurs de la laïque qui profitaient ravis des produits du jardin, d’un poulet, d’un lapin, du vin bourru et de nos cochonnailles.

Le premier couplet de la chanson « mon village » évoque tout cela.

ADAM ET ÈVE

Dès le premier couple l’homme était premier. Pour le féminisme c’était mal parti. Mais plus curieux encore, quelques siècles après, la prêtresse du deuxième sexe, était toujours en seconde position, derrière son petit camarade. Sartre Beauvoir, je n’ai jamais lu l’inverse…(pour enrichir ce propos, quelques gloses féminines seraient les bienvenues)

RAINETTE

lire Ponge : une naine amphibie, une Ophélie manchote…

GRENOUILLE

Je les attrapais, adolescent, avec une joie sans pareille. Seul, autour d’une mare près des fermes isolées du « terre fort » de mon Ariège natale. Elles pullulaient à la saison ; j’étais muni d’un roseau avec du crin solide et une ancre, un trident avec un chiffon rouge ou une fleur de « farouch », le sainfoin. Je les attirais ainsi et elles se précipitaient les pauvrettes. Une levée de canne prompte et je les décrochais les mains gluantes. J’en rapportais souvent une musette que mon père s’empressait de convertir en cuisses dépiautées, séparées du tronc que l’on donnait aux chats de la maison. Les cuisses blanches gonflaient dans l’eau, puis passées à la farine, elles étaient plongées dans l’huile de la poêle et finissaient dans l’assiette enrobées d’une indispensable persillée.

CRAPAUD

L’horrible et boursouflé batracien que les mômes cruels du village faisaient fumer…comme un crapaud et que le pauvre Max Jacob, affublé de son étoile jaune…enviait.

« Jadis personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent de mon étoile jaune. Heureux crapaud ! tu n’as pas l’étoile jaune ! »