LE BEL OISEAU PHÉNIX









Printemps des yeux, rhizome, iris, Enivrez-vous.

C’est la saison des semaisons, Caressez-vous.





Agrandissant l’espace sur la Crau rehaussée

Les brebis me saluent : tu as soixante-seize ans !





Le temps s’endort, une fois l’an, on le réveille.





Foisonnement : en soi-même, combien de branches?

Cahiers, carnets, récits de vie pliés en quatre.





Les mots de tous les jours s’en vont comme fétus

Les fleurs de rhétorique brûlées brassées brouies





Pour laisser s’envoler le bel oiseau Phénix

des alphabets

et du hasard quasi céleste.

PASSAGE DES LIVRES





Les livres ne s’usent que si l’on s’en sert

Pour faire de beaux découpages

Pour ouvrir n’importe quelle page

et y chercher son horoscope perpétuel

Pour déchirer toutes les pages 68

Et en faire une belle flambée

Les livres sont des fleurs inverses

Que l’on mange à la lettre

Dans le Secret des Marges

Comme du bon pain blanc

Editions Rafael de Surtis
81170 Cordes/Ciel
passage des livres
" Je peins principalement mes cogitations, sujet informe, qui ne peut tomber en production "ouvragère"; à toute peine le puis-je coucher en ce corps aéré de la voix..."
Michel de Montaigne

ACCENTS RESTÉS DANS LA VOIX D’AUTRUI





Petit nuage en pantalon

Avec mes pleurs engloutis

Au fond des pages

 Claude Brugeilles

(Passe mots)

Editions La Découvrance (2016)





à Claude Brugeilles





Ni fleurs du mal

Ni fleurs du bien

Mais ces quelques lettres au vent de la nuit

Que je partage avec quelques vivants

Mais une infinité de disparus





Le stylo trace ses lignes

Apparemment sans but

Tel un tisonnier

avec lequel on fouaille ses cendres

et ses mots clés :





miettes, fragments, poussière, imagination,

accents restés dans la voix d’autrui*…





Assis devant un livre que je feuillette

Regardant les lumières des bateaux

Sur la passe maritime

Écoutant un raga de nuit





Ni fleurs ni couronne

Mais l’amour des figures

Que tisse la poésie





*Antonio Tabucchi

Il se fait tard de plus en plus tard

Claude Brugeilles
Aucune encre noire épure
hormis celle des cyprès et des nuits
ne confine au reposoir
l’écriture des neiges
C.B.

JE VOIS DES MOTS

Je vois des mots

La nuit sans plume

et sans papier

Puis je les perds

C’est la loi quand on dort





Je vois des morts

leur corps sans lèvres

et sans aurores

J’entends leurs voix

C’est la loi quand on rêve





Je vois des fleurs

Des roses et des immortelles

Belles très belles

Mon cœur soupire

Ce ne sont que fleurs de rhétorique









figure de sable
Fos sur Mer
11/03/2020