ÉCRIRE LE DÉTAIL LE DÉTAIL DU DÉTAIL…
…au risque de se perdre d’esquisses en esquisses
Reprises de fragments d’une perle baroque au passé composé :
longtemps on s’est hasardé à confondre les états de veille et les états de rêves,
leurs écarts et leurs résonances.
Longtemps on a tissé leurs pièces décousues et (comme dit la chanson)
On a roulé carrosse
On a roulé sa bosse
Telle la roche des ténèbres d’un Sisyphe de la nuit
Celui que l’auteur du mythe revisité imagina « heureux » 1
Libre de colporter, dans ses réécritures acharnées,
sensations et images,
personnes et personnages,
souvenirs réactivés dans leurs moindres détails
Un lecteur créatif 2 s’est nourri de
ces voix qui promettent des mondes,
celles qui parlent dans les bibliothèques,
et celles qui disent :
c’est ici qu’on vendange
Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim 3
1 Albert Camus (Le mythe de Sisyphe) 2 Marcel Proust lecteur de Baudelaire 3 Charles Baudelaire
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HYPOCRITES LECTEURS MES SEMBLABLES MES SŒURS

1001 HYPOCRITES LECTEURS MES SEMBLABLES MES SŒURS Et vous ? Aimez-vous comme moi entasser les paroles et les gestes des gens de la cité Et vous ? Imaginez-vous l’éternité au cœur d’une pierre
antique ou Rayon de soleil dans la mer en allée Et vous ? Résonnant dans le vide qui entoure vos bruits raisonnant méthodiquement sur votre cogito brisé Et vous? Volez-vous de vos propres ailes Effarés dans la grotte des mythes amérindiens Et vous ? Êtes-vous paradigme perdu ou plutôt aporie Et vous ? Embourbés empêtrés ou bien Essence pure Et vous ? Voyez-vous vos pensées comme principes d’incertitudes Et vous ? Répétez-vous la scène de l’étrange étranger Et vous ? Regardez-vous le monde comme un fleuve de boue Et vous ? Tenez-vous la balance du corps et de l’esprit Et vous ? Pouvez-vous décliner vos noms prénoms surnoms sans rire Et vous ? Vivez-vous de fadaises et de lettres volées Et vous ? Connaissez-vous l’issue de votre destinée Et vous ? Tombez-vous à tous les coups du mauvais côté Et vous ? Continuerez-vous après votre disparition de vivre dans le titre d’un livre échangé Et vous ? Serez-vous monsieur Plume ou le fleuve caché Et vous ? Serez-vous ce silence que d’autres meubleront Et vous ? Écrivez-vous parfois la liste de vos premières fois Et vous ? Hasardant vos ruptures dans la continuité Et vous ? Nourrissez-vous vos nuits de lignes d’Insomnie Et vous ? Sable mouvant des ronces des lierres et des orties Et vous ? Fourmilier du grand llano tatou du charango Et vous ? Crevez-vous d’un cancer ou bien d’indifférence Et vous ? Sautez-vous dans le vide de cette espèce d’espace Et toi ? hypocrite lecteur mon semblable ma sœur
MILLE ET UN FRAGMENTS DU LIVRE D’UNE VIE COMMENCÉE LE 24 MARS 1945 ET QUI SE TERMINERA UN JOUR UNE HEURE…DANS L’INACHEVÉ (work in progress)
LA NUIT TOURNE SES PAGES
trois fragments d’une vie en cours d’écriture
673 LES MOTS DÉBORDENT Je les retiens Les mots du bord Qui crient détresse Je les contiens Les hache menu Trois feuillets par nuit Trois poignées de sable Pour ce dictionnaire Où l’imaginaire Sans fuir dans les mots faciles Tient tête au réel
674 L’ATELIER DE POÉSIE On s’amusait dans l’atelier Sans hâte liés aux mots aux gestes qui nous multipliaient Aux grandes feuilles collectives Aux petits carnets de nos secrets Je te donne euphorie Tu lui donnes promesse Elle murmure boa Ou peut être bois Et la magie opère Il faisait un temps de poèmes Et la saison semblait éternelle
675 LA GRANDE OURSE secoue son collier D’où se détache la Croix du Sud On entend un éclat de trompette venu du Bœuf sur le Toit Un cri nu sur la toile L’oiseau sort d’une goutte de sang La nuit tourne ses pages
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
LE LIVRE D’UNE VIE EN MILLE ET UN FRAGMENTS
UNE FOIS N’EST PAS COUTUME j’écris ma page A4 « à l’italienne », en regardant les dernières nouvelles du monde qui défilent sur LeMonde.fr, passé minuit, au rythme des minutes 00.15 Les sorties cinéma de la semaine Avatar/Poet/Corsage/les Années super8/in viaggio 00.36 New York va interner de gré ou de force les malades mentaux (en cause 9 homicides commis dans le métro, le dernier causé par Martial Simon 61 ans schizo qui a poussé sur les rails à la station de Times Square Michelle Alyssa 40 ans déchiquetée) 01.01 Angelo Badalamenti compositeur fétiche de David Lynch (bande originale de Twin Peaks) est mort à l’âge de 85 ans 01.10 Quotas de pêche : les États Européens rechignent à protéger l’anguille et d’autres poissons menacés CHANGEMENT DE PERSPECTIVE Je quitte le monde qui souffle et souffre pour la revue ESPRIT la bien nommée J’ai cette fois sous mes yeux une palanquée de livres avec la photo de leurs couvertures et les chroniques des correspondants d’Esprit. Me voilà séduit par les extraits d’un texte dont la lecture transmigre dans nos vies, via quelques détails ténus qui essaiment à la façon du clinamen, ces atomes obliques épicuriens, nous incitant à écrire nous-mêmes ces fragments de notre propre quotidienneté, celle que notre amateur de néologismes nomma à propos, les biographèmes. 1 Ça tombe bien, moi qui à la suite d’un dictionnaire à part moi, publié cet été, poursuis l’écriture du livre d’une vie divisée en mille et un fragments. 01.30 À l’Assemblée adoption du budget en nouvelle lecture après le rejet de la motion de la France Insoumise 01.56 Soumise à la « terreur énergétique » l’Ukraine obtient une nouvelle aide de ses alliés.
1 Roland Barthes Le plaisir du texte
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
ON OUVRE UN PETIT LIVRE

manuscrit premier jet en passant à l’écriture clavier (ci-dessous) le texte a été dégraissé
« ON OUVRE UN PETIT LIVRE ON TOMBE SUR QUELQUES FRAGMENTS, tout à coup on s’aperçoit que ces fragments, on aurait pu les écrire, on se retrouve en eux et, à chaque relecture, on éprouve le même bouleversement, la même surprise inépuisable » 1 Chaque nuit entre deux sommes, on vogue toujours et encor, vers l’île d’un poème incertain, tournant et retournant nos feuilles d’encres pourpres dans la colère ou les ivresses pénitentes 2 On ouvre un opuscule au hasard, on tombe sur un empereur de l’ancienne Chine qui a tout abandonné, l’ivresse du pouvoir et ses palais, pour, dans le secret, écrire un livre et construire un labyrinthe, sans penser qu’un livre en construction doit avoir les mêmes lois que celles du labyrinthe, il faut prévoir les moyens d’en sortir, sinon c’est le chaos. Le cas est présenté dans la nouvelle intitulée Le jardin aux sentiers qui bifurquent : Le jardin aux sentiers qui bifurquent est une énorme devinette ou parabole dont le thème est le temps, cette cause cachée qui interdit la mention de son nom. Omettre toujours un mot, avoir recours à des métaphores inadéquates et à des périphrases évidentes, est peut-être la façon la plus démonstrative de l’indiquer. » 3 Ainsi ce fragment 624 que l’on vient d’écrire comme une suite ou un pied de nez au défi borgésien (le lecteur jugera) : Tu n’as ni royaume ni cheval Mais ce minuscule oiseau au bec de plume qui vient la nuit te visiter et te permet sur le papier de murmurer tes petits secrets. Ou bien, cette autre amorce d’un texte qui fut publié par un éditeur de la rue Racine à deux pas du théâtre de l’Odéon : Tu as perdu le compte des jours mais pas des nuits Ces nuits où pas à pas tu grapilles un peu de cette éphémère existence que par un tour de passe-passe tu as réduit à Une minute d’éternité 4
1 Gustave Roud 2 Rimbaud (Voyelles) 3 Borges 4 Dorio (Librairie-Galerie Racine) 2008
