ÉLOGE DES INSOMNIES

ÉLOGE DES INSOMNIES

Je peuple mes insomnies de lectures et d’écritures éclairées par les nuits qui nous transfigurent. Il est vrai que ces séances de nuit que j’ai toujours pratiquées, ont été libérées dès que j’ai pu jouir de ma « retraite », sans me préoccuper de l’heure à laquelle « j’émergerais » de mon sommeil le lendemain.

Ainsi en cet instant, au milieu de la nuit, je lis lentement, très lentement, le chapitre « Rêver de dormir » d’une philosophe enseignant à la Sorbonne. Elle me donne une citation de Jean Jacques Rousseau dont je vais faire florès : C’est la nuit dans mon lit et durant mes insomnies que j’écris dans mon cerveau.

C’est la nuit dans mon lit que ma plume écrit au ralenti.

C’est la nuit dans mon lit que je prends tout mon temps pour lire et surtout relire mes livres culte.

C’est la nuit dans mon lit que je nage à contre-courant d’une société obsédée par la performance et le désir puéril de se montrer toujours d’attaque.

C’est la nuit dans mon lit que je recopie des phrases énigmatiques qui, je ne sais pourquoi, me font signe : L’ennui est l’oiseau de rêve qui couve l’œil de l’expérience.

C’est la nuit dans mon lit que mes yeux peu à peu se ferment et que je clos ainsi ces instants précieux par cette phrase rituelle : À demain les affaires.

LES BESOINS ÉLÉMENTAIRES


J’ai besoin de lire des lignes
de poètes pouets pouets en ligne

J’ai besoin d’écrire des lignes
qui bêchent sarclent et qui vrillent

J’ai besoin de lire et d’écrire
le grain des mots et leur farine

J’ai besoin de moments digne
d’une vie arrivée au port

J’ai besoin de recueillement
de colliger les traces de mes insomnies

J’ai besoin de ne pas abandonner
Mes poèmes à leur sort

Et de compter sur eux
Au-delà de ma mort

25 avril 2023

ma lecture du 30 avril 2023 à 11h00 pile

LES BARRICADES MYSTÉRIEUSES

Pas une nuit sans réveils obligés
Comme des passages de rêves
Dans la réalité

Le lit est entrain de flotter
Ou de brûler ses dernières cartouches

Hiéroglyphes mystérieuses des insomnies
Comme Couperin le compositeur 
Dressait ses barricades


(à écouter ici)


UN ROMAN FEUILLETON à la noix de coco 29,30,31





vingt-neuf

DANS CE ROMAN À L’INVENTIVITÉ DÉBRIDÉE, les méprises, les ratages, les confusions faisaient florès : des « boniments à la noix de coco », (une incise « proustienne ») côtoyaient les paraboles sur la chute, provoquant le rire de Monsieur Bergson, une chanson de rien de rien, où l’on repart à zéro, l’inspiration buissonnière qui nous fait imaginer, en sortant de l’école, un chapitre nouveau aux Illuminations, le souvenir d’une procession de Semaine Sainte à Séville, où un mécréant jeta un petit chat sur le cortège (immédiatement et rudement arrêté par les tricornes de la Guardia Civil)… et le reste.

Dans ce roman à portée de main de toutes les insomnies, et dont les pages s’ouvrent toutes seules sur nos plus belles fantaisies.





trente

DANS LA NUIT JE PERDS LE FIL de mon roman feuilleton.

Suis-je victime des feuilles de poésie arrachées à l’automne ?  

Dans la nuit, innocent, qui roule son langage dans du papier tabac.

Je rallume cet arbre qui semble brûler éternellement et que l’on nomme le flamboyant.

Dans la nuit où un loup maintenant s’introduit, le loup Alexandrin en quête d’Alexandrine.

Mon feuilleton reprend, avec cet enjouement, des voix de marquises qui tenaient salon dans les livres.

Dans la nuit qui échappe à tous mes lecteurs. (une phrase inutile ?)





trente-et-un

POURQUOI CHERCHER MIDI À QUATORZE HEURES ?

Midi le juste y allume ses feux

Pourquoi chercher à voir les yeux fermés ?

Cansous vos poguetz ir por tot lo moun

(Chansons vous pouvez traduire le monde)

Pourquoi lire encor des vers inintelligibles

La lutte du déca et de l’alexandrin ?

Un courant d’air passe alors sur ma page

                Il touche à mes lignes

La mer est amère

Un cheval soudain s’y promène

Il hennit Nini

La perte du temps

Je me souviens que tu jouais Dolly

Cette pièce pour deux petites filles

Composée par celui qui par hasard

Naquit près de mon village natal

À l’accent rocailleux

                Un goût de cendres sur la langue

                                Je te dis Adieu





évocations Paul Valéry, un troubadour, Gabriel Fauré, Reverdy.

L’ARC ET LA LYRE





Bajo tu arco la noche duerme

Velan tus brasas

Octavio Paz





 Sous ton arc dort la nuit dort

Veillent les braises

(ma traduction)





La nuit me tend son arc

El Arco y la Lira

Echos de Paz

Le bien nommé





L’arc et la lyre

La flèche de Zénon d’Élée

Qui vole immobile

Et la lyre d’Orphée

Qui fait danser les Muses





Paix aux mille soleils des insomnies

Litanies des commencements

Épiphanies des songes

Pierres vives où l’on grave nos chants