UN COURT INSTANT

Un court instant
Court mon poème
Il est nouveau
Il est ancien
Il est hors temps
Il est l’instant
Où l’on tisonne
Des mots de feu
Des mots de cendre
On ne sait pas

L’homme est d’argile
On se souvient
Du presque rien
De Frère Humain
De Sœur Fragile

Un court instant
Hors cogito
Je ne suis pas
Celui qui pense
Je suis la passe
de ce poème
Qui par à coups
A pris son temps

JE SUIS ET NE SUIS PAS


JE (multiple et singulier)
variation 3






Les formes de ma vie sont ainsi entrées les unes dans les autres.

Chateaubriand





Je suis et ne suis pas

Ces signes sur la page

L’instant ouvert au monde

Ce va-et-vient de mer

Dans la rumeur des vagues

Et le murmur des mots

Que l’on dit fondateurs

Tous proches du silence

Dans le Secret des Marges





Je suis et ne suis pas

Cet océan qui flotte

Les sphinx volants des rêves

Le bouclier d’Orion

Le bon alexandrin

Coupé en deux fleurant

Le son d’un parchemin

Les  rimes de Verlaine

Et d’Hugo réunis





Je suis et ne suis pas

Un pantoum négligé

Les formes sur la feuille

Qui nous métamorphosent

Les îles ignorées

De l’ode et de l’épître

Les pavés sous la plage

Dans le beau mois de mai





Je suis et ne suis pas

Ni moi-même ni un autre

À la fin de la pièce

Comme un dernier baiser





Italiques Hugo, Verlaine

Secret des Marges

JJ DORIO

Ed Rafael de Surtis (2011)

LA PREMIÈRE CIGALE

espontaneo

LA PREMIÈRE CIGALE





Cigarra dichosa tú     Federico García Lorca





La première cigale me remue le cœur

Tu n’es plus là pour partager cet instant précieux

qui ouvre une nouvelle saison d’été

Mais que tu ne sois plus là

N’ôte en rien le fait que tu as été

Ma main l’écrit et à ma manière

te métamorphose

En cette cigale qui sur mon olivier

Marie l’éphémère à l’éternité





mardi 23 juin 2020 10h du matin

cigale timide et voix de l’auteur

MAIS D’OÙ TU PARLES MADAME POÉSIE ?

 


Si la poésie te parle un instant tu ne sais plus qui tu es
la poésie de l’instant c’est son présent
pur don offrande aux frères humains et aux sœurs lustrales

La poésie se tait aussi mais ne renonce pas
le regard embrassant un arbre suivant un insecte un oiseau
et si les mots se présentent il ne faut pas les manquer

La poésie ne sait pas ce qu’elle va découvrir dans sa quête inlassable
c’est le chemin qui n’existe qu’en le faisant
c’est cette ligne qui sans ses lecteurs s’enfonce dans le néant

La poésie naît d’un manque de l’existence
et meurt de la prétention de l’avoir aboli
dans une œuvre vouée aux honneurs

La poésie si elle n’est pas une expérience de vie et de pensée
sans cesse remise à zéro
n’est que la mer morte où agonise le soi-disant faiseur de poésie
 

















texte Jacqueline Saint Jean
page composée sur papier kraft
format 14x10cm
Dorio
19/05/2017