CHAQUE NUIT UN POÈME

Chaque nuit un poème

Comme franchir le guet

Pierre à pierre vers à vers

À Saint-Gilles à Vauvert

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Chaque nuit le désir

L’essence même de l’homme

Sur les pages de l’Éthique

Pour ne pas perdre la boussole

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Encres vives plume folle

Chaque nuit voit ma pomme

Cheminer dans le labyrinthe

D’un monde de rumeurs

Où je suis de plus en plus

absent

FAIRE ROMAN

Les histoires n’arrivent qu’à ceux qui sont capables de les raconter a dit je ne sais plus qui

Un jour peut être quand j’en aurai fini avec mes exercices poétiques je ferai du roman

avec plein de drames et de rebondissements

J’enfermerai mes personnages dans un labyrinthe d’incertitudes

à Paris les années paires

à New York les impaires

Ce sera un roman qui n’en finit pas comme ce commencement écrit de bonne foi à la mi-juin de cet an 2024

(Un roman dans lequel cependant réflexion faite j’hésiterai à me lancer car dixit ceux que l’on nomme les écrivain.e.s croire au pouvoir des livres de fiction submerge tout le reste et en comparaison notre propre vie se rapetisse au point à la fin du parcours de tendre vers zéro)

JJ Dorio

Martigues 15 juin 2024

ICI JE ME TIENS

ICI JE ME TIENS

J’ay un dictionnaire tout à part moi Je passe le temps…quand il est mauvais et incommode Quand il est bon Je ne veux le passer Je m’y tiens Montaigne   -Alors qu’est-ce que t’as écrit cette nuit ? – Cette nuit j’ai rempli la pénultième carte cartonnée de couleur bleue de notre série : Alors qu’est-ce ce que tu as écrit cette nuit ? Cherchant comme toutes ces nuits-là, à mettre en forme l’informe qui traverse mes écrits, le tout d’un lieu unique où je puis écrire sans barguigner « Ici je me tiens ». Je me tiens alors que tout autour de nous semble se défaire, le climat, la planète, la politique et jusqu’à ce retour insensé de la guerre en Europe. Violence des images et douceur du papier Livres livrés au gros sel sur les plaies Le sable de la haine dans les yeux de ceux qui alimentent les réseaux asociaux Ici contre vents et marées où je fais mes gammes pour tenir droit (La Gamme en forme de petit opéra fut composée par Marin Marais en 1723, à l’âge de 67 ans.) Ici, en ce jour dernier de mai 2023, en sursis de rêves perdus et soudain retrouvés dans un mot que je déclinais jadis naguère en 4 recueils de 16 pages A4 * pour 4 lecteurs, comme l’on dit des chats, Reconnaissance du Paradis, le jardin clos des persans qu’ils nommaient paridaisa. Ces quatre recueils dont j’aurais voulu faire un gros grand livre et ses trésors de labyrinthe en utopie, inépuisables allégories comme une partition musicale aléatoire et combinatoire, comme un tableau monotype ou la non-figuration nous emporte dans les sous-bois des pré-textes, sous-textes, hors-textes. Hasards en lutte avec Harmonie. Un gros grand livre sur et dans ma tête en vision simultanée, réduit maintenant à cet exercice dérisoire, ridicule, atypique, écrit sur une feuille de filtre à café, mais « suffisamment pour ouvrir les yeux », à ceux et celles qui aiment le désordre des signes en rotation, qui creusent labyrinthes, jardins, éphémères paradis. « Présents de Paradis », « Éphémère Paradis » « Lector in Paraiso », « Petites feuilles de Paradis » Encres Vives (collection Encres Blanches) Jean Jacques Dorio

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

LA TRAVERSÉE DES VOIES PÉRILLEUSES

CETTE CINQUIÈME CARTE DORÉE je ne l’ai pas écrite puisque je l’ai imaginée les yeux fermés Maintenant je m’y mets je m’y colle sous la lampe mais aussi j’ai vu en me levant pour mes besoins élémentaires une faible lueur non celle brillante et rosée qui a pour nom l’aurore mais la blanche encore grise : l’aube indécise et voilée, l’aube affaiblie de Verlaine qu’il confond avec la mélancolie des soleils couchants Cette cinquième carte dorée, laurée comme le crâne des poètes honorés d’une couronne de laurier Et me voilà de fil en aiguille hivernant dans ce passé de Jean Bouchet (1476-1557) « le traverseur des voies périlleuses » (c’est ma fille qui me l’a enseigné) Entre profane et sacré, Jean Bouchet, procureur poitevin de profession, se dévoile comme passeur, traverseur, éclaireur du labyrinthe d’un monde secoué par l’humanisme naissant Moi qui ne l’ai pas vraiment étudié, en lisant ses épîtres, je nage en plein bonheur de mes anachronismes, le labyrinthe, les voies périlleuses, les traversées dans un désert poétique qui associe prose et vers, l’ombre portée des Grands Rhétoriqueurs, la rhétorique encomiastique*, les triomphes de la noble et amoureuse dame, où notre auteur du XVI° siècle substitue, dit une étude, la modération, la juste mesure à une rhétorique de l’excès ornemental Un éditeur voyou (ils l’étaient tous à cette époque) publia des pièces de Bouchet qu’il affubla d’un autre nom Le poète juriste en colère fut le premier à intenter le procès d’un auteur contre son éditeur Plusieurs ont dit ainsi comme j’entends Que je perdais à rimasser le temps Mais telles gens ne savent par quel guise Le temps les jours et heures je divise Si j’empruntais en trente ans le séjour Pour composer une seule heure par jour Ne font pas grands le temps et les demeures De dix fois mil neuf cent et cinquante heures ? (je signe cet extrait de Bouchet…les yeux fermés) 1 rhétorique encomiastique : qui concerne la composition, l’écriture ou la prononciation d’éloges (cette poésie d’éloges écrite dans des épîtres se terminait le plus souvent par une demande de soutien du pauvre « poète dépourvu » : lire « les épîtres de requête de Roger de Collerye (1468-1536)