MA MAIN D’ÉCRITURE

S’aventurer encore une fois avec sa main d’écriture écrivant noir sur blanc sur un carnet petit format

Il faut une main pour créer un langage singulier pour contrarier le cours des choses qui ne vont pas de soi

Intelligente et bête quand elle écrit les fadaises que l’on entend dans les médias

Communicant sont goût des lettres choisies avec soin ou fantaisie jouissive

Philosophe aussi si elle veut bien se frotter  aux poreuses apories

Ma main dessine dans la nuit les formes qui me lient au texte en fragments contradictoires mais résolus à figurer jusqu’au b(o)ut les contours d’une vie

JE PERDS LA MAIN

Le vide est plein de choses

Le problème c’est qu’on ne les voit pas

Enrique Vila-Matas

Je perds la main

Sur mon poème

Qui résonne en vain

Sur des objets ordinaires

Un pot de fleurs

Une panière

L’eau et le pain

Le sel des choses

Et leurs couleurs

Et plus encore

Ce que naguère

On appelait

Leur Beauté

Perdue inexorablement

Poème inspiré par

l’exposition au Canet de

Bonnard et la poésie d’un objet ordinaire

Bonnard peintre heureux

Qui fait chanter les couleurs

Bonnard peintre mystérieux

Qui ouvre les fenêtres

Des représentations mentales

Des choses…

Vence 15 août 2024

LÉGÈRETÉ

Léger le trait la main légère qui suit le cœur au ralenti

Le souffle presque éteint mais qui reprend
Comme un feu couvant sous la cendre

La vie oblige à maintenir la flamme vive
Fût-ce une étincelle
La flamme d’une bougie de l’espèce fabulatrice 1

Le trait léger la main qui essaie le souffle qui se maintient

La notion de capabilité

L’invention d’une écriture présente et de passage,
vulnérable, inachevée, et sans colère

Allez rien n’est meilleur à l’âme
que de faire une âme moins triste 2


1 NANCY HUSTON 2 PAUL VERLAINE

manuscrit page de gauche

SISYPHE





Sur mes poèmes et autres écrits, comme celui-ci commençant, j’ai toujours la main. C’est dire, sans forfanterie, ma manière d’écrire sur le papier.

               Et pourtant il y a si longtemps que ma main écrit, depuis Mai 68, mes temps intempestifs, jusqu’aux temps d’aujourd’hui plus tempérants.

               De mes premiers printemps pleins de sèves jusqu’aux cheveux de neige du vieil enfant qui toujours ajoute une pièce dans le jukebox des poèmes sans fin.

               La main sur le papier lève toujours quelques paroles et murmures de personnes qui jusqu’à présent m’ignorent et de celles, l’immense minorité,  qui me sont proches et qui me lisant tentent de me dire ce qu’elles ne m’ont jamais dit.

               N’attendez pas le cimetière  Pour m’éclairer par vos paroles issues de vos nuits blanches Signé Sisyphe