ET MAINTENANT CHERCHE TA V(O)IE

MAÎTRE & MAÎTRESSE Il n’y a pas de meilleure manière d’arriver à prendre conscience de ce qu’on sent soi-même que d’essayer de recréer en soi ce qu’a senti un maître John Ruskin (1819-1900) traduit par Marcel Proust (1871-1922) Je n’ai pas eu la chance d’avoir un maître en chair et en os (carne y hueso) qui m’aurait formé, donné une colonne vertébrale Je n’ai pas eu la chance d’avoir été initié par cet homme qui aurait pu être cette femme que par admiration j’aurais imité avant de voler de mes propres ailes selon l’expression consacrée Je n’ai pas eu la chance d’avoir rencontré le divin alchimiste qui à la fin de sa Leçon inaugurale m’aurait amené devant l’entrée du labyrinthe et m’aurait dit : Et maintenant cherche ta v(o)ie !

dans le labyrinthe : maître/maîtresse/anamorphoses/etc

CE QUE N’EST PAS UN POÈTE

CE QUE N’EST PAS UN POÈTE (suite sans fin)

Un poète n’est pas un marteau sans maître
Un poète n’est pas un maître des horloges
Un poète n’est pas un allumeur de réverbères
mais il s’y pend parfois ridiculement (selon Mallarmé)
Un poète n’est pas un polisseur de lentilles
Un poète n’est pas un chasseur aux aguets
(un peu tout de même)
Un poète n’est pas une coulure de Jackson Pollock 
Un poète n’est pas un Illuminé qui se noie dans la flache du Sieur Rimbaud
Un poète n’est pas un petit cheval ariégeois de Mérens dessiné dans le salon noir de la grotte de Niaux
Un poète n’est pas un sourd qui parle aux muets
Un poète n’est pas un spoil à gratter
Un poète n’est ni ange ni pource
Un poète n’est pas la mère la mer toujours recommencée
Mais peut-être devrait-il
Mais peut-être devrait-elle


SONNET SANS DIEU NI MAÎTRE





À Jean-Louis Rambour un maître en la matière

Lisez ses 24 sonnets publiés dans son roman

Le cocher poète, Éditions L’Herbe qui tremble.





Chaque être s’enchevêtre, de lui-même incompris.

Il n’a ni Dieu, ni Maître, mais rêve d’infini.

Il forme le dessein de lutter pied à pied,

Mais la raison l’égare et la rime le fuit.





C’est le texte qui crée sa propre rhétorique,

Lisait-on dans les temps des odes inachevées,

De la chèvre à la boue, du lézard à la barque*,

On patauge dans les choses de pays ignorés.





Modernes anti modernes, nos obscures lumières

Bricolent et houspillent les vieilles vieilleries.

Sous douze pieds de vers comme des mouches vertes,





Partout dans l’Univers des atomes obliques

Engendrent tous ces signes qui nous rêvent éternels.

Chaque être se libère de ses mimologies.





*Francis Ponge





« Merci, Jean-Jacques, pour ce sonnet. Pour ce pied de nez (respectueux) aux vieilles vieilleries.

Je me souviendrai de lobliquité des atomes et de la libération de nos mimologies.

La rime ta fui ? Cest normal. Sans Dieu ni Maître, le sonnet ne peut plus être ce quil a été ».

Jean-Louis Rambour

sonnet sans dieu ni maître