LA CENSURE DÉFIÉE PAR UN IMPROMPTU ÉCRIT DANS LE JARDIN DE L’ÉTÉ

tel quel premier jet




LA CENSURE DÉFIÉE PAR UN IMPROMPTU ÉCRIT DANS LE JARDIN

Cinq siècles après comme le bon Marot,

Me voilà moi aussi dans ce petit jardin,

Que j’ai recouvert d’arbres, de haies,

de fleurs qui sentent l’été et d’une vigne

qui monte sur la pergola,

qu’un ferronnier m’a posée.





Loin de toute fausse querelle qui sature

l’espace public, de ceux et celles, qui pour exister,

ont besoin chaque jour de chercher noise,

mais sans crainte, encore heureux, que l’on vienne,

pour mon athéisme, me persécuter.





Et cependant préoccupé comme le fut Clément,

par l’avancée irrésistible de la Censure,

avec ses alliés historiques qui se renforcent

au vent mauvais des « passions tristes » :

les chefs d’état nationalistes et sans contrôle démocratique,

les Religieux qui lisent leur texte sacré, comme si c’était vrai,

et les fanatiques qui font de leur cause

la négation de tout Universalisme.





J’oublie. Une cigale maintenant résonne,

et me somme de me remettre à filer mes vers :

C’est cette activité sur « soy-mesme », me dit Marot,

« qui fait à l’homme, heureuse vie avoir ».





20/07/2020

DESSOUS DE TABLE ET DU DESTIN

tel quel dans la nuit du 12/07/2020
Dessous de table et du destin.
À un détail près,
Déterrer les vieilles histoires
N'est pas bon pour la santé.

Au détour d'une fiction de Borges,
On allume la lampe d'argile de l'imagination,
et l'on se retrouve sur une planète 
née de "la conjonction d'un miroir
et d'une encyclopédie",
parcourue seulement par dix-sept lecteurs-
lectrices comprises.

Devises de père en fils :
Jean Marot, Rhétoriqueur :
Ni trop ni peu
Clément, Prince des poètes
La mort n'y mord

Dévoiler, agiter ses mots, éloigner ses maux,
comme un beau diable.

Dictées de nuit. 
Je n'écris jamais ce que me dicte la conscience passée.
Ni la bouche d'ombre.

Mon dictionnaire à part moi, ignore l'ordre de l'alphabet.

Ma plume s'arrête là, faute d'espace,
mais nous n'avons pas fini tous deux,
de nous étonner.




LETTRE PRENANT LE CHEMIN SÛR DEVERS LE BON CLÉMENT MON FRÈRE





Lettre mal faite et mal écrite

Vole de par cet écrivant

Vers le plus noble Clément

Qui cinq siècles après est vivant





Pour Clément Marot

Et Pauline Dorio

dont le livre

« La plume en l’absence »

« Le devenir familier

de l’épître en vers »

Paraîtra

Quand Seigneur Corona

Le permettra





Tu es né à la fin du XV°

et moi à la mitan du siècle XX

Ça nous fait une belle trotte de différence

Et pourtant me voilà t’écrivant d’accointance

Toi le non pareil des mieux disant en vers

Moi que l’époque ou peut-être le non talent

A relégué aux portes de la N.R.*





Mais ami Marot tu ne peux pas savoir

Comment seul dans ma couche

Je suis heureux

De lâcher ainsi la bride à ma plume

Allant me répétant :





Tu es le seul vivant asteure

À tenir la gageure

de t’adresser à Maître Clément





Ainsi s’avance cette épître écrite sans trop d’égard

Aux règles que tu inventas peu à peu

Passant du courtisan aux lettres familières

« Au Roy des François pour le délivrer de prison »

« Aux dames de Paris » « À ton ami Lyon »





Je t’écris de Provence

Pays béni des troubadours

Où le cœur en ballade

D’un mot l’on fait cent**





J’avance sur ma nef fragile et je rame

Étonné amusé libre de toute demande

Aux princes de ce temps

Qui règnent sur les Lettres

Prises dans les glaces de l’unique roman

Poèmes et poésie ils s’en fichent les bougres

Toi ce fut au contraire des demandes sans fin

« Faute de pécune » mais jamais au grand jamais

Tu ne te permis de quémander

En tordant le bâton du déshonneur





Ton père il est vrai t’initia aux subtilités

Du bon rhétoricien qui savait composer

C’était son ars nova dont tu feras tremplin

Pour t’en aller créant tes nouveautés

Sonnets églogues épigrammes

Et tes épîtres que ma fille Pauline

Connaît sur le bout de ses dix doigts









Mais foin du catalogue sérieux que tu connais

Ce qui me plaît encor et qui n’a pas bougé

Ce sont tes engouements badinages étrennes

De mots plaisants gaillards facétieux

Tout ce qui hérissait cagots et sorbonnagres

Qui te le firent durement payé





Tu mourus en exil pour n’être pas brûlé

Mais le cœur mis à nu tu sus tenir le cap

Le cap que dis-le le timon

Ta main ouverte sur Amour

Ton guide sûr

dans la fête ou la défaite

Et en tes batailles exaltées

pour Justice et pour Paix









J’arrête là ma louange

Pardonne- moi pour cette trop longue  laisse

Pleine de prose et de maladresses

Mais avant que je ne te perde

Je vais encor te citer

Bien écrirai encor autre chose

Mais mieux me vaut rendre ma lettre close

Close peut-être mais toujours à réinventer





Ainsi merci

Et mille fois te remercie

D’avoir permis à Dorio

Humble facteur ès lettres et mots

De poursuivre à sa manière

Rimailles et ce blason éternel du bon Marot

            La mort n’y mord





L’amour y garde son mystère   

Voilà pourquoi cet écrit je t’adresse









*Non Reconnaissance

** « Eu m’o escount en rizen

E’n deman per un mot cent »

Peire Vidal

Je t’écoute en riant

Et d’un mot j’en fais cent

JJ Dorio dont la maman naquit Vidal





Martigues 30 mars 2020

NI TROP NI PEU LA MORT N’Y MORD

Clément et Jean Marot
Pauline et Jean Jacques Dorio
manuscrit premier jet
entouré d’hypnographies




à Pauline Dorio

ma fille qui sur la question

en connaît un rayon





Ni trop Ni peu

était la devise de Jean son père

Clément choisit

La mort n’y mord

On regrette qu’il n’y eut point de troisième poète

dans la lignée des Marot

Une fille pourquoi pas de préférence

La belle Flora

Belle flour a





Ailleurs il nomme sa dame

Ferme Amour

Un oxymore vénérien

Mais qui n’a rien à voir avec la maladie

Il s’agit bien sûr de vénérer la déesse Vénus





Ainsi est venue cette page

Songeant au beau page cadurcien


	

QUE SAIS-JE ?

 
Je sais que je ne sais rien
 
Je sais qu’on appela la guerre de 14 la grande boucherie
Je sais que la littérature sans estomac est un livre de Pierre Jourde
Je sais qu’il ne faut pas couper les cheveux en 4
Mais les vers si
 
Je sais réciter par cœur ma bohème et le dormeur du val
Je sais faire cuire un loup à la plancha entouré de gros sel
Je sais que Clément Marot avait pour blason
la mort n’y mord
 
Je sais bien, mais quand même…
 
Je sais ma commère qu’il vous faudra purger de quatre grains d’ellébore
Je sais que c’est Michel habitant de Montaigne qui le premier écrivit
Que sais-je ?
Je sais que kalè k’agathè zôè signifie
une vie belle et bonne
 
Ce que je sais ce qui est mien c’est la mer indéfinie*
 
Je sais que Ponge a écrit le savon :
dont nous sortons d’ailleurs les mains plus pures
 qu’avant le commencement de cet exercice
 
Je sais qu’il y a loin de la coupe aux lèvres
Je sais qu’on ne peut courir deux lièvres à la fois – quoique !
Je sais que la voix de ma bien-aimée est plus douce que le chant des étoiles **
Je sais que l’ennui naquit un jour de l’uniformité***
 
Je sais bien que dans le lit à mes côtés
tu n’es plus là
mais quand même
je n’y crois toujours pas
 
 
Je sais qu’il n’est pas sûr qu’Ève soit née de la côte d’Adam
Je sais que certains exégètes traduisent
Ève naquit à côté d’Adam
 
Je sais je songe je neige je nage je passe la page
de cette dernière nuit d’été
à ceux qui ont été
à celles qui naissent de l’écume
des nuits transfigurées
 
 
 
*Henri Michaux épreuves exorcismes
 ** Norge le vin profond
 *** Antoine Houdar de la Motte les amis trop d’accord