UNE ENFANT NOUS EST NÉE

Cette nuit sur la plage

La mer a apporté

Une nouvelle née

Sel et sable mêlés

Sur sa bouche qui s’ouvre

Aux premiers cris de sa présence

Cette nuit sur la page

Une enfant nous est née

On sourit on exulte

On lui donne un nom

Comme la chair d’un mot

Qui va la désigner

Toute son existence

On lui donne l’Amour

Sans qui l’enfance

Fragile et vulnérable

Ne peut accéder à la vita nuova

On la berce on la lange

Notre petit ange

L’enfant do

Qui au son de la voix de sa mère

Fait son premier dodo

J’ÉCRIS VIDAL

En pleine nuit midi 
J’écris d’un coup de tête
Sorti du ventre de ma mère
En pleine nuit Je dis Oc
Ma langue d’origine
J’écris dans le sillage
du troubadour Peire Vidal
Le nom porté par ma branche maternelle
Je forge ce poème maladroit
Mais vivant et têtu
Dans ce verbe trobar
Qui célébrait les Dames
et l’amour de Courtoisie
En pleine nuit midi
Ses douze coups
Qui vibrent dans la tête
D’un troubadour perdu

Jean Jacques Dorio À sauts et à gambades Encres Blanches 402 janvier 2010

DES LIGNES DE GRATITUDE

Des lignes de gratitude
J’en ai beaucoup à gratter
À la plume sur le papier

Pour les vivants et les morts
Et d’abord pour mon épouse
Qui fut vivante jusqu’à sa mort

Pour mon père que je n’ai pas tué
Et ma mère que je n’ai pas épousée


(S’ils me lisaient
la référence au mythe d’Œdipe
leur manquant
ils seraient quelque peu désappointés)

Pour mes filles et leurs rejetons
Qui me prolongeront


Pour mes lectrices et lecteurs
Aussi rares que précieux

Pour les bonnes rencontres
D’amies et d’amis perdus
Et parfois retrouvés

Pour les livres de ma librairie 1
Et plus précisément
Ceux que je fatigue sans cesse


Ce sera tout pour aujourd’hui
Premier jour du printemps
De l’an deux mille vingt-quatre

1 ainsi Montaigne nommait notre bibliothèque

des signes de gratitude hypnographies du 26 mars 2024

À L’AIDE





À L’AIDE 


J’ai aidé mon père à faire vêler ses vaches
J’ai aidé ma mère à planter ses salades
J’ai aidé le poète à tailler sa plum’ d’oie
J’ai aidé l’imbécile à regarder la lune
(et pas son doigt)
La liste n’est pas close
Lecteur aimant les choses
à faire pour aider
Tu peux la compléter

VOUS NE POUVEZ PAS SAVOIR COMBIEN ELLE EST BONNE

VOUS NE POUVEZ PAS SAVOIR COMBIEN ELLE EST BONNE ! C’est ce que j’ai envie de crier à mes derniers amis (et amies) en sortant de l’eau de mer ce premier octobre fin de journée La mer la mer où l’on s’ébat où l’on s’arrête à l’écart faisant la planche où l’on se penche paresseux mi-philosophe mi-mollusque Paul Valéry Tu ne peux pas savoir combien elle est bonne ! C’est à toi seule que j’ai dit souvent ça Tu me tendais une serviette en riant en me disant petit fada Tu n’es plus là Tu es la mère en allée avec le soleil noir de sa nuit définitive Lourde est la charge qui m’incombe de poursuivre jusqu’à ma mort et dans un temps paradoxal (intermittent, discontinu) ton souvenir…Lourde et légère aussi