FACE À L’ÉPOQUE NOIRE

                                  5

Je cherche pour finir cette série de cinq

Poèmes des espoirs face à  l’époque noire

Je cherche en marchant en tournant chaque vers

Dans le pas des poètes les majeurs les mineurs

Les Orphées enchanteurs et les Orphées qui foirent

Voulant se retourner pour voir leur Eurydice

Heureux les amoureux que leur amour requinque

Et qui chantent sans cesse dans la joie la détresse

La perte de leurs flammes en arborant leur thyrse

Leur dérisoire insigne Ils persistent et ils signent

Leurs livres sur des lèvres de paradis perdus

En paradis présents sans regrets de jadis

Présent des nostalgies dans l’inachèvement

FANTAISIES ORPHIQUES

Secrets amours

Les secrets taire

En écrivant

Ces quatre vers

Amours secrètes

C’est plus correct

La langue court

Sur le papier

Et dans la tête

Fait des calculs

De géomètre

J’entends encore

Le grain de voix

Du professeur

Faisant leçon

Sur exceptions

Orthographiques

Un ange passe

Il n’a pas d’ailes

Mais le visage

Illuminé

Par des couleurs

Quasi orphiques

TOURMENTS DE CEUX QUI FONT SONNETS JE N’AI



Tourments de ceux qui font sonnets je n’ai
Je connais bien leurs règles que j’applique
ou pas Quant au public je n’en ai pas
Ou si peu que peu me chaut de lui complaire

Écrivant méditant je ne cherche rien d’autre
Que la surprise l’éclair le trait le clou
Qui déchirent l’espace ma page qui font coucou
à Protée à Orphée et qui se rient de nous

Ainsi en ce moment couché sur l’herbelette
fictive de mon poème J’ouïs le rossignol 
et l’alouette qui jargonnent fredonnent
leurs hymnes langoureux mêlés à leurs plaintes
d’être non écoutés par leur ingrate maîtresse
qui préfère dormir paresser… ignorer leurs prouesses

avec Ronsard (Continuation des Amours)


LA NUIT QUARTIER LIBRE À LA FOLLE DU LOGIS

VIVRE DE NUIT dans la lumière de pensées au ralenti, rêves éveillés, lectures déraisonnables, écritures à la main qui transmet ce qui parle dans la tête au papier. Étendu dans son lit, tête posée sur l’oreiller, recouvert de son linceul 1 bleu, jaune ou vert. Vivre de vocabulaire vérifié, amplifié, d’étymologies, de la folle du logis à qui l’on donne tout pouvoir d’opérer sur la feuille de papier. Avant d’éteindre les feux et de piquer un petit somme. Puis recommencer. Nouvel éveil, nouvelle ballade d’Orphée qui doit aller de l’avant, sans se retourner. 1 en occitan le drap est appelé linçol selon le sens premier de linceul : petite pièce de « lin » et non drap funéraire.

sur la toile aussi on laisse aller « la folle du logis » dorio 17/11/2022

LENGA D’OC LENGA DE FUOC









Pédasser, péguer, bouléguer.

Trois verbes issus de l’occitan.

Raccommoder, coller, se bouger.

La lenga d’òc

Le parler premier de moun païre

Mon père né dans une ferme d’Ariège

En l’an 1912





Langue d’oc

Dont on l’avait persuadé

Que c’était un pas-toi !

Et qu’il dut troquer à l’école

Pour un abécédaire exclusivement en français





Mais l’occitan enraciné reprenait langue

Dans les travaux et les jours

Du petit homme

Et de celui qui accomplit sa vie durant

son destin de paysan





Moi

Unique rejeton

Né en 1945

Je fus un desparaulat

Privé de parole occitane

Mais mon oreille me l’enseigna :

les chansons du bouïè de mon papa

celles de Marti et de la veine protestataire issue de 68

puis mes lectures de Ventadour

et des autres troubadours





Troba Trouve Trouver

Camina dins lès pás d’Orfèu

E t’entornes pas !

Fais ton chemin dans les pas d’Orphée

Et ne te retourne pas !