MONOLOGUE DE PLEINE NUIT
Scène un
« Une Voix Sans Personne »
Cette nuit je suis vraiment seul
seul seul seul
Là comme un imbécile au seuil
seuil seuil seuil
de mes champs de nuit
Au vrai je suis quand même content
temps temps temps
de pouvoir le dire et de le proférer
Ferré ferré ferré
Tiens voilà le premier visiteur
qui passe et se plante au lieu de la scène
sous les sunlights cassés liquides
Drôle de type ce Léo
Capable du meilleur comme du pire
pire pire pire
Scène 2
Passe un soupir
un petit soupir discret
avec un chapeau noir
et un habit gris
V.S.P
-D’où viens-tu ?
-C’est selon ?
VSP
-Selon quoi ?
S
-Selon le vent, mon compagnon de fortune et d’infortune…
VSP
-Et ?
S
-Et cette nuit, je viens d’un enterrement…
Un vieux rêve que j’ai porté en terre.
VSP
récitant
« Cette nuit j’ai rêvé que j’allais à mon enterrement »
S
-Oui, c’est une sortie de « poète »,
quand il y avait encore des poètes
qui se réinventaient dans une vita nuova,
dans la faille d’une étoffe de soi trouée,
saltimbanques capables de susciter toutes les merveilles
et les menaces qui dorment dans les mots.
VSP
-Longue traversée du désert, patin coufin,
Trobar leu et trobar clus.
Scène 3
La litanie des Si
Si je dois renaître que ce soit dans du bois bien vert
Si je dois mourir que ce soit assis sur la fourche de mon arbre mort
(celui qui date du « temps des cerises »)
Si je dois disparaître que ce soit dans la source d’un poème
Si je dois m’éveiller que ce soit dans la fiction autobiographique
Qui porte toutes les marques de l’aventure poétique
Scène 4
JE SAIS BIEN …MAIS QUAND MÊME
Je sais bien que l’espérance d’une « poésie libératrice »
-comme on disait naguère de « l’école »-
Est morte et enterrée
Mais quand même je persiste et la pratique intensément
et en secret
Scène 5
Une Voix Sans Personne
s’immisce dans la voix d’un.e poète
né en 1907
Quand je suis né.e mon père m’a appelé René
et ma mère Renée
-ou c’est peut-être l’inverse
ils n’ont jamais été au clair sur le sujet-
Mon roi mage s’appelait André,
Comme ma reine mère, dont le « e » disparaissait,
quand on le prononçait.
Quand je suis né.e, avant les guerres,
Qui ont fait de l’Azur un carnage rougeoyant,
C’était – excusez-moi pour ce rappel obscène-
La Belle Époque !
Quand je suis né.e le peuple des prolétaires
Croyait dur comme Marx, aux « lendemains qui chantent ».
Quand je suis né.e, le coup de dés d’un poète phénoménal
s’abolissait dans le Cubisme.
Quand je suis né.e « Bergère ô tour Eiffel ! »
Porté.e par la chanson du Malaimé
et de la Maumariée…
(travail en cours)