on va bien voir
mais il est à craindre
que ce ne soit pas
un animal merveilleux
du temps où les bêtes parlaienton va voir
cet ami disparu
qui écrivait dans L’Homme
la revue d’anthropologie
on va voir Maleiwa
fabriquer avec de la glaise
de Goajira
un homme éleveur
et sa femme cheval
une jument fécondant les mythes
d’un Monde Autre
on a bien vu
on a bien fait parler le papier
cette nuit où Rêve
a chanté à nos oreilles
ces paroles venues
à cor et à cri
Jean Jacques Dorio 18/09/2023 01 :01
L'union des contrairesJe parle dans ma têteEn faisant mes caractères muetsJe parle dans ma têteComme d'autres Parlent au papierLe mien d'ailleursComme tu peux le constaterN'est pas blancC'est du papier kraftMon stylo y fait un doux bruitComme celui d'un esquif(je ne comprends
comment m'est venue
cette dernière image)
J’OUVRE UN LIVRE pour y piquer quelques lignes pour m’y perdre pour y laisser intactes ses alouettes vers l’infini et Orphée au paradis J’ouvre un livre un serpent y dormait un sonnet y tournait remuant ciel et terre de la pampa argentine J’ouvre un livre à vrai dire c’est ma vie unique à vrai dire c’est la prochaine citation le rendez-vous elliptique : c’en est fini de venir au secours des images d’hier J’ouvre un livre douleurs de l’amour doux heurts petits secrets d’abord crus puis étouffés J’ouvre un livre blanc c’est mon autoportrait ce jeudi onze mai de l’an deux mille vingt-trois J’ouvre un livre où méditent les approches approximatives d’un enfant d’un homme d’une femme d’un kiosque où les miroirs du numérique ont remplacé le papier journal J’ouvre un livre embrouillé de pages de lignes et de propos : il y a énormément d’étoiles peut-être trop J’ouvre un livre écumeux salé vagabond bruissant tournoyant navigable indigné inconstant soucieux pacifique dérobé J’ouvre un livre apparemment réel apparemment rêvé celui de ma vie unique longtemps confondue avec celle des autres Un livre de sable de calcaire et de battements d’Elle mon Alice qui dort depuis mille ans entre ses pages vierges
Sur ce magnifique papier
Je vais essayer d’écrire un poème
J’espère fermement y arriver
Sur ce magnifique papier
Un poème aux cent sujets
La terre le ciel les plantes la tombe
Le cheval l’oiseau l’animal humain
Un poème aux cent sujetsUn poème sans moi-je
Que je dise Je que j’écrive Moi
Ce n’est qu’un jeu de pronoms sans personne
Un poème sans moi-je
Personne persona un masque
Pour jouer sur scène la comédie
Faire rire et pleurer et s’en aller
Sur ce magnifique papier
Martigues 17/03/2023
Six heures quinze
J’ouvre un œil
Un jour nouveau
À négocier
J’ouvre mon blog
Un lecteur d’Haïti
A lu (c’est étonnant)
PatatratementIl fait être un poète
Un rien désuet
Pour aligner des vers
Patatratrement(Une autocitation)
On ne prête qu’aux pauvres
Ces riens sonores
Qu’affectionnaient
Les décadents
Artistes des faubourgs
Albatros déplumés
Ou bien Libres-Senteurs
Comme écrivit Henri
Ce cher Heurtebise 1
Qui « n’est plus »
Depuis le 7 janvier
Au matin
comme m'en informe en ligneClaude Vercey sur le site de la revue de poésieDécharge(J’attends toutefois
Celui avec qui j’eus
Une longue correspondance
Sa lettre de confirmation)
Six heures vingt-six
(en temps réel)
Je poursuis ce langage
Sur papier
Qui m’échappe à demi
Un mot chassant l’autre
Ou au contraire qui va s’étoilant
De quelques braises inattendues
Six heures trente-six
Merci de patienter
La suite du texte
Tarde à se télécharger
J’ai bien peur
(six heures quarante-six)
Qu’il disparaisse ainsi
Dans le paysage
Mais quelque part aussi
Ça me soulage
Moi qui à la fin
De tous mes poèmes
Et sans barguigner
Écrit le mot
Inachevé
1 Henri Heurtebise (14 février 1936-7 janvier 2023)
25 janvier 2023 (de 6h15 à 7h15)
Une heure de doux patatras