Pour et avec Claude BrugeillesJ’allais Je m’en allais Dans l’allée d’un passé
Remontant le futur Avec chapeau et canne
Bleu soutenant ma veste mes yeux la fumée
de ma pipe Nom d’une pipe en bois de cèdre
Du Liban de l’Atlas Cedrus brevifolia
Cèdre de l’Himalaya Oh ! là là là làJ’allais Je m’en allais Dans ma tête espiègle
Des chouettes et des hiboux Des femmes à tête d’aigle
Fantasmes et fantaisies Images fantastiques
Humour des interludes qu’on prend en pleine tronche
Caprices et ritournelles face à ce qui nous rongeUn peu funambulesque Musant avec les Dieux
Des sauts à l’élastique Des boules de cristal
De Bobo de Bohème Ma vie tout un poème
Martigues 31 octobre 2022
J’ai vu Prévert fumer son petit ninas et Ferré ses celtiques
Moi qui ne suis rien j’ai fumé le havane – Monte Cristo n°3 – et la pipe de bruyère en fleur
J’ai vu les paysans de mon village faire une pause dans les champs et ouvrir religieusement
leur blague à tabac sortir le papier Job pour y rouler leur scaferlati –appelé aussi « gros cul »
J’ai vu une copine actrice de 68 fumer comme un pompier ses gauloises vertes de peur –
de peur de se sentir vide sans richesse intérieure
J’ai vu l’amérindien polir la feuille de tabac sur sa cuisse puis la couper à la machette et en faire une petite boule à conserver entre ses dents – quand il crachait c’était tout noir comme le soleil de Nerval
La pipe de Guillaume Apollinaire était d’écume – de ces pipes qu’on fume en levant son front chantait Brassens l’homme aux multiples bouffardes posées sur leur râtelier
J’ai sous les yeux l’image de la plus célèbre pipe de l’histoire de la peinture et pourtant ceci n’est pas une pipe écrivit au-dessous d’une écriture impeccable René Magritte
Mon écrit peut maintenant comme l’âme qui s’échappe des défunts finir en fumée…