cette douce illusion qui libère l’âme de ses
pénibles soucis
et la rend aux diverses formes de la joie d’exister
(Érasme)
* « Il y a Filoche le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine…en train de crier « Sale Américain, sale Arabe, sale Juif… » – c’est un merveilleux organisateur de mouvements de masse, de guerres, de lynchages, de persécutions…c’est un des dieux les plus puissants et les plus écoutés dans tous les camps… »
Romain Gary (« La promesse de l’aube »)
"...j'ai voulu disputer, aux dieux absurdes et ivres de leur puissance, la possession du monde, et rendre la terre à ceux qui l'habitent de leur courage et de leur amour."
Ce poème je l’ai écrit comme toujours sans bien savoir pourquoi poussé par la gratuité des mots leurs sens divers leurs variations vibrations bigarrures
Je l’ai écrit dans le désordre de mes pensées l’égarement et son contraire que tu sauras peut-être toi qui lis nommer
Ce poème je l’ai écrit avec un crayon sur les marges d’un livre au lit en pleine nuit De quoi parlait-il mon poème de papier Je ne sais plus vraiment Du jeu peut-être de la perte de tous nos « je » que l’on porte en soi
Ce poème parlait au papier comme au premier venu à qui je l’offre à cet instant Je t’en fais don ami.e mais je ne sais si tu le recevras j’y compte un peu quand même mais je ne suis pas assuré que tu t’y reconnaisses
Si cependant dans mon poème tu as mis le pied – je n’ose pas écrire si tu y as pris ton pied comme nous disions naguère – peut-être ami.e me le rendras-tu revisité réécrit réinterprété à ta manière unique et singulière
Et vraiment ce qu’à ton tour tu me donnerais je le recueillerais avec grand soin fleurs du bien ou fleurs du mal ces « extensions du domaine du don* » seraient notre reconnaissance et notre capacité à vraiment dans chacun de nos poèmes TOUT DONNER
* italiques Michel de Montaigne *le livre d’Alain Caillé sur lequel j’ai prosé ces quelques lignes
le poème est on ne sait plus où dans un champ de maïs de l’Altiplano suivant la flèche de Zénon d’Élée le vol du petit dieu Colibri le poème est on ne sait plus quand mais disons à cet instant à l’an zéro -on-arrêt-tout on-se-remet-à-penser-et-c’est-pas-triste
le poème est on ne sait plus comment comme on plante ses choux nonchalant de sa mort comme on tire à l’arc sans viser sa cible le poème est on ne sait plus pourquoi pourquoi tu pleures pourquoi tu pleures dis pourquoi tu n’écris plus désormais qu’à la lumière de la nuit pourquoi tu t'enivres d’alcools et de cette romance à la semblance du beau Phénix le poème est on ne sait plus fait par qui le simple fait de vous dire « poète » signifie que vous ne l’êtes pas mais on peut préférer aux poètes tendus et crispés ceux qui s'accordent à rechercher en eux la forme de la liberté naturelle littéralement et dans tous les sens avec Gébé Montaigne Franck Venaille Apollinaire Michel Butor Mikel Dufrenne Rimbaud