UN INÉDIT encadré par deux citations





ce que j’écris ? quelques poèmes

ayant pour thème ce que je vis*

*Henri Thomas





inédit

comme on dit

d’un poème

de revue





la couleur rouille des chrysanthèmes

brûle les roses du cimetière





tu reprends le fil

du récit

à la page

du temps arrêté





pour les enfants

on fait le chat

et pour les vieux

le paresseux





la tête en bas

les pieds aux cieux*





*Jacques Roubaud

PIQÛRE DE RAPPEL poème faisant





La poésie de la poésie

d’Homère à Hugo

d’Épicure à Michaux





La piqûre de rappel

Qui permet aux frêles humains

d’échapper à l’ardeur de l’hubris*

qui les conduit aux massacres les plus insensés

pour pratiquer en sens inverse

poème faisant





 cette douce illusion qui libère l’âme de ses pénibles soucis

et la rend aux diverses formes de la joie d’exister





(Érasme)




* « Il y a Filoche le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine…en train de crier « Sale Américain, sale Arabe, sale Juif… » – c’est un merveilleux organisateur de mouvements de masse, de guerres, de lynchages, de persécutions…c’est un des dieux les plus puissants et les plus écoutés dans tous les camps… »

Romain Gary (« La promesse de l’aube »)

"...j'ai voulu disputer, aux dieux absurdes et ivres de leur puissance, 
la possession du monde, et rendre la terre à ceux qui l'habitent
de leur courage et de leur amour."
Romain Gary

IL Y A LONGTEMPS QUE JE NE T’AI PAS ÉCRIT POÈME

premier jet
toujours sans ratures
mais la version ici donnée
a été longuement réécrite
avec les touches du clavier azertyuiop


IL Y A LONGTEMPS POÈME…

(en cours d’écriture)

*

Les poèmes sont des poteries tombées de la main de leurs créateurs et qui se sont brisées.

 Chacun en ramasse un fragment et y cherche sa vérité.

( variation d’un aphorisme de Rûmi poète persan du XIII° s)

*

il y a longtemps que je ne t’ai pas écrit poème à la gomme

poème à la noix tout de guingois

il y a longtemps que je t’ai pas fait gîter sauter remuer tête et pied

il y a longtemps que je ne t’ai pas confronté à la poésie universelle

ton absence trop longue me déchire le cœur

il y a longtemps que je ne t’ai pas accordé aux six cordes de ma guitare

au luth plaintif au piano du pauvre se pend autour du cou de Madame la Misère

comme chantait le grand Ferré

il y a longtemps poème que je ne t’ai pas attaché à la queue du grand chien

de l’ourse ou de la constellation de la lyre

il y a bien longtemps que tu n’as pas fait  rire  et pleurer ma bien aimée

avec tes vers qui hésitaient entre charmes et larmes

 il y a longtemps que je  ne t’ai pas revisité dans un haïku de Bashô

la route où après moi nul ne passe

il y a longtemps mais cette nuit d’automne je la passe sous le drap

sans toi grelottant …

UN POÈME DES DONS

 

UN POÈME DES DONS
(en cours d’élaboration)


Ce poème je l’ai écrit comme toujours sans bien savoir pourquoi
poussé par la gratuité des mots
leurs sens divers leurs variations vibrations bigarrures

Je l’ai écrit dans le désordre de mes pensées l’égarement et son contraire
que tu sauras peut-être toi qui lis nommer

Ce poème je l’ai écrit avec un crayon sur les marges d’un livre
au lit en pleine nuit
De quoi parlait-il mon poème de papier Je ne sais plus vraiment
Du jeu peut-être de la perte de tous nos « je » que l’on porte en soi

Ce poème parlait au papier comme au premier venu
à qui je l’offre à cet instant
Je t’en fais don ami.e mais je ne sais si tu le recevras
j’y compte un peu quand même
mais je ne suis pas assuré que tu t’y reconnaisses

Si cependant dans mon poème tu as mis le pied
– je n’ose pas écrire si tu y as pris ton pied
comme nous disions naguère –
peut-être ami.e me le rendras-tu revisité réécrit
réinterprété à ta manière unique et singulière

Et vraiment ce qu’à ton tour tu me donnerais
je le recueillerais avec grand soin fleurs du bien ou fleurs du mal
ces « extensions du domaine du don* » seraient notre reconnaissance
et notre capacité à vraiment dans chacun de nos poèmes
TOUT DONNER


*
italiques Michel de Montaigne
*le livre d’Alain Caillé sur lequel j’ai prosé ces quelques lignes
 

LITTÉRALEMENT ET DANS TOUS LES SENS

 

le poème est on ne sait plus où
dans un champ de maïs de l’Altiplano
suivant la flèche de Zénon d’Élée
le vol du petit dieu Colibri
 
le poème est on ne sait plus quand
mais disons à cet instant
à l’an zéro
-on-arrêt-tout
on-se-remet-à-penser-et-c’est-pas-triste

le poème est on ne sait plus comment
comme on plante ses choux
nonchalant de sa mort
comme on tire à l’arc sans viser sa cible
 
le poème est on ne sait plus pourquoi
pourquoi tu pleures pourquoi tu pleures dis
pourquoi tu n’écris plus désormais qu’à la lumière de la nuit
pourquoi tu t'enivres d’alcools
et de cette romance
à la semblance du beau Phénix
 
le poème est on ne sait plus fait par qui
le simple fait de vous dire « poète » signifie que vous ne l’êtes pas
mais on peut préférer  
aux poètes tendus et crispés
ceux qui s'accordent
à rechercher en eux la forme de la liberté naturelle
 
littéralement et dans tous les sens
 
 
avec Gébé Montaigne Franck Venaille  Apollinaire  Michel Butor Mikel Dufrenne Rimbaud