LE TEMPS LE TEMPS C’EST VITE DIT Le temps je le construis et il me déconstruit Le temps d’une fiction : La disparition Le temps le temps c’est vite court : Largo es el arte La vida en cambio corta como un cuchillo Ángel GonzálezC’est long l’art Mais la vie en revanche c’est court (ça coupe) comme un couteau Le temps dilaté d’Einstein on the beach Le temps des hommes inquiets de la mer inquiète Le temps d’écrire le roman qui n’apporte pas de réponse Le temps de s’égarer dans une forêt afin d’avoir toujours quelque chose à y trouver Senancour Le temps élastique électrique magnétique Le temps le temps de fabriquer son pastis À la recherche du taon perdu Le temps du tour du jour en 80 mondes Cortazar Le temps de sombrer corps et bien sur les pages de 93 Le temps de ressusciter sur les murs de Mai 68 : LA VIE VITE / SISYPHE !.. / ICI ON SPONTANE/ ON N’A PAS LE TEMPS (d’écrire des motions) (de lire Claudel) (de s’emmerder) les parenthèses indiquent des surcharges
LE TEMPS VRAIMENT COMMENT Y CROIRE ? Ce 22 septembre je me gratte les tifs Au diable vous partîtes chantait Brassens en 1964 Un autre jour le 22 septembre 1947 je naquis me dit l’ami André Et cette année 2023 c’est le pompon : l’automne a du retard et ne se manifestera que demain le 23 à 8 heures 49 minutes 56 secondes Une pie passe se pose sur la cheminée de la maison voisine hoche la queue au vent frisquet Le temps de l’écrire et elle a disparu Pendant tout ce temps j’avais en tête la Suite pour flûte traversière et basse continue d’un certain Michel de la Barre qui se termine par une gavotte (septième mouvement) intitulée La Thérèse
ET SI LE TEMPS N’EXISTAIT PAS ? Voilà soudain qu’après ces hors d’œuvre temporels que la question me travaille : et si le Temps n’existait pas et si ce n’était qu’une invention des humains, selon l’époque, selon leurs instruments de mesure, leurs humeurs…Lors, je me souviens que j’ai lu naguère, il y a au moins une décennie, juste avant la cruelle disparition de ma morte, (Poèmes à ma morte JJ Dorio l’Harmattan 2017), j’ai lu Du Temps, le livre de Norbert Elias, publié en 1984 dans sa version originale et traduit en langue française seulement en 1996 ! ça pressait pas ! Norbert Elias s’emploie à relativiser non pas seulement les instruments de mesure du temps (qu’il s’agisse du calendrier ou des horloges) mais beaucoup plus radicalement la notion même de temps, en montrant qu’il n’est pas une substance préexistant aux activités humaines, mais qu’il est construit par elles. Loin d’être une donnée transcendantale, antérieure et extérieure à l’expérience, le Temps est un phénomène seulement construit par les instruments mêmes de sa mesure. Autrement dit, il n’est pas une chose mais une activité : l’activité qui consiste à faire du temps. Nathalie Heinich L’activitéqui consiste à laisser proliférer les mots d’un texte que l’on laisse naviguer selon les mouvements de son cœur, sans plus se demander si l’on enfreint la règle qui consiste à s’accorder au temps de sa réalisation. J’ai compté plus de quatorze heures l’heure est une larme -Tu pleures mon cœur!.. Chante encor va – Ne compte pas Tristan Corbière (Le poète contumace)
MAINTENANT J’ÉCOUTE LA CANTATE BWV 188 c’est l’air chanté par un ténor sous le titre Ich habe meine Zuversicht : J’ai pleuré ma confiance…On l’entendit pour la première fois en 1728, le 21° dimanche après la Trinité. (La Trinité se passe Malbrough ne revient pas) De l’enfant lançant ses dés à Éphèse nous avons sauté sur les notes d’une partition composée à Leipzig. Le Temps est un enfant qui joue Jean Sébastien Bach jusqu’au choral final : Auf meinen lieben Gott. En ce temps là pour exercer son métier de cantor il fallait proclamer son amour de Dieu. En ce temps là, c’était un autre temps, il ne passait pas du tout comme le temps d’aujourd’hui : lundi 18 septembre 2023, temps gris s’amusant à anticiper l’automne, les goélands par grappes ou isolés, passent d’ouest en est, poussés par le vent, les ailes déployées ils font des figures de style que je suis, tant bien que mal, à la jumelle. avant de reprendre ma prosopopée.