

Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
Aimer la poésie…
et tout le reste est littérature
Aimer Orphée
le luthiste apollinaire
Aimer le rythme
la chanson des neuf cordes
Comme s’il y avait
une beauté du monde
qui vient et va
et que traduit
– tant bien que mal –
la mélodie contrariée
de ce poème
AIMER L’UTOPIE
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JEAN JACQUES DORIO
TÂCHONS D’Y VOIR CLAIR
Plutôt que de soutenir ce que l’autre rejette
et de rejeter ce que l’autre soutient,
tâchons d’y voir clair.
Tchouang Tseu
(traduction JF Billeter)
PASSAGERS ÉPHÉMÈRES
Passagers éphémères de la planète Terre
Ronde du temps où nos pas sont comptés
Mais le lecteur qui aime les poèmes
Prolonge leur danse et leur durée
La poésie de la grammaire est la grammaire de la poésie.
Jakobson
La poésie de l'Utopie est l'Utopie de la poésie
La poésie du désespoir est le désespoir de la poésie
La poésie des pigeons des Ménines s'envole dans le crayon de maître Picasso
La poésie des longs sanglots sont les longs sanglots de la poésie
La poésie du libre arbitre est le libre arbitre de la poésie
La poésie du raton laveur n'est pas la poésie
d'un soir de demi-brume à Londres
La poésie du Nu descendant l'escalier est à l'origine
des Structures élémentaires de la parenté
La poésie de Charlotte Corday est le couteau planté
dans le cœur du citoyen Marat
La poésie de la mort est la mort de la poésie
La poésie du je-ne-sais-quoi est le je-ne-sais-quoi de la poésie
La poésie du même et de l'autre est la poésie de l'autre et du même
La poésie du génie est la poésie de l'idiot de la famille
La poésie du chaos est le chaos de la poésie
La poésie des citations sont les incitations à la poésie
que personne ne peut arrêter
Ce n'est pas l'acquis
Ce n'est pas la matière intérieure
C'est l'éclair fugitif*
* Wladimir Jankélévitch
Parfois il a pu arriver qu’on s’écrive à soi-même.
Parfois même il nous est arrivé d’écrire aux morts.
Cela n’arrive pas tous les jours, j’en conviens, mais cela peut arriver.
Et il se peut aussi que les morts nous aient répondu,
sous une forme qu’ils sont les seuls à connaître.
Antonio Tabucchi
Si sta facendo sempre più tardi
Il se fait tard de plus en plus tard
Ni fleurs du mal
Ni fleurs du bien
Mais ces quelques lettres au vent de la nuit
Que je partage avec si peu de vivants
Mais bien des disparus
Le stylo trace ses lignes
Apparemment sans but
Tel un tisonnier avec lequel on fouaille
les braises des mots clés :
miettes, fragments, poussière, imagination,
accents restés dans la voix d’autrui…
Assis devant un livre que je feuillette
Regardant les lumières des bateaux
Sur la passe maritime
Écoutant un raga de nuit
J’écris ces lettres d’Utopie
Dans les eaux mouvantes d’un imaginaire
Toujours toujours à renouveler
La poésie qui se prenait pour la parole en personne
quand elle n'était qu'un filet de voix
dans le tumulte du monde
Gérard Macé
Vers la fin le poète
qui n'a plus à mettre de gant
ni avec sa gloriole - son assurance mort -
ni avec son petit métier :
la recherche de la juste distance
entre le tournoiement des mots
et la caresse du monde
Vers la fin
à pleines mains
ou sans toucher à rien
le voilà qui arrache encore
un peu de terre de son jardin imparfait
les yeux fixés sur la voûte cosmique
et les lèvres buvant à la source
du jour nouveau
Happé
par ce désir de porter
le souffle d'une langue
qui le livrant à l'éphémère
le détache de toute prétention
mais non de l'utopie
présente dans tout poème
(À sauts et à gambades)