IL PLEUT SUR LE CARREAU





Gouttelettes sur le ciel sombre

De cinq heures du soir





Mais par la voix et la voie des rythmes

Nous voilà relançant la machine





Avec le souffle des baleines blanches
Avec les mots inventés qui ne sont dans aucun dictionnaire

Pour le vers régulier qui me découpe en deux

Pour la page qui tourne et me fait bifurquer





Aujourd’hui hier il y a un siècle

Il pleut doucement sur la ville*





*Verlaine





05/03/2020

5 heures du soir

PIES MÉSANGES BERGERONNETTES





Ces vers construits à la diable

Ne seront jamais déclamés

Ni imprimés ni portés

Dans la brouette des suppliciés





Ils sont pourtant les vers

D’une terre en jachère

Qui ne connut ni les horribles camps

Ni le désastre des guerres

Mais les oiseaux des champs





Pies mésanges bergeronnettes


	

UN MILAN RAIE LE CIEL

un autre haïku allongé




Un milan raie le ciel

du dernier jour de l’an





Je l’observe et le trace

sur ma page

                                                                             libre de pleins et de déliés                             





C’est comme un jeu folâtre

et puéril





Un vers d’azur

sous le zéfir





Sur cette carte bleue

et ses fleurs d’innocence





Elles couvrent mon dire

de rires et d’oubli









31/12/2019

11h08

ENTRE DEUX PANNES





Humains épannelés

Devant la perfection

André Ughetto





Je suis en panne d’inspiration

Devant une panne « réservée aux usagers »





Assis sur une barque renversée

Oyant le clapotis de la mer étale

Dans le port « pas plus grand

qu’un mouchoir de poche »*

de Carro





-Cherchez bien il existe

hors des prairies lyriques

de Venise ou du Lacydon-





Le bonnet sur le chef

Feuillolant un vieux livre de vers

Qui me rajeunit





*Un petit cabanon

de Vincent Scotto

chanté par Alibert





L’ANCIEN JEU DES VERS

Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers

                          Apollinaire





J’oublie le jeu subtil des vers

Les saisons de l’amour et leurs flammes

Les yeux clos de l’hydre univers

Le paysage fleuri de l’âme





J’oublie les êtres que l’on crée

Simplement avec une plume

Ou sur l’ardoise d’un doigt de craie

Enfant des barres et clairs de lune





J’oublie ma petite science

Lignes réglées sur le papier

Panier d’osier qui se balance

Au gré des fruits du citronnier





J’oublie ainsi ici ailleurs

Dans le jardin décapité

Où tu ne viens plus me tendre

Tes lèvres matinales





Toi que je ne veux oublier