JE CHERCHE

Je cherche les yeux fermés

Les larmes des poèmes

Des autres dans mes vers

.

Je cherche un mur pour pleurer

Chante Anne Sylvestre enragée

Par la mer gelée au cœur

De ses contemporains

.

Je cherche rien de plus

Je cherche rien de moins

De la cave au grenier

Je cherche l’or du temps

.

Je cherche Monnet à Saint Lazare

Et Guillaume Apollinaire au Départ

.

Je cherche l’inspiration

Le duende des gitans

Qui part des pieds

Pour irriguer le corps

Jusqu’à la tête

.

Je cherche en traçant

Un cercle de craie

Autour de la musique

Créée par prélèvements

Des neuf symphonies

De Ludwig van

.

Je cherche une issue

À ce texte perdu

Dans le labyrinthe

Des blogs d’une poésie

Ininterrompue

DANS LE DÉSORDRE LE DISCONTINU

Dans le désordre, le discontinu :
le souvenir du monde shakespearien des sorcières,
la Tour Eiffel calligramme d’Apollinaire,
Salut monde dont je suis la langue éloquente,
les sirènes de New York dans Ionisation,
l’oeuvre pour percussions d’Edgar Varese,
gongs,bongos,claves,tambour militaire,caisse claire,
cymbalum mundi,
L’art de dictiez et de fere chansons,balades,virelais
et rondeaux,
d’Eustache Deschamps, auteur du premier art poétique écrit en français au siècle XIV,
les yeux de fougères de Nadja
qui pour sa première nuit à Paris
a choisi le Sphinx Hôtel,
et ces mots qui ont agi par implosions
et ricochets,
dans la beauté archaïque
d’un collage surréaliste.

J’ÉCRIS COMME JEAN JACQUES DORIO…

…rencontré naguère dans un atelier où l’écriture ravageait nos vies en poésie 
J’écris travaillant l’écriture au corps Traversé de haïkus et d’aphorismes
J’écris sur le court d’un tennis Marqué à tout jamais par l’empreinte du champion Bjorn Borg :

La balle est ronde Le jeu est long
J’écris long renvoyant dans les cordes les jeunes hommes pressés et les jeunes filles en fleurs
J’écris de ci de là en ne pensant qu’à ça

(on pourrait croire)
mais la plupart du temps sans y penser
J’écris sous les combles Sous un vasistas Où la lumière pleut (et neige parfois)
J’écris en imaginant Bartok écrivant ses partitions des Microcosmes

J’écris créant ce microclimat propice aux pages d’écriture faisant la navette entre micro et macrocosme
J’écris dans un camping-car Volkswagen Qui m’a mené naguère (avant la prise de pouvoir par les Ayatollahs) Jusqu’à Téhéran

J’écris en oubliant d’écrire souvent
J’écris en me jouant du temps
J’écris en le laissant filer Ou en l’arrêtant

J’écris sur une table Louis Philippe ronde en noyer trouvée sur le bon coin
J’écris sur du papier clairefontaine extrastrong acheté à Bureau Vallée
J’écris sans confondre mes textes quasi bibliques avec les bibelots abolis du bon Mallarmé
J’écris avec et contre les sonnets en X les phrases incises et les ellipses
J’écris sans l’ombre d’un bruit exceptée cette langue qui caquette et qui bruit

J’écris sans réfléchir une première ligne qui déclenche le reste
J’écris anche en songeant à mon ami Rambour qui habite rue Franche
J’écris France du nom d’une bergère rencontrée en Mai 68

J’écris Bergère Ô Tour Eiffel comme Guillaume Apollinaire
J’écris cette aubade inachevée en écoutant Les Double Six

Qui m'invitent à faire un tour au bois (Walkin')

O LA NEIGE

À la fenêtre du tgv 
Au centre de la France
Défilent des villages enneigés
O la neige
Regarde la neige
Qui tombe
Combien de fois ai-je écouté
Cette chanson de Nougaro
Surtout vivant dans les Hautes Pyrénées
Quand la chaste damoiselle
Tombée toute la nuit
Avait fait disparaître ma deux chevaux
Logeant sur la place du village
Près de l’église et de la statue du soldat inconnu
O la neige
La bonne neige
Qui me donnait l’occase
De rester au chaud
Tout le reste de la journée
Faisant batailler
Mon feu de cheminée
Une journée de t'rêves
Car de toutes les manières
Le collège accueillant les élèves
De toute la vallée
Était fermé à clé
Les brebis de mon voisin
Faisaient chanter Apollinaire
Pour Marie Laurencin
Les brebis vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Marie soit dit en passant
est le plus beau poème
de la poésie française

dans le tgv Aix en Provence Paris gare de Lyon
11 janvier 2024 14:05

Et soit dit en repassant je viens de réécouter O la neige avec le somptueux accompagnement à l’orgue d’Eddy Louis et les paroles hugoliennes de Nougaro C’est du sublime