LES FLEURS DE L’ART

Les fleurs de l’Art Belles éphémères Ou « absentes de tout bouquet »

SECRETS DE JARDINS

Forcément, chacun cultive son jardin ou le laisse à l’abandon. Ces derniers, outre les ronces, euphorbes ou matricaires, sont peuplés d’espèces venues des quatre coins de la planète Terre, le robinier faux acacia, le buddleia de David, la renouée du Japon. C’est une aubaine pour les oiseaux du ciel qui viennent y nicher au risque de se faire dévorer par les chats maraudeurs. Dans l’autre cas, celui du jardin cultivé, le jardinier remue ciel et terre pour que chaque fleur reçoive sa part de lumière, la noire comme l’irisée. Et ça donne les fleurs du mal du poète du Spleen, la fleur absente de tout bouquet du Symboliste, le bariolage des Baroques, le jardin imparfait de l’auteur des Essais, et celui de mon père, qui fut sa gloire et dont je cultive les Regrets.

DES SONS ET DES MOTS EN FORME D’HAÏKUS

1 À contre-courant Poème tranchant le ciel La terre et le feu

2 À contre-courant S’écrivent nos métaphores Nos transports des sens

3 Accroître ses pages Bouquet d’une anthologie Fleurs du mal rouies

4 À première vue Une aurore boréale Mais c’est un Rothko

5 Au cœur de la nuit Fantôme dans mon linceul Un fou shakespearien

6 Au creux d’un platane L’enfant lit prince perché Saint Exupéry

7 Balades Ballades En vers de cinq et sept pieds Sur mer et sur rades

COMME UN BOUQUET FINAL

Cela s’est passé diront un jour ceux et celles qui liront mes carnets de nuit Cela s’est passé et ne s’est pas passé Cela s’est passé jeté sur le papier sans souci d’être lu : bouillons de rivière brouillons hâtifs brouillages de passages venus sans crier gare sous la pointe du stylo sans repentirs Cela s’est passé Cela est venu Cela a bifurqué de parades en paronymes d’oboles en paraboles de paroles soufflées en paroles retenues dans l’oreille en secret Cela c’est aussi le passé simple et le passé composé la nuit blanche et la nuit transfigurée le je comme moi et le je comme un autre Cela c’est la neige qui noircit ma page et c’est le repiquage de poèmes absents de toute anthologie Cela c’est comme on dit des feux d’artifice une sorte de bouquet final

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

MOTS PRÉSENTS EN CE BOUQUET





Je dis : une fleur ! et hors de l’oubli où ma voix relègue aucune couleur, en tant que quelque chose d’autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tous bouquets.

Mallarmé

Mot c’est presque mort
Air c’est un peu art
Un fourbis to be or not to be

Mort c’est presque mare
Art c’est un peu Pars !
C’est Dora Maar
La femme qui pleure
Pour ce cochon de Picasso

Moraine c’est presque ma reine
Mohair c’est un peu Hair
La scène où sur une bande-son rock and roll 
Faites l’amour pas la guerre

La guerre c’est une connerie
Rappelle-toi Barbara
Tout le barda tout le fourbis

To be or not to be

UNE PAGE SORTIE DE SON CADRE





Curieusement j’ai déjà écrit cette page

-du moins je l’ai imaginée-

Elle partait de zéro -tabula rasa-

et se lançait à l’eau





-Allo allo est-ce que tu m’écoutes ?





Et à présent je la vois sortir de son cadre

Cherchant ailleurs sa route et sa pâture





-Oui je t’écoute

Toi qui depuis fort long temps

n’est plus de ce monde

Qui a quitté l’horizon de mes textes





Mais ne crains pas que je t’oublie

Je me préoccupe toujours

de ton souci





Jusqu’à la dernière ligne

Jusqu’au dernier pétale

Qui s’envolera du bouquet d’un temps

Tremblant d’incertitude

si vous comparez les deux versions vous verrez les différences avec mon premier jet réflexion faite ce que j'ai ajouté et modifié ne me satisfait pas c'est trop "embrouillé" mais si une main lectrice veut bien reprendre "le rameau" et se l'approprier je lui en fais volontiers "présent"  jjd 23/02/2021 8h37