CE QUE JE ME DIS





Ce que je me dis…
je l’écris

Ou plutôt ce n’est qu’en écrivant
Que je me dis certaines choses

Seul j’évite de me parler
Et de me regarder dans une glace
(sauf nécessité)

Ce que je me dis souvent
C’est dans une chanson que j’écoute et anticipe
la connaissant par cœur
(Oncle Archibald de Brassens
dernière en date)

Ce que je me dis alors
(mais c’est mentalement)
-Tiens tu devrais reprendre ta guitare et la chanter
pour de vrai

Manière, coquin de sort, 
de faire de Sa Majesté la Mort
la rencon-ontre (bis)


biographème : j’appartiens à la confrérie qui apprit la guitare
en usant ses phalanges
sur les chouettes accords du père Jojo

oncle Archibald 6 couplets/11 dorio 25/11/2021

JE DIRAI QU’UN POÈME EST LE BON TEMPS DE LA VIE





Je dirai qu’un poème me donne des raisons de passer du bon temps

Je dirai que ces raisons n’ont rien à voir

avec l’idéologie patheuse

(du mot pathos)





Je dirai qu’un poème me donne l’occasion de régler mes mots

compte tenu des choses

sans rien céder à la suie des paroles

aux expressions toutes faites des informes mollusques :

les gens qui parlent à tort et à travers





Je dirai qu’un poème se construit dans le corps

Dans l’être obscur qu’il s’agit par essais successifs

De mettre à jour





Je dirai qu’un poème n’est jamais acquis





Je dirai qu’un poème écrit, donné à voir,

Pour chaque lecteur, est différent

L’un s’y reconnaît en partie

Et ça l’apaise

L’autre le repousse, mais le lit

Et ça le tracasse





Je dirai qu’un poème est fait pour être réécrit





Italiques Francis Ponge

je dirai qu’un poème me donne des raisons de passer du bon temps

JE DIRAI QUE JE N’AI RIEN DIT





Je dirai que je suis tombé

Je dirai que j’ai perdu le nord

Je dirai que chercher d’autres excuses

serait à la longue fastidieux





Je dirai si ça vous intéresse (et à l’inverse)

que je me suis relevé

Je dirai que j’ai retrouvé la voie





Je dirai que la nuit la lampe est mon soleil

Je dirai Terre en vue

Je dirai l’esprit des bêtes et des arbres

Je dirai le corps qui dicte à l’esprit

Je dirai le vide qui broie les mots inadéquats





Je dirai merci à celles qui m’ont écrit

Que ce que j’écrivais leur parlait

Je dirai quand je mourrai

Ma gratitude aux poètes qui m’ont accompagné





Je dirai que je n’ai rien dit

DIRE DE LA POÉSIE

dire de la poésie
écrit tel quel 21/04/2021








SANS TITRE





Dire de la poésie…un petit feu pour maintenir

son souffle…c’est un sonnet dit

en pleine nature…au-dessus d’un lac

des Pyrénées ou des Andes…

c’est autour de minuit





Dire de la poésie…son corps immense…

faisant bouger ce qui a déjà été écrit…

hier…il y a cent ans…ou mille





Dire ce qui n’a jamais été dit…même

par celui ou celle qui…chemin faisant…

ont écrit ce sonnet raccourci…

qui saute la dernière ligne…

sans personne pour l’écouter…

sans titre





(une repasse sur le clavier avec quelques retouches)

DIRE thé des écrivains, conférence et bavarderies.

manuscrit un peu pâle son décryptage est en cours
Dire. 
Dire que celui qui écrit ne sait pas ce qu'il va dire.

Dire qu'il prend soin de l'écrire.

Dire que ce beau papier chiffon et coloré fut acheté,
avec celle, qui aurait tant aimé lire cette page,
dans une boutique qui s'appelait
le thé des écrivains.

Dire que je n'ai jamais pris le thé avec un écrivain,
une écrivaine, ni d'ailleurs,
un enfant de la balle, qui lit sous chapiteau
de petits textes, à livre ouvert.

Dire, que pas plus tard qu'hier, je relisais,
dans mon jardin d'été,
ce merveilleux poème d'un auteur de l'Inde du XII° siècle,
que nous vîmes un soir au Cloître des Carmes,
en Avignon,
adapté par Jean-Claude Carrière
et mis en scène par son ami Peter Brook.

Dire qu'il s'agit de La conférence des oiseaux,
et d'une Huppe qui les entraîne à la catastrophe.

Dire que souvent je mettais mes élèves collégiens
en présence du Conte du merle blanc,
pour le lire et le réinventer.

Dire qu'en si peu de temps,
j'ai épuisé ma page
de mes bavarderies.


12/07/2020