LE SISMOGRAPHE

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

Avec des mots simples, issus de ce « dictionnaire à part moi », on peut nommer le monde : Abricotier, Bois, Cahier, Échelle, Fenêtres, Hamac, Journal, Livre, Oiseaux, Pirogue, Sabots, Terre, VoyageSur un cahier décolier, une feuille blanche A4, un petit carnet de voyage, une main écrit, trace des signes, comme lappareil le sismographe– qui transmet les légères secousses de la Terre. Et cest ainsi, nous sommes une petite terre faite de secousses, et sans ce bâton décriture relié à Nature,  nous étoufferions, enfermés dans notre petite et insignifiante personne.

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

DIRE DE LA POÉSIE

dire de la poésie
écrit tel quel 21/04/2021








SANS TITRE





Dire de la poésie…un petit feu pour maintenir

son souffle…c’est un sonnet dit

en pleine nature…au-dessus d’un lac

des Pyrénées ou des Andes…

c’est autour de minuit





Dire de la poésie…son corps immense…

faisant bouger ce qui a déjà été écrit…

hier…il y a cent ans…ou mille





Dire ce qui n’a jamais été dit…même

par celui ou celle qui…chemin faisant…

ont écrit ce sonnet raccourci…

qui saute la dernière ligne…

sans personne pour l’écouter…

sans titre





(une repasse sur le clavier avec quelques retouches)

LE SPLEEN DE PARIS





Je relis le Spleen de Paris

De l’énigmatique étranger

Apatride et sans amis

Haïssant l’or comme nous Dieu

Mais comme il aime les nuages

qui passent…tout est pardonné.





La neurasthénie et le spleen

Se sont évanouis depuis

Du moins leurs mots mais par leurs maux.

(Un vers je l’avoue trop facile)





Le poète avait sa fierté

Son orgueil face à la Nature

« Enchanteresse et sans pitié »

Ses fleurs du mal étant flétries

Il se lança dans cette prose

Ivre de sens renouvelés





Relisez le spleen de Paris

Ses invitations au voyage

Offert à la sœur d’élection

Ses tulipes noires et ses dahlias bleus !


	

JOUR ULTIME DEUX MIL VINGT





Voilà là

Jour ultime

De l’année

Mes derniers

Trisyllabes





Saint Sylvestre

Ma sœur Anne

En allée

Ses chansons

À l’oreille

Et sa voix

Nuit sans fin





Le Covid

A tué

Des millions

De pauvr’s gens

Des artistes

Des curés

Des obèses

Foutriquets





Moi Reclus

Je connais

J’ai écrit

Fait mes contes

Rangements

De mes livres

« Dictionnaire

À part soi »





Le vaccin

Va sauver

Les humains

Et leur monde

De souffrances

Fleurs du Mal

Spleen et blues





Mais aussi

Sous les larmes

La beauté

De Nature

L’émotion

Et la dette

Des vivants

À leurs morts





Cette année

La nouvelle

Sera belle





31/12/2020

9h40

CÉLÉBRER AUJOURD’HUI LA BEAUTÉ DU MONDE





CÉLÉBRER AUJOURD’HUI LA BEAUTÉ DU MONDE : on croit rêver.

Rêver, imaginer, s’émouvoir de tant d’obstination

pour ne pas rompre le lien avec Nature et la poésie qui la célèbre

avec les mots et merveilles des faiseurs de vers.





Faiseur paraît un peu falsificateur.

Mais non pourtant, le mot porte l’étymologie du poète fabricateur : el hacedor,

que Borges mit en honneur et en doute :





« J’ai commis cette écriture à un homme quelconque ;

elle ne sera jamais ce que je veux dire,

elle ne laissera pas d’en être le reflet. »





Beauté ? Vibrante et percée de souffrances de « notre humaine condition » :

« Le linceul d’un pleur où s’ouvre une rose » Joë Bousquet





La prose certaines fois y accède.

Jusque dans le nom de plume inventé :

Yourcenar anagramme de Crayencour (son père),

qui aimait la belle lettre Y : « un arbre aux bras ouverts ».





Ou cette écrivaine majeure qui choisit le plus simple des prénoms, Colette.

« J’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix ».





Mais la poésie, en une métaphore commune et unique, dit mieux :





Écrire écoute le soir

les ondes vibratoires

de l’espace voyageur

sur les cordes secrètes

Le couchant brûle encore

son chant d’adieu

Un trait noir lézarde

l’éclair de beauté





Jacqueline Saint-Jean (Sauver l’hiver)

Encres Vives 2020