LAMBINER

version première (et presque définitive) écrite à la main ce 24/09/2020




LAMBINER

Ce sont mes plus beaux moments d’écriture.

Je pars d’un mot ou de plusieurs, qui ne dépassent une ligne.

Ils ne sont pas de moi, mais d’un livre, que je ferme alors.

« Une page blanche, vierge de toute écriture ».

C’est la cueillette de l’instant.

Ensuite cette carte tirée, je cherche et lui ajoute une des miennes.

Aujourd’hui par exemple c’est « Y a-t-il un texte dont mes intonations fassent mieux jouer toutes les nuances ? »

Mais non, ce n’est toujours pas de « moi », mais d’un autre livre. (Celui-là d’une femme).

Une page blanche, si je commence à faire mouvement sur elle, quelque soit le temps que je vais y consacrer, je m’oblige à la remplir.

C’est comme un devoir d’écolier. Mais comme je n’aime pas raturer (une sorte d’interdit), rien ne me presse de la terminer.

Cette page ce matin c’est écrite au lit, à mon réveil du matin.

(C’est autre chose pour mes réveils de nuit).

Dieu sait combien elle m’a permis de lambiner.

Tout à l’heure, je la recopierai, à l’aide du clavier.

 Et puis je l’oublierai.





citations : « Le côté de Guermantes » et « Enfance »

POÈME QU’AUCUN ÉCOLIER NE LIRA





le front bleui

près de la lampe

je reprends tout

à zéro





sur mon bréviaire

Petit Robert

je fais défiler les mots





entre calandre l’alouette

et calebasse où je buvais

le café avec les indiens

Goajiro





je vérifie aussi l’article

calebombe ou calbombe

qu’affectionnait Queneau





aucun bruit

si ce n’est celui – paisible –

de ce feutre

accroché à mes doigts





c’était il y a longtemps

se diront bien un jour

les enfants qui envoient

leurs messages

à toute vitesse

avec leurs pouces





Pouce !

fin de trêve

et de rêve

d’un poème

qu’aucun écolier

hélas !

ne lira


	

ON N’ÉCRIT PAS SANS Y LAISSER DES PLUMES

manuscrit extrait
Astoria dans le quartier du Queens New York
14 05 2018




On n’écrit pas sans y laisser

des plumes





Plumes d’écolier

plumes gauloises

ou sergent major

que l’on mouillait

sur son poignet

avant de suivre la ligne

des pleins et des déliés





Lundi 14 mai 2018

Morale :

il faut s’appliquer et persévérer.





On n’écrit pas sans y laisser ses plumes

de jeune oiseau piailleur

puis de vieil oiseau gouailleur

emmêlé à la fable du monde





On n’écrit pas sans ses rêves d’enfant

oiseau de vie « oiseau secret qui nous picore »*

oiseau de mort qui disparaît avec nos corps









*Supervielle

ÇA REPART C’EST LA CLASSE

ÇA REPART C’EST LA CLASSE

Ça repart. Premier jour de classe. Sur mon cahier d’écolier. Sur mon tableau magnétique. Ça repart. Moi qui ai fréquenté les lieux de 5 à 60 ans me voilà maintenant en retrait. Mais mes filles ont pris le relais et mon petit-fils depuis l’âge de 2 ans et demi. Ça repart les fredaines du grand-père enfant comme écrivit Victor Hugo. Ça vous en bouche un coin ? Ça repart. Apprentissages apprends tissages de lecturécriture de conter et de recompter littéralement et dans tous les sens d’apprendre toute chose de bonne ou de mauvaise humeur. Ça repart. Voulez-vous dire demande le lecteur que le jeu vaut la chandelle ? Je le crois bien dit le petit prince complice de l’allumeur de Lumières. Ça repart. Secrets de vie passent dans la bouche des instituteurs grincheux ou généreux. Ça repart. Vers le savoir passage étroit et voie royale pour la vie. Pour ne pas subir la servitude volontaire des millions d’imbéciles passés par notre école libre publique et obligatoire. Ça repart. Vieil océan et nouvelles donnes de l’esprit qui toujours rit.