JE T’ÉCRIS SUR L’iPad MA CHÈRE

Par de lentes métamorphoses 
Naît ce poème dans ma chair
Le jour se lève aurore rose
Je t’écris sur l’iPad ma chère

Je t’écris depuis la Venise
provençale ces quelques mots
Sur ma page qu’un rayon irise
Éclairant camées et émaux

Aux tables des cafés chantants
Alibert faisait ses adieux
Adieu fillette adieu serments
Cigales et cigalons adieu

J’oublie le petit guitariste
Les tableaux de focs et tartanes
Les voix joyeuses et les tristes
Sur ma galère occitane
Tu deviens ma chère sultane

Martigues 18 mars 2024






DAHLIA

Sabres cachés dans les sables du Sahara
Ah ! ça ira ah ! ça aura
l’air d’un désert
sans palmeraies
pour prendre date

J’ai reçu jadis une carte postale de Ghardaïa
Sans un mot
Avec juste la trace d’un doigt passé sur la terre ocre
Et une signature 
Dalhia

Je l’avais connue ailleurs
Sous un manguier des Amériques
Où les fruits sauvages laissaient des fils entre nos dents

Dalhia ton nom n’en finit pas de hanter cette fable offerte
Aux amoureux des lettres que l’on se remémore
Mais que l’on a définitivement perdues


LETTRE D’UN MOINE RÉSIDANT À NEW YORK





De cada dit de ploma
Ma plume dont chaque doigt
Fait chant des Signes



Je n’imaginais pas qu’un moine vivant à New York m’écrive un jour

Il a lu mon poème sur la toile intitulé Au rythme du cinéma muet

Lui aussi comme Montaigne et Brassens a des coliques néphrétiques

Il me remercie pour mes bonnes paroles mesurées par des vers

Et m’affirme que désormais il va remplacer chaque matin ses antalgiques opiacés

Par la lecture de mes posts qui fleurissent dans mon jardin imparfait



LETTRE D’UNE ÉQUINOXE





Ma chère Jo

Je t’écris sans savoir où tu en es et ce que tu penses.
Je t’ai perdue, souviens-toi, il y a sept ans.
Je t’écris dans notre couche commune que j’ai désertée à de rares exceptions, essentiellement pour aller chez notre fille cadette à Paris puis à New York.
Je t’écris sans trop savoir moi aussi où j’en suis et ce que je pense.
Cependant, tu t’en doutes, je n’ai pas abandonné, j’ai continué mes instants créatifs à sauts et à gambades.
Tu sais pour l’avoir intimement observé combien j’aime laisser toujours une place pour l’inattendu, le coup de raccroc, dixit Tristan Corbière, la chaise en grain de paille de Vincent qui espérait y asseoir la Beauté…
Je t’écris, hasard objectif du calendrier, en cette nuit qui commence l’équinoxe d’automne 2021, ce 22 septembre où, chante Brassens, au diable vous partîtes…