AU BOIS DORMANT DE NOS NUITS BLANCHES

Un mot de sang en gorge
Qui sent ce monde qui souffre
Et souffle et n’en peut mais

Un mot de neige imaginaire
Sur cette page pour traverser
Le bois dormant de nos nuits blanches

Un mot d’aurore sur nos paroles
Sur cette ardoise de nos enfances
D’un art ouvert à la ferveur des amoureux

NOMMER LE MONDE

Nommer le monde qui nous entoure 
Mots à mots qui viennent à la queue leu leu
Page à page où naissent des orages
Des espoirs désespoirs frasques et folies
Nommer sur nos chemins buissonniers
cette circulation d'images
d'émotions et d'idées
pour lire après coup
ce qu’on ne savait pas
qu’on allait écrire
D’où chose remarquable
Rien ne s’ensuit
(peut-on lire en guise d'énigme
cet incipit première ligne
qui ouvre le livre culte

de L’homme sans qualités)

Martigues dimanche 24 décembre 2023

LA PROSE DU MONDE

La prose du monde Un essai inachevé De Merleau-Ponty

La prose du monde De la grâce d’un instant Pris dans une phrase

La prose du monde Ouverte sur l’inconnu D’écrit en écrit

La prose du monde Quand le monde se déchire Et tue les innocents

La prose du monde Des guerres de religion Dieu compte les morts

La prose du monde En prise sur le langage Qui doit progresser

La prose du monde Le visible et l’invisible Fin de cette liste

LES MONDES SE MÉLANGENT L’ANCIEN ET LE NOUVEAU

Les mondes se mélangent l’ancien et le nouveau
Ô monde, mais immonde ! Ô grand tout mais un rien !
Tous ces cercles roulants qui embrassent le monde :
J’y amarre le feu, l’air, la terre avec l’onde

Je recopie ces vers en ôtant le divin
Seigneur Dieu la cause de l’entier gouvernement
Mais Grevin qui l’affirme sait noyer le poisson
Lecteur assidu de Platon et d’Aristote
Il fait douter ses ouailles : Je n’en retire rien
Qu’un chaos plus souvent Nulle ferme assurance
de son propos ne se dégage, de son gentil tourment

Ô mélange du monde ô mondaine inconstance
Vivons donc constamment ma toute désirée !


Jacques Grevin (1528-1570)
Venus du Beauvaisis, il étudia dans l’Université de Paris.
Il joignit à la connaissance des Belles Lettres la science de la médecine.

L’ÉTOFFE DU MONDE

L’ÉTOFFE DU MONDE

L’étoffe du monde
Parure du beau cosmos
Parlures en archipel

La peau rose du monde
Tête chiffonnée d'un bébé
Sortant étonné du Ventre Univers
De sa maman

Promesse d’un monde chamarré
bariolé granulé
À l’infini tissage du déploiement des choses
Entre les mots
De siècles en siècles
En renouveau

De destructions en reconstructions
Le monde déchiré explosé
Que l’on recoud
Tant bien que mal

En le prosant
En l’habitant
En le parant
De suites sans fin
Poésie des Constellations

encre acrylique détail : l’étoffe du monde Dorio 17/03/2023