PAROLES CONTRE PAROLES

Paroles contre paroles

Paroles sur le papier

Prises de paroles en Mai 68

(Mais d’où tu parles ?)

Paroles de Haine en ligne

Paroles de l’Hymne à la Joie

Paroles au creux de l’oreille

Paroles des bons Sauvages

Paroles à tout berzingue

Paroles plus que lentes

Paroles d’un trait de plume

Paroles d’un sang d’encre

Paroles qui ont bifurqué

D’oboles en paraboles

De paroles venues des dieux

En paroles dont le nom

Nous a paru d’éternité

LE FEU FOLLET

Plupart du temps si je laisse aller la main à plume et tout son tralala je me répète c’est pas la peine faut donc changer casser le rythme et batailler les yeux fermés improviser dans sa caboche faire jouer ses trous d’air donner feu vert à l’acteur qui libéré de l’auteur va faire valser le théâtre des paroles

ON VA BIEN VOIR : un ami disparu qui écrivait dans L’Homme 5/16

on va bien voir
mais il est à craindre
que ce ne soit pas 
un animal merveilleux
du temps où les bêtes parlaient

on va voir
cet ami disparu
qui écrivait dans L’Homme
la revue d’anthropologie

on va voir Maleiwa
fabriquer avec de la glaise
de Goajira
un homme éleveur
et sa femme cheval
une jument fécondant les mythes
d’un Monde Autre

on a bien vu
on a bien fait parler le papier
cette nuit où Rêve
a chanté à nos oreilles
ces paroles venues
à cor et à cri

Jean Jacques Dorio 18/09/2023 01 :01


FAIRE CRAQUER SA LANGUE

Faire craquer sa langue Comme une allumette qui éclaire La complexité inépuisable du langage

RACONTER SA VIE est un leurre pour lecteurs naïfs mais on peut laisser ses traces de divers moments vécus au cours d’une vie ou plutôt de plusieurs vies qui passent en nous : récits en prose mémoires oublis autoportraits multiples faits vérifiables ou imaginaires journaux intimes authentiques ou peu fiables paroles rapportées chroniques liées à l’histoire avec sa grande H enfin tout le fourbis et tous les pronoms qui n’ont de personnels que le nom le je du jamais moi le tu du souvent toi et l’il des anamnèses l’elle mon alter-égale le nous brisant le cogito vous n’auriez pas dû lire autant de lincuistres me souffle le penseur précieux de la société des individus ils partirent cinq cents et s’il n’en reste qu’un je serai le premier à pousser ses vies anonymes dans cet espace de papier

UNE PETITE HEURE EN DOUZE LIGNES

une petite heure pour décliner mes paroles sur le papier
une petite heure du côté de l’écriture dans le mano a mano de la lettre et de l’esprit
une petite heure en a parte à l’écart de la rumeur du monde
une petite heure où l’émotion, sans crier gare, au détour d’un visage sur papier glacé, point
une petite heure sans points ni virgules sans phrases préméditées
une petite heure où l’on donne carte blanche à la fantaisie et à l’imaginaire
une petite heure sur la carte grise des drames actuels et de la guerre
une petite heure où l’on passe Poutine à la moulinette de Jean Christophe Averty 
une petite heure dans l’hôpital de poèmes à réparer d’urgence
une petite heure où la plume gratte la peau d’un palimpseste qui résonne comme un petit tambour 
une petite heure dont les dernières lignes me sont offertes par Maître Charles Baudelaire
comme montent au ciel les soleils rajeunis après s’être lavés au fond des mers profondes