L’ARBRE DE STRAWBERRY HOUSE

Dans l’arbre où je rêve mes feuilles sortent d’un livre où les pages sont blanches et que je dois remplir tant bien que mal

Dans l’arbre où je pense : être ou ne pas être et que sais-je ? sont les questions qui me font frissonner

Dans l’arbre où je souffre, les docteurs de la forêt utilisent le terme de « captation embolique » pour décrire la rupture du fil d’eau qui court dans mes tissus de la racine à la cime

Et cependant contre vents et marées dans l’arbre où je dors la mort n’y mord

Italiques Shakespeare, Montaigne, Marot.



Londres quartier de Chiswick maison donnant sur la Tamise

Photo JJ Dorio 21 janvier 2024 12h57



https://eloge-de-l-arbre.over-blog.com/l-arbre-de-strawberry-house.html

EXERCICES DE PENSÉE

Je lis un pur lacanien
Dont je ne comprends goutte
Mais qui stimule mon écriture
Écrire comme lire
Accueillir ce qui trouble
Laisser s’ouvrir le rêve
Qui tentera de l’apaiser

J'écris et je vois double :
la littérature que je lis
tant bien que mal
et tout le reste
comme disait Verlaine

Tout ce qui permet
De lever la tête
De nos livres
Et de se livrer
À des exercices de pensée :

"Un ailleurs théorique et plausible
À notre ici compact et inéluctable"
version Tabucchi
Ou bien
"Inutiles phares de la nuit"
version Chateaubriand
Ou bien
(à toi lecteur / lectrice interactif/ interactive de l'écrire) s'il te plaît

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Martigues dimanche 17 décembre

UNE PENSÉE EN FORME DE POÈME

Nous étions assurés qu’ainsi
Se formait la pensée
Une fleur du même nom	

Jean Louis Rambour
à qui ce poème est dédié

« J’ai tendu des perches »
Un ami m’en remercie
Un post A.V.C.

Un ami poète
Immense minorité
Qui poursuit la quête

L’A.V.C. cruel
A attaqué son langage
Ça c’est le pompon !

Il me l’a écrit
Moi j’en suis tout remué
En plus il me donne

(Belle confiance)
Trente pages imprimées
Sorties de ses tripes

Des tableaux d’un peintre
En couleur en vis-à-vis
C’est impubliable

(Trop chères les pages)
Tiré en quatre exemplaires
Un précieux présent

Première impression
« Ça tient on ne sait comment » 
Mais si on le sait

Ça tient ça salue
Quarante ans d’écriture
Avec un pari

Pages une à une
Arrachées au désespoir 
Par l’activité

Avec des contraintes
J’écris en puisant dans chaque
Tableau de l’artiste

J’écris 18 lignes
Portées par un « Nous » qui noue
Nos belles couleurs

-Paradis vécus
D’une vie où tout fit sens-
À nos froides cendres

Oui du miel aux cendres
Selon les Amérindiens
Et selon Bleu roi

(Son titre choisi :
Nous étions sur le bleu roi)
Chevilles genoux

Nous aimions les fleurs
Les communes les subtiles
Ornant nos sonnets

Nous étions la brosse
En mouvement sur la toile
Des nuits étoilées

Nous avons aimé
Que nos corps s’inventent
Une éternité

Martigues 8 septembre 2023

photographie de deux pages

de Bleu roi

en vis à vis

tableaux de Ramzi Ghotbaldin

Texte de Jean-Louis Rambour

(tiré en quatre exemplaires :

pour l’instant on veut croire)

MAIS QU’EST-CE DONC QU’UN POÈME ?





Mais qu’est-ce donc qu’un poème ?

Une forme qui va, rit,

pleure, sur l’allégorie

de la désagrégation

qui ronge toute pensée.





Un rituel où j’arrache,

vers après vers, le chiendent

d’un monde instable, hostile.





Un poème s’en dégage

Où la vie trouve un passage.

Son livre joue d’écritures

Qui mêlent la tradition

-ce pur don de soi aux mots

forgés par les grands poètes-

À l’invention d’un présent,

heureux, dans l’inachevé.





V.XI.MMXX





une voix et l’invention d’un présent heureux…dans l’inachevé

	

MAIS D’OÙ TU PARLES MADAME POÉSIE ?

 


Si la poésie te parle un instant tu ne sais plus qui tu es
la poésie de l’instant c’est son présent
pur don offrande aux frères humains et aux sœurs lustrales

La poésie se tait aussi mais ne renonce pas
le regard embrassant un arbre suivant un insecte un oiseau
et si les mots se présentent il ne faut pas les manquer

La poésie ne sait pas ce qu’elle va découvrir dans sa quête inlassable
c’est le chemin qui n’existe qu’en le faisant
c’est cette ligne qui sans ses lecteurs s’enfonce dans le néant

La poésie naît d’un manque de l’existence
et meurt de la prétention de l’avoir aboli
dans une œuvre vouée aux honneurs

La poésie si elle n’est pas une expérience de vie et de pensée
sans cesse remise à zéro
n’est que la mer morte où agonise le soi-disant faiseur de poésie
 

















texte Jacqueline Saint Jean
page composée sur papier kraft
format 14x10cm
Dorio
19/05/2017