LA SEINE DE PARIS N’EST PAS LA SEINE DU HAVRE





La Seine de Paris n’est pas la Seine du Havre

L’une passe et se la coule douce

Devant les boîtes de livres

Amarrées sur les quais

L’autre a été mise en boîte

Par un fils de mer cière

Un Queneau

Qui loin du Pont Mirabeau

D’Apollinaire

Alla à l’école havraise

Apprendre bâtons chiffres et lettres

En se curant le nez.





Il était né un vingt et un février en mil neuf cent trois

Le pont Mirabeau parut en mil neuf cent treize

Noyé dans le recueil intitulé Alcools.

En mil neuf cent trente trois

Raymond Queneau raconta en vers sa sychanalyse

Moitié Chêne et moitié Chien.





La Seine de Paris qui finit au Havre

N’a pas fini de nous enfanter

EMPLOI DU TEMPS





EMPLOI DU TEMPS, temps mort, temps perdu, temps retrouvé, ô temps suspens

ton vol, temps élastique, temps employé à ne rien faire, à faire l’enfant, à croquer

le marmot, danser le tango, tant va la cruche à l’eau, allo allo quelle nouvelle ?

lis donc Le Temps, le journal de Genève, le temps banquier, le temps banquette,

le temps boit l’eau de la fontaine, devant laquelle le poète Marot concourt, mourant

de soif, le temps court, le temps long, cours cours camarade, le vieux monde est

derrière toi, le temps sur la mer, toit tranquille, le temps des colombes de la paix,

le temps des assassins de la poésie, le temps des patatipatalis et des patatatipatalas,

le temps d’un alexandrin : si je parle du temps, c’est qu’il n’est déjà plus, il est temps

de boucler, cet exercice, ce laps où je n’ai pas vu le temps passer.





italiques : Lamartine, Queneau.


	

QUENEAU NOUVEAU DOCTEUR CONTRE LE CORONA





Le roi Raymond Queneau écrivit dix sonnets

Dont chaque alexandrin fut par lui séparé

Sur quatorze languettes de papier découpé

10 puissance 14 vous zavez ka compter*





Moi je les ai classés dans ma verte chemise

Je les apprends par cœur chantant leur Oulipo

Je conseille le remède à ceux que traumatise

Le virus du covid qui leur vide la peau





Le poète inspiré c’était bon pour Homère

L’aède de l’Iliade exaltant les Héros

Les Grecs s’écrabouillaient faisant pleurer les mères





Les poètes oulipiens c’est plus terlintintin

Des dieux ils ont soupé ils préfèrent les lutins

Qui nous délivrent du mal mais non des chocs verbaux





 *Cent mille milliards de poèmes

Raymond Queneau

dimanche 03/05/2020

UN PEU D’ART

écrit tel quel
premier jet
28/03/2020
01h55




2

Un peu d’art chanter comme un cheval

Un peu d’art mon royaume pour un Chagall

Un peu d’art la fleur à la boutonnière

Un peu d’art taper sur son enclume





Un peu d’art au clair de la lune

Un peu d’art mon ami Queneau

Un peu d’art ma cousine Bette

Un peu d’art avec des chapeaux ronds





Un peu d’art du beurre dans les épinards

Un peu d’art pour percussions et épinette

Un peu d’art pour les temps difficiles

Un peu d’art dis-je en vers lyriques





Un peu d’art pour sortir du pétrin

Un peu d’art pour le galet de Ponge

Un peu d’art qui roule sur ce texte

Un peu d’art le livre se referme





c'est Dorio qui l'a fait
Mais Queneau l'a aidé


7 POÈMES DE MAINTENANT LE CORPS AU NAGUÈRE
 
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

Paul Verlaine
JADIS ET NAGUÈRE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

UN PEU D’AIR

1

Un peu d’air qui court dans les rues

Un peu d’air qui bat la campagne

Un peu d’air pour fendre les flots

Un peu d’R aimons Queneau





Un peu d’air sur l’identité

Un peu d’air bâti sur le roc

Un peu d’air sur les buildings de New York

Un peu d’air Do Rio de Janeiro





Un peu d’air qui va à tout vent

Un peu d’air sorti d’un accordéon

Un p’tit air de manouche à Saint Ouen

Un peu d’air de jazz blues rouge et blanc





Un peu d’air à voix de Sirène

Un peu d’air  pour nous dire Adieu

Un peu d’air sur nos joies nos peines

Un peu d’air dans l’inachevé









7 POÈMES DE MAINTENANT LE CORPS AU NAGUÈRE

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.
Paul Verlaine
JADIS ET NAGUÈRE