POINTE FINE POINTE COURTE

JE VAIS ENCOR ÉCRIRE jusqu’à ce que ma page soit pleine (ma plage soit peine)

Je vais encor écrire sans compter les signes sans me signer et même sans signer cet écrit

Je vais encor écrire à ma main avec cette pointe fine qui me fait penser à la Pointe Courte

Ce quartier sétois où les pêcheurs d’antan pratiquaient les petits métiers

Lançant leurs filets remaillés à bord de leurs pointus dans l’étang de Thau

Cette Pointe Courte où Agnès Varda réalisa son premier film en 1955

Format 35 mm noir et blanc musique Pierre Barbaud + thèmes folkloriques locaux

Avec Philippe Noiret :

Lui : « Avoue que c’est gai chez moi. Tu ne regrettes plus maintenant d’être venue ?

Et Sylvia Montfort :

Elle : « C’est toi que je vais aimer, natif de la Pointe Courte, fils d’un charpentier de marine,

amateur de joutes et de soleil.

Voilà j’ai encor écrit porté par le flot des lignes des signes

des souvenirs des choses vues imaginées

J’ai écrit sans y penser dans une nuit provençale profonde

J’ai écrit en silence

avec des phrases plus ou moins achevées fragiles

et comme j’en ai fait la promesse

sans signature et sans point final

PERSONNE NE SE DOUTE

PERSONNE NE SE DOUTE que ce texte s’écrit pour une lectrice rencontrée un jour de vent se levant au musée Paul Valéry de Sète dans la salle consacrée au maître qui mort en 1945 (quand naissait le passeur de ces fragments) tente de survivre dans sa tombe du Cimetière Marin que l’on aperçoit depuis la fenêtre sud-ouest du dit musée en présence d’un autre fantôme de la non-littérature celui du dénommé Pessoa cette Personne experte en dessasosego « l’intranquillité » dont l’aveu suivant est tout un poème : Je suis comme un homme qui chercherait distraitement quelque chose et qui, entre la quête et le rêve, aurait oublié ce que c’était…

portrait de Paul Valéry présent dans la salle qui lui est consacrée au musée Paul Valéry sur les hauteurs de Sète photo Dorio prise le jeudi 6 mars 2024

ET DE QUOI MEURT-ON ?

Et de quoi meurt-on ? Si ce nest du Temps qui nous joue, la vie durant, de la mandoline, ce petit instrument à forme damande, avec ses six cordes doublées à lunisson, dont Vivaldi fit un concerto sublime pour les jeunes filles quil saoulait de musique à « lOspedale de la Pietà. »

Et de quoi meurt-on ? Si ce nest de pitié pour un cheval frappé à mort, sur une place de Turin, par un cocher ivre danimalité, et que Nietzsche dans un dernier geste embrasse à lencolure avant de seffondrer pour léternité.

Et de quoi meurt-on ? À Sète cette fois, sur les pentes du « Cimetière marin », sur une page où la forme décasyllabe hume la future fumée de Valéry, lImmortel à lépée académique.

Ou bien, cest en bas, au cimetière des pauvres, que lautre sétois, « lhumble troubadour », exhibe sa « Supplique », en alexandrins sil-vous-plaît, faisant du pédalo, « éternel estivant », sur la plage de la Corniche.

Et de quoi meurt-on ? « Ce n’est guère important », pense Montaigne « plantant ses choux » et « nonchalant » dElle faucheuse, camarde, camarade du dernier souffle.

Ou bien, surprise du chef, cest Rambour le poète de Bayeux qui maide à pousser mon dernier soupir, dans une page de son ouvrage La nuit revenante, la nuit. Car on meurt de tout cela, jusquà la dernière note de mandoline sur le générique1

1 Jean-Louis Rambour LA NUIT REVENANTE, LA NUIT  Edition des Vanneaux (2005)

Mais on peut aussi « refuser de mourir » :

PHÉNIX

En procédant à limpossible rangement des livres de mes bibliothèques, jai effacé tous les noms dauteurs. Des voix anonymes sélèvent du papier, images de lévidence poétique ou paroles qui peu à peu séteignent.

À la fin, ma librairie est réduite à une planche branlante de cerisier.

Le peu de livres réunis ont retrouvé un auteur unique refusant de mourir ;

Oiseau des vents, pierre vive, arbre enchanté, métaphores vives embrasant Phénix.

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

SI J’ÉTAIS UNE MOUETTE

si j’étais une mouette
une chanson pour les enfants
et pour les raffinés

SI J’ÉTAIS UNE MOUETTE

Voix paroles et musique

Jean-Jacques Dorio





Si j’étais une mouette

Je volerais dans le bleu

J’irais de Martigues à Sète

Un voyage fabuleux

Si j’étais un ptit lézard

Je serais un baladin

Qui écouterait Mozart

Sous les pierres du jardin

Mais je ne suis qu’un enfant Avec mon corps d’écolier

Qui rêve de temps en temps De partir de s’envoler

Si j’étais un poisson-chat

Dans mes océans bleuis

J’aurais un’ vie de pacha

Les yeux toujours éblouis

Si j’étais cet oiseau-lyre

Du poème de Prévert

Je sortirais du pupitre

Ma musique de trouvère

Et je serais cet enfant Avec mes ail’s d’écolier

Qui s’en irait dans le vent Pour partir pour s’envoler