ENTRE DEUX SOMMES

Pousser la porte sur le vide

La page vierge à convertir

Faire lever comme le blé

Au travers de la nuit

Des images se forment

À sauts et à gambades

Comme un livre des merveilles

Un devisement du monde

Entre bourdes et fables

Et la suite jusqu’à la chute

Où sommeil non la mort

Va nous fermer les yeux

EN SOMME

 
Chaque nuit entre deux sommes
Tu vogues toujours et encor
Vers Ithaque errant éternel
Tournant tes feuilles recto
Verso du travail de mémoire
Qu’un poème comme un clap
Sur la langue du lexique multiplié
Ébranle éclabousse de tes écumes
De nuit tes pensées de papier
Entre deux sommes


AJOUT

JE ME RÉVEILLE D’UN COURT SOMME

Cette histoire de soi qui s’écarte de moi, ce n’est pas que dans les livres.

Je me réveille d’un court somme, (le premier de la nuit), avec la sensation d’une conscience paradoxale :

je ne sais plus l’espace d’une seconde où j’habite, quel jour on est, quelle est mon identité…

Ça pourrait semer le doute, ça me donne l’énergie venue de ce courant mystérieux « antérieur à la connaissance » d’un questionnaire inhabituel :

qui ne suis-je pas ? ce que n’est pas mon identité ? ce que je ne sais pas ?

ENTRE DEUX LIGNES

une voix entre deux lignes




Je fais le tour de mes pages d’écriture

                                                                  au ralenti

                                                                                          et en silence





Entre deux lignes plusieurs minutes

s’écoulent

Comme celles d’un procès

                       en procrastination





Et combien d’entre elles passent

          à la trappe !

Par exemple, curiosité de l’instant,

cette lune à la fenêtre,

dont je ne sais que faire

où la placer sur le papier





Entre deux lignes, c’est le cas de le dire,

Je n’ai aucune ligne préétablie

Aucune ligne à suivre





Mais quand soudain passent les Djinns

« Mur ville et port »

La page entre deux plages de petits sommes

est terminée…

Je m’endors






	

UNE PROSE ENDIMANCHÉE





J’ai tourné et retourné sept fois la langue dans mon songe, tant et tant que je l’ai effacé. Et je suis là dans mon lit de réveil, la tête vide, sans images, après ce premier somme.

Dans un quart d’heure samedi va basculer vers ce jour où enfants on nous endimanchait.

Lors, il était interdit de marcher dans le ru, de bleuir ses doigts à la haie de mûres, de jouer au béret dans la fange du pré.

Comme souvent, mais à condition que l’on ait son cahier de nuit prêt à accueillir l’encre d’une plume, le vide créé dans ma caboche m’a permis, après un long temps de quasi hébétude, de faire émerger ses images d’un paradis enfantin que l’on croyait perdues.

Ma prose maintenant est passée, je peux refermer le cahier.





passage du 19 au 20/12/2020

Un ajout

Moi et Soi

Cette histoire de soi qui s’écarte de moi, ce n’est pas que dans les livres. Je me réveille d’un court somme, (le premier de la nuit), avec la sensation d’une conscience paradoxale : je ne sais plus l’espace d’une seconde, où j’habite, quel jour on est, quelle est mon identité…Ça pourrait semer le doute, ça me donne l’énergie venue de ce courant mystérieux « antérieur à la connaissance ».

JE NE SAIS PAS FERMER LES YEUX

une page
écrite les yeux fermés
Dorio
17/05/2020
Je ne sais pas fermer les yeux
d'un premier somme de la nuit
sans les avoir préalablement
laissés courir sur les pages d'un livre

Une fiction une manière de s'oublier
dans un monde lointain étranger
au vieil enfant qui passe ainsi
de son identité à son inidentité

Mais laquelle est la plus vraie ?
Nous demandent Shakespeare ou Lopé ?

Plus on vieillit plus des voix bruissent
sur la scène d'un théâtre
d'éclairs de tempêtes de bruit de portes
et de soupirs qui troublent nos mémoires

Qui parle alors en soi ?
Quelle étrange personne nous invente
ivrogne gueux 
soldat sans patrie
ou roi découronné ?