SONNET DE L’ÉTRANGER





Cette nuit maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.

Albert Camus  (L’Étranger)





Plutôt que d’accepter le cours des événements

Je lis dans mon lit innocent

Cette nuit par exemple maman n’est pas morte

Devant son feu de cheminée.





Je lui ai dit dans mon rêve

Que j’allais lui ramener une orchidée en or.

Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter.

Que le petit chat n’était pas mort.





Je lui ai dit que si la mort heureuse n’existait pas

Du moins le dernier livre que j’avais écrit

Lui ferait oublier la sienne.





– Et comment l’as-tu appelé, fils ? m’a-t-elle demandé.

L’étranger, maman.

L’extraordinaire étranger.


	

LE SPLEEN DE PARIS





Je relis le Spleen de Paris

De l’énigmatique étranger

Apatride et sans amis

Haïssant l’or comme nous Dieu

Mais comme il aime les nuages

qui passent…tout est pardonné.





La neurasthénie et le spleen

Se sont évanouis depuis

Du moins leurs mots mais par leurs maux.

(Un vers je l’avoue trop facile)





Le poète avait sa fierté

Son orgueil face à la Nature

« Enchanteresse et sans pitié »

Ses fleurs du mal étant flétries

Il se lança dans cette prose

Ivre de sens renouvelés





Relisez le spleen de Paris

Ses invitations au voyage

Offert à la sœur d’élection

Ses tulipes noires et ses dahlias bleus !


	

JE NE SAIS PAS FERMER LES YEUX

une page
écrite les yeux fermés
Dorio
17/05/2020
Je ne sais pas fermer les yeux
d'un premier somme de la nuit
sans les avoir préalablement
laissés courir sur les pages d'un livre

Une fiction une manière de s'oublier
dans un monde lointain étranger
au vieil enfant qui passe ainsi
de son identité à son inidentité

Mais laquelle est la plus vraie ?
Nous demandent Shakespeare ou Lopé ?

Plus on vieillit plus des voix bruissent
sur la scène d'un théâtre
d'éclairs de tempêtes de bruit de portes
et de soupirs qui troublent nos mémoires

Qui parle alors en soi ?
Quelle étrange personne nous invente
ivrogne gueux 
soldat sans patrie
ou roi découronné ?











	

JE RÊVE DONC JE SUIS





La nuit venue

Je ne dors plus

Ou bien si peu





Mon dormeur d’antan

Est devenu soupe au lait





Il ne dort que d’un œil

L’autre tourne en des mondes

Traversés d’étranges pensées





Je rêve donc je suis

Cet autre inconnu

L’étranger de soi-même

Qui pousse le blasphème

Jusqu’à perdre toute identité





Mais la perte est légère

Un bien être passager





Dormeurs des deux oreilles

Vous devriez essayer