Je ne vois plus le jour
qu'au travers de ma nuit
Je ne vois plus la nuit
Que comme un jour sans fin
Toujours en mouvement
De rêves en rêveries
Les images me fuient
Les images me font
Un corps de magicien
Un corps écartelé
Qu'un poème parvient
À rassembler parfois
Et d'autrefois je laisse
Aller le pur hasard
l'amorce en italique est de Jules Supervielle
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AÑORANZAS PORTEÑAS
J’AI VU LA PAMPA Non au petit trot du cheval de Jules Supervielle Mais du haut d’une avioneta qui tanguait dangereusement J’ai connu la bise du 14 juillet 1970 qui s’engouffrait dans les rues de Buenos Aires J’ai parlé le lunfardo des porteños avec une compañera rencontrée dans un bar de la rue Sierpes (le livre de Borges sur l’argot de la capitale sous les yeux) Vous pouvez en douter Vous qui me lisez dans les villes de l’Europe sans gauchos montant à cru Jurant à lasso raccourci Dans le coral de l’estancia disparue proche du mot saudade,(vague à l’âme, nostalgie), le mot añoranza est impossible à traduire
QUELLE EST CETTE ÉCRITURE ?

CI-DESSOUS

Je ne sais je ne sais
et pourtant c’est ma main
qui l’a tracée
ce dix mai
à « une heure » précisément
à l’horloge de ma chambre
en moins d’une minute
qui l’a tracée
au cœur de la nuit
comme dans un rêve
une main qui rêve et se lance
sans retenue
à la recherche d’une écriture
qu’elle a nommé
-faute de mieux-
HYPNOGRAPHIES
un mot maison
entré une nuit intime
nuit en moi nuit en dehors
je connais par cœur
cette ligne de Supervielle
qui m’émerveille
comme un bestiaire
dont chaque animal est un signe
qui représente une part de moi-même
de ce dictionnaire à part moi
que je m’efforce de fabriquer
j’ai relu hier les quatrains
ou les quintils
du Bestiaire
ou Cortège d’Orphée
d’Apollinaire
illustrés des bois de Dufy
mentalement puis en les chantant
sur mon piano
et maintenant c’est comme si
chacun de mes glyphes
composés cette nuit
était un œuf en chocolat
trouvé sous les étoiles