J’ÉCRIS VIDAL

En pleine nuit midi 
J’écris d’un coup de tête
Sorti du ventre de ma mère
En pleine nuit Je dis Oc
Ma langue d’origine
J’écris dans le sillage
du troubadour Peire Vidal
Le nom porté par ma branche maternelle
Je forge ce poème maladroit
Mais vivant et têtu
Dans ce verbe trobar
Qui célébrait les Dames
et l’amour de Courtoisie
En pleine nuit midi
Ses douze coups
Qui vibrent dans la tête
D’un troubadour perdu

Jean Jacques Dorio À sauts et à gambades Encres Blanches 402 janvier 2010

PLUS RIEN À PERDRE

PLUS RIEN À PERDRE

Plus rien à perdre
(perdre la face
figure frimousse)

Dans ce petit val
qui mousse de rayons
Où s’oublie

Ivre de soleil
L’alouette
 la lauzeta des troubadours :


s’oblida
e laissa cazer
per la douçor
qu’al cor li va

Plus rien à perdre
Sur le chemin 
Qui touche à sa fin

Mais que l’on continue
Comme jamais
À fatiguer


Coudre et recoudre
Faufiler
Quelque part dans l’inachevé


avec Rimbaud, Ventadour et Rilke





GAI SAVOIR GAYA SCIENZA GAI SABER

DEUX JUIFS TROIS OPINIONS Je ne suis pas juif mais je suis d’accord Il y a longtemps c’était durant l’empire de la Joie qui dura un mois en Mai 68, un avocat de profession, que je ne croisais qu’une fois dans ma vie, me dit : -Avec toi c’est extraordinaire, tu commences par une affirmation et au fur à mesure que tu la développes, tu termines par son contraire et…ça passe comme une lettre à la poste. Et quand on écrit (pas seulement quand on parle comme je le faisais, soi-disant, à cette époque bénie des dieux de la parole inscrites sur les murs), On est un Autre : un peu yiddish, un peu mouton, un peu petit Prince, Démocrite d’Abdère, Parménide d’֤Élée ou Héraclite l’Obscur…Gai savoir, Gaya Scienza, Gai Saber de nos troubadours, tout le contraire de prendre la chose au sérieux comme font les philosophes pensifs le cul sur leur chaise métaphysique : N’est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères qu’ils soient le reste du temps avec toute certitude, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée Nietzsche Après ça un peu de Billie (Holiday) ou de Raymond (la Science) dont le nom était Queneau et qui offrit à Zizi (Jeanmaire) cette chanson universelle : Je suis une croqueuse de diamants Les diamants c’est ma nourriture J’aime quand ça crisse sous mes dents Un texte écrit ce dimanche matin 26 février 2023, difficile à saisir sous ses multiples aspects comme on dit, auquel il faut pour avoir une chance de le voir subsister arracher les rhizomes de son chiendent

C’EST L’PRINTEMPS

AGENDA du 15 au 21 mars 2021
Lundi 15/03/2021


0h53   Et c’était déjà notre destinée Qui nous regardait sous votre voilette. Je connais par cœur ce poème de Verlaine évoquant la petite épouse et la fille aimée. Mais c’est la première fois, Covid oblige, que je l’assimile aux personnes masquées que je croise au marché, sur la plage et dans les premiers romans faisant état des moitiés de face et des corps en retrait. Sylvie Germain Brèves de solitude   1h05

Mardi 16/03/2021

3h00    La plume m’a donné plusieurs propositions pour laisser trace de ce jour, mais je n’en ai retenues aucune.   3h15

Mercredi 17/03/2021

3h10   Après plusieurs essais ratés, la mise en forme d’un court texte (fragment, esquisse, poème) nous apaise. Et nous met en présence d’un des secrets fragiles des vies de ceux et celles qui ont besoin de (se) raconter. La vida no es la que uno vivió, sino la que uno recuerda y cómo la recuerda para contarla. Gabriel García Marquez Vivir para contarla « La vie n’est pas ce qu’une personne a vécu, mais ce dont elle se souvient et de quelle manière elle s’en souvient pour la raconter. » Vivre pour la raconter.  3h13 + le temps de la citation et ma traduction.


Jeudi 18/03/2021

1h40   Sotz folha d’albespi. « Sous le feuillage de l’aubépine » Quel plaisir de retrouver ce fragment occitan d’un troubadour dans la langue de ma lignée…valets de ferme, fermiers puis paysans enfin libérés du poids des maîtres.    1h42

Vendredi 19/03/2021

Original en ses deux sens : premier et singulier.

J’ai été le premier de la famille à “faire des études” après “l’école primaire” j'ai fait comme il se doit, "le cours complémentaire" (avant que le nom disparaisse changé en “collège”), puis le lycée que j'ai quitté au bout d'un an pour l’École Normale d’Instituteurs (le graal pour une famille issue des valets de ferme puis de petits paysans), et un peu d'Université. Le premier, côté homme, à ne pas faire son “service militaire” mais la “coopération culturelle” donnant des cours joyeux  de langue française sous les tropiques caraquègnes.

Singulier? Sous l’angle du langage le souci constant de se soustraire à la servitude volontaire de la culture de masse par des lectures incessantes dans tous les domaines, les alertes et les impasses, le temps long laissé à l’incompréhension, la confusion, à condition que Conatus nous maintienne. Persévérer, échanger, susciter, ondoyer, avec et pour autrui, poésie de la pensée, pensée de la poésie. Et puis à la fin de l’histoire, avec sa petite hache, la disparition Qui au sortir d’un Corpus compilant nous conduira tout droit au zoo.

italiques : Étienne de la La Boétie, Baruch Spinoza, George Steiner. Georges Perec

Texte initié à 5h50 puis repris pour un dictionnaire à part moi. (texte au long cours, en cours)


Samedi 20/03/2021

2h55           Grâce à « la conversion numérique » je viens de « poster » sur mon blog poésie mode d’emploi un poème en 3 dimensions : « la pièce écrite la main », sa modification en la recopiant sur le clavier avec son traitement de texte et ma voix qui dit le texte final, en essayant d’être le plus naturel possible.     2h57

Dimanche 21/03/2021


4h27  C’est l’printemps. Depuis 68, allez savoir pourquoi, pas une année où je n’ai écouté (plutôt deux fois qu’une), le premier jour de la saison susdite, cette chanson enjouée de Ferré. Y a la pluie qu’y est passée chez Dior Pour s’faire l’modèle Soleil d’Or.   4h30