UN TEXTE DE NUIT PAR TROP NÉGLIGÉ Réveil de nuit Plutôt que de gamberger dans le noir absolu Je prends la plume sous ma lampe de chevet Pour aller où elle me guidera Même si parfois je ne sais plus où je vais J’erre sur l’aire d’une surface blanche Pour un peu je badauderai en me faisant clown pour l’amour d’une écuyère du cirque Médrano Voilà je range plume et cahier J’éteins les feux et je réfléchis dans la nuit retrouvée comment je pourrais transfigurer en un poème ce texte par trop négligé
Category Archives: Une écriture à part soi
GAI SAVOIR GAYA SCIENZA GAI SABER
DEUX JUIFS TROIS OPINIONS Je ne suis pas juif mais je suis d’accord Il y a longtemps c’était durant l’empire de la Joie qui dura un mois en Mai 68, un avocat de profession, que je ne croisais qu’une fois dans ma vie, me dit : -Avec toi c’est extraordinaire, tu commences par une affirmation et au fur à mesure que tu la développes, tu termines par son contraire et…ça passe comme une lettre à la poste. Et quand on écrit (pas seulement quand on parle comme je le faisais, soi-disant, à cette époque bénie des dieux de la parole inscrites sur les murs), On est un Autre : un peu yiddish, un peu mouton, un peu petit Prince, Démocrite d’Abdère, Parménide d’֤Élée ou Héraclite l’Obscur…Gai savoir, Gaya Scienza, Gai Saber de nos troubadours, tout le contraire de prendre la chose au sérieux comme font les philosophes pensifs le cul sur leur chaise métaphysique : N’est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères qu’ils soient le reste du temps avec toute certitude, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée Nietzsche Après ça un peu de Billie (Holiday) ou de Raymond (la Science) dont le nom était Queneau et qui offrit à Zizi (Jeanmaire) cette chanson universelle : Je suis une croqueuse de diamants Les diamants c’est ma nourriture J’aime quand ça crisse sous mes dents Un texte écrit ce dimanche matin 26 février 2023, difficile à saisir sous ses multiples aspects comme on dit, auquel il faut pour avoir une chance de le voir subsister arracher les rhizomes de son chiendent
MA VIE À MOI
MA VIE À MOI à toi à tu Ma vie parlée et ma vie tue Ma vie l’esprit débordant du cadre de mes photographies (du bébé joufflu au dernier portrait que m’aurait fait Nadar allongé dans mon plumard) Ma vie rêvée l’ai-je bien fantasmée ? Ma vie d’un « je » ouvert par la littérature d’un reclus célèbre couchant sur le papier les vies de personnages de salon qui se croyaient immuables quand tout leur monde était en train de disparaître Ma vie à moi écrite en maints poèmes sur les ardoises du toit Ma vie donnée dans l’abécédaire d’un dictionnaire à part moi Ma vie du vieil homme et la mer Ma vie de Montaigne à sauts et à gambades Ma vie délibérément anachronique « vie fugitive » « vie devant soi » Ma vie de vieux muet assis dans le métro lisant le capitaine Fracasse en bande dessinée Ma vie croisant ces mots de l’auteur de la vie mode d’emploi : « Un père éternel » réponse « Lachaise » Ma vie de bâtons et de lettres disparaissant dans des cartes et feuillets noircis en secret entre soi et soi entre moi noir chevelu et moi blanc dégarni Ma vie et moi et toi ma conscience de l’instant qui vient séance tenante m’en libérer
UN TEMPS INTERROMPU
J’ÉCRIS DANS UN TEMPS INTERROMPU (ni ininterrompu, ni perdu, ni retrouvé) J’écris dans un temps qui jouit de la douceur de la bonne santé J’écris dans l’impensé des nuits des corps rongés par l’infâme crabe J’écris dans le mouvement qui me fait passer au travers de périodes séparées de ma petite histoire J’écris de Jadis succédant au Maintenant J’écris sur les chemins des mythes qui reculent vers le futur J’écris à contre-temps des chroniques anachroniques J’écris en lisant, veillant à y voir clair dans mes Ombres errantes 1 J’écris pièce par pièce ce qui ne peut-être rapiécé J’écris sous les pavés page après page 1François Couperin
J’ÉCRIS À SHÉHÉRAZADE
J’ÉCRIS À SHÉHÉRAZADE croisée à la bibliothèque des Mille et une Nuits J’écris toutes les nuits ces fragments narratifs qui me maintiennent en vie J’écris au-delà de tout contexte historique, les épîtres d’un troubadour du siècle XXI dépourvu de langue occitane J’écris ou plutôt je réécris ces vers virtuels qui eurent leur heure de gloire mais qui se sont perdus J’écris pour les lecteurs qui passent leur nuit à se réinventer en se cognant à leur for intérieur J’écris comme un conteur qui n’entrera jamais dans les pages d’un livre J’écris en mélangeant pensée magique et pensée d’un célèbre chimiste : Rien ne se perd Rien ne se crée Tout se transforme J’écris en transformant cet essai