LE CHANT PERDU DE L’ALOUETTE

Mais où sont passées les alouettes
Avril sans oiseau
C'est un poème sans mots
Un cerisier sans fleur
Une nuit sans lune
Une histoire sans fin


Et l’alouette dit le savant
Déroule avant l’aube
Son chant nuptial
Le plus modulé et subtil
du printemps
Un poète en somme
Qui défie l’obscure menace
Sa seule arme
Son chant et l'amour
Qu’il invente
Au cœur de la nuit même

Danielle Nabonne

Can vei la lauzeta mover
De joi sas alas contra’l rai
Que s’oblid’ e’s laissa chazer
Per la doussor c’al cor li vai

Bernard de Ventadour

Quand je vois l’alouette mouvoir
De joie ses ailes de soleil
Puis s’oublie et se laisse choir
Tant la douceur au cœur lui vient

(une de mes traductions)




MON CARNET EN PAPIER KRAFT et sa page 386

Mon crâne Vanité que j’imagine mangeant le livre de ma vie 
Mon alcool doux comme une épingle de nourrice
Mon chant de l’alouette sur la Terre de Feu
Ma mémoire d’éléphant rongée par la petite souris des sables
Ma cellule de base qui bat dans la nuit noire
Ma voix que tu ne voies plus un linge blanc fermant ta bouche
Mon carnet de houx vert et de bruyère en pleurs

TOURMENTS DE CEUX QUI FONT SONNETS JE N’AI



Tourments de ceux qui font sonnets je n’ai
Je connais bien leurs règles que j’applique
ou pas Quant au public je n’en ai pas
Ou si peu que peu me chaut de lui complaire

Écrivant méditant je ne cherche rien d’autre
Que la surprise l’éclair le trait le clou
Qui déchirent l’espace ma page qui font coucou
à Protée à Orphée et qui se rient de nous

Ainsi en ce moment couché sur l’herbelette
fictive de mon poème J’ouïs le rossignol 
et l’alouette qui jargonnent fredonnent
leurs hymnes langoureux mêlés à leurs plaintes
d’être non écoutés par leur ingrate maîtresse
qui préfère dormir paresser… ignorer leurs prouesses

avec Ronsard (Continuation des Amours)


L’ALOUETTE ET LE FUSIL

Can vei la lauzeta mover
De joi sas alas contra’l rai
Que s’oblid’ e’s laissa chazer
Per la doussor c’al cor li vai

Bernard de Ventadour 

Tenant à peine debout
Dans le jour qui ne parvient pas
À se lever
Tenant à peine debout
Mais suivant les appels
De la petite déesse lauzeta
L’alouette inscrite
Dans la plus haute des poésies
Occitane
Celle qui s’élance illuminée de joie
Contra’l rai
Dans les rayons du soleil qui moussent
Et font battre les ailes
De l’oiseau de Ventadour
Puis hésitante, étourdie, s’oubliant, en suspens
– on ne saurait dire –
Elle fait entendre alors ce chant unique
Qui fond de désir et de douceur…

Avant qu’un fusil ne vienne l’abattre !


*

Quand je vois l’alouette mouvoir
De joie ses ailes de soleil
Puis s’oublie et se laisse choir
Tant la douceur au cœur lui vient
(une de mes traductions)




DANS LE HAMAC 23 VERS PAR RACCROC





Brisez les cadres avant que les cadres ne vous brisent !

Gaston Bachelard





Babil Babel Soleil naissant

Quand l’Alouette

De joie s’oublie aux rais

Puis plombée par un méchant chasseur

Va tomber dans la poussière de l’azur





Les faux beaux jours ont fui

O ma chère pauvre âme

On dirait du Verlaine

Mais c’est du seul Dorio

Se balançant

Dans son hamac tissé de mythes

Et de poèmes de hasard





Dans ce lieu de Provence maritime

Où le vent ce matin

Lui dicte ces vers par raccroc





Profitez de chansons

Quand Amour est présent

Profitez de la pomme

Jusqu’au dernier pépin





La première mésange

Joue sur l’abricotier

La vie est éphémère

On n’y voit que du bleu

hamac des mythes et des vers par raccroc