
C’est la dure nuit de Noël
La Faim étend son linceul blanc
Sur les enfants d’Afghanistan
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour

C’est la dure nuit de Noël
La Faim étend son linceul blanc
Sur les enfants d’Afghanistan
tu dis – les enfants aujourd’hui un peu partout se cassent… -Normal ils sont fragiles non ? Daniel Biga Ils sont fragiles parce que… l’écran les prive de monter aux arbres internet les interne dans des jeux vidés Ô de danses sur le volcan ! l’école les laisse des jours entiers Assis de vrais petits amours de chaises en lisière 1 Les enfants aujourd’hui Donnez-leur s’il vous plaît Ma Bohème et ses rimes le long des routes Des fugues sur des bateaux ivres d’Amazonie Et de recherche de l’infini Des enfants éveillés résistants Pour qu’un peu partout Ils se cassent !

Après que le pas a été ouvert à l’esprit, j’ai trouvé comme il advient ordinairement, que nous avions pris pour un exercice malaisé et d’un rare sujet, ce qui ne l’est aucunement. Michel de Montaigne (Des vaines subtilités)
Il y a hasard et hasard
et je n’écris pas ça
par hasard
je jette les dés
je sors les mots
de mon chapeau
j’oublie ce que je vais dire
je frotte mon stylo feutre
sur le grain de folie
de ce papier d’artiste
Il y a hasard et hasard
et j’écris ça
par hasard
j’en fais don
aux enfants
joyeux joyeux
innocents et sans
arrière-pensées
j’en fais don
aux patients
et aux obstinés
qui ouvrent le pas
à la liberté incertaine
mais exaltante
des exercices artistiques
propres à notre Esprit
J’écris en m’aidant d’une corde reliée à mes origines ...toujours à venir J’écris avec le cordon qui relie les enfants d’une sortie pédagogique J’écris depuis un temps zéro Passé néant Futur inexistant J’écris sur le pont d’un navire Où peu de voyageurs écrivent le français J’écris pour une répétition générale Qui laisse la place à des variations Indiquées à tel et tel endroit Comme le fait Phil Glass sur ses partitions J’écris l’endroit et l’envers d’un décor Qui s’estompe dans la brume de mon inconscient J’écris sans faire d’histoire, de contingence, de survivance, de désir de faire briller mon étoile dans la constellation des rêveurs éveillés J’écris attentif à reprendre certains termes de vieille coutume dont le lecteur inattentif ne mesure pas toujours l’arrière plan historique J’écris malgré les plaies et les bosses, les boss qui fanfaronnent devant les peuples de la Grande Garabagne imaginés par Henri Michaux J’écris fuyant les genres littéraires et le sommeil cousu de fil blanc J’écris avec la terre et l’eau les courants en feu le naturel qui plonge le corps humain dans un apprentissage sans fin J’écris par Jupiter ! par Confucius ! par Nobles Messieurs et Gentes Dames Chers et Chères amies J’écris Tao Tao J’écris sur le temps qui n’existe pas selon le cours dicté par Norbert Elias alors qu’il entrait dans le royaume borgésien des non-voyant J’écris en refusant de me laisser prendre aux mots J’écris Arrêt en cours en perdant le mélange de toutes ces choses que je viens d’écrire J’écris pour me désencombrer l’esprit
La naissance des enfants
Et des petits faons
Les Constellations de Joan Miró
Peintes à la gouache
Et à l’essence sur papier
Les poésies de Charles d’Orléans
au puits profond de ma mélancolie
L’encre noire comme le sang
de nos nuits sans encrier
La Fraternisation
portée au plus haut point
En Mai 68
La Disparition
Ce livre sans eux
Et ce dernier vers
Pour Celle
Que la mort a fauché