S’abonner pour poursuivre la lecture
Abonnez-vous pour avoir accès à la suite de cette publication et au contenu réservé aux abonnés.
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
Abonnez-vous pour avoir accès à la suite de cette publication et au contenu réservé aux abonnés.
Aujourd’hui
Ce mot posé sur ma feuille
Comme la main remuant les cendres
Pour souffler sur la braise de ce jour hésitant
Aujourd’hui
Sans hésiter
Refusant de prime abord les bruits du monde
le journal des penseurs orgueilleux
et les radios des amuseurs de pauvres gens
Aujourd’hui
Commençant pas à pas
le chemin inconnu de ce poème
que je lis en l’écrivant
plus lentement que n’allait Prévert
à l’enterrement de ses feuilles mortes
Aujourd’hui
Ce jour du lundi 21 septembre 2020
AIMER ALLER ARTISAN ASTÉROÏDES AUJOURD’HUI BABELS BOOMERANG BIOGRAPHIE BLOG BOURRU CARNETS CHEMIN CHUTES COUTEAU DANGER DÉDICACES DIABLE DORIO EFFLEURER ÉNIGME ESSAI EXIL FANTAISIE FÉTUS FRAGMENTS FRONT GAMMES GNANGNAN GRAINS GRATUIT HAÏKU HOCHET MANIÈRES MARTIGUES MÉMOIRE MOINEAU MORT MYTHES NON-DIT PAIX PALET PALIMPSESTE PARADIS PARADOXE PASSAGERS PASSER PASSEUR PENSER PHRASE POÈME POÉSIE POÈTE POINÇON POLYPHONIE PUCES QUE SAIS-JE RATÉ RÉALITÉ ROSIER SABLE SILENCIAIRE SOUFFLEUR SUJET TEMPS TRACES UTOPIE
AIMER L’UTOPIE
Jean Jacques Dorio
(réécriture été automne 2020)
(une première version
a été publiée par Encres Vives
en octobre 2011)
MONOLOGUE DE PLEINE NUIT
Scène un
« Une Voix Sans Personne »
Cette nuit je suis vraiment seul
seul seul seul
Là comme un imbécile au seuil
seuil seuil seuil
de mes champs de nuit
Au vrai je suis quand même content
temps temps temps
de pouvoir le dire et de le proférer
Ferré ferré ferré
Tiens voilà le premier visiteur
qui passe et se plante au lieu de la scène
sous les sunlights cassés liquides
Drôle de type ce Léo
Capable du meilleur comme du pire
pire pire pire
Scène 2
Passe un soupir
un petit soupir discret
avec un chapeau noir
et un habit gris
V.S.P
-D’où viens-tu ?
-C’est selon ?
VSP
-Selon quoi ?
S
-Selon le vent, mon compagnon de fortune et d’infortune…
VSP
-Et ?
S
-Et cette nuit, je viens d’un enterrement…
Un vieux rêve que j’ai porté en terre.
VSP
récitant
« Cette nuit j’ai rêvé que j’allais à mon enterrement »
S
-Oui, c’est une sortie de « poète »,
quand il y avait encore des poètes
qui se réinventaient dans une vita nuova,
dans la faille d’une étoffe de soi trouée,
saltimbanques capables de susciter toutes les merveilles
et les menaces qui dorment dans les mots.
VSP
-Longue traversée du désert, patin coufin,
Trobar leu et trobar clus.
Scène 3
La litanie des Si
Si je dois renaître que ce soit dans du bois bien vert
Si je dois mourir que ce soit assis sur la fourche de mon arbre mort
(celui qui date du « temps des cerises »)
Si je dois disparaître que ce soit dans la source d’un poème
Si je dois m’éveiller que ce soit dans la fiction autobiographique
Qui porte toutes les marques de l’aventure poétique
Scène 4
JE SAIS BIEN …MAIS QUAND MÊME
Je sais bien que l’espérance d’une « poésie libératrice »
-comme on disait naguère de « l’école »-
Est morte et enterrée
Mais quand même je persiste et la pratique intensément
et en secret
Scène 5
Une Voix Sans Personne
s’immisce dans la voix d’un.e poète
né en 1907
Quand je suis né.e mon père m’a appelé René
et ma mère Renée
-ou c’est peut-être l’inverse
ils n’ont jamais été au clair sur le sujet-
Mon roi mage s’appelait André,
Comme ma reine mère, dont le « e » disparaissait,
quand on le prononçait.
Quand je suis né.e, avant les guerres,
Qui ont fait de l’Azur un carnage rougeoyant,
C’était – excusez-moi pour ce rappel obscène-
La Belle Époque !
Quand je suis né.e le peuple des prolétaires
Croyait dur comme Marx, aux « lendemains qui chantent ».
Quand je suis né.e, le coup de dés d’un poète phénoménal
s’abolissait dans le Cubisme.
Quand je suis né.e « Bergère ô tour Eiffel ! »
Porté.e par la chanson du Malaimé
et de la Maumariée…
(travail en cours)
J'air rêvé que l'on me préparait une horchata de chufa
C'était dans un café qui faisait face au Lyceo
Sur les Ramblas
en 197..
J'ai rêvé que je mâchais de la canne à sucre
pour tenir le coup jusqu'au soir
quand on rentrerait de la pêche
avec les indiens panaré
Et que l'on dégusterait assis sur nos cuisses
le poisson boucané
J'ai rêvé que j'allais à mon enterrement*
Dans la forêt pleine d'esprits
Où l'on installe ton corps sur un arbre
Avant de faire de tes os
Une poignée de poudre
J'ai rêvé qu'en jouant du violon
devant notre haie de pittosporums
Tu m'étais apparue
Dansant la plus que lente**
J'ai rêvé de nos adieux
Et de cette brassée de bruyère
Que je déposerai demain dès l'aube*** sur ta tombe
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends*
*Guillaume Apollinaire **Claude Debussy ***Victor Hugo