L’EMPIRE DES SIGNES

l’empire des signes




hypnose hypnose hypnose hypnose

hymalaya hymalaya hymalaya hymalaya

musique de la mer sereine

sur les roches du Baou Tailla

répétititive et continue

au contraire de ces lignes

qui flottent

le corps assis

comme aboli

tel quel 7×7 caractères tracées comme en « hypnose »

Ils sont beaux tes caractères
et pas un n'est semblable à un autre.
7x7 comme 49 identités mêlées
de personnes rencontrées dans ta vie.

C'était le 30 mars 2016 que tu les as "exécutés"
comme on dit d'une symphonie,
ou d'une pièce écrite pour le piano.
Et cette nuit tu les ressors
et leur ajoute une note a parte
ce 17 juillet 2020.

Franchement tu n'y comprends rien.

Tu te demandes comment tout cela peut exister,
sur le papier,
et en dehors de tout espace textuel.

C'est comme une arche de Noé
où tu as embarqué tous tes animaux,
les tristes et les joyeux.

Sans compter les absents,
que l'on a jeté par-dessus bord,
parce qu'ils étaient entrain de corrompre
l'empire des signes.

D'ailleurs tu en sors quelques uns du néant cette nuit,
noir sur vert,
comme un art en miroir
de tes chimères.








JE SAIS BIEN…MAIS QUAND MÊME





  JE SAIS BIEN…

MAIS QUAND MÊME





Même…Ce premier mot usé…Je sais

bien…mais quand même Même si ce texte

semble ne servir à rien Je sais bien

qu’il manifeste une activité

hors-ligne – folie douce, dérision –





Je sais bien qu’il paraît imaginaire

Mais il n’y a pas plus réel que ce corps

Utilisant son imagination





La voix maintenant se tait Je sais bien

On dirait un exercice Oulipien

Mais quand même…

dizain VI

	

JE N’AI JAMAIS J’AI





Je n’ai jamais joué avec des soldats de plomb

Je n’ai jamais connu le bonnet d’âne

Je n’ai jamais monté de trains électriques

Je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire

-Mais tu es dans la lune ou quoi !

(ça c’est moins sûr)

Ceci pour l’enfance





Je n’ai jamais été au Guggenheim de Bilbao

Mais à celui de New York

oui

Je n’ai jamais vu et entendu

Coltrane Monk et Miles Davis

Mais Schepp Garner et Portal

oui





Je n’ai jamais été au Mur des lamentations

ni à la Cité interdite

Mais à Macchu Picchu à Delphes et à Brasilia

oui

(il y a mensonge sur un des trois)

Ceci pour la suite de l’enfance





suite au prochain jeu de l’imaginaire et du réel mêlés

(lecteur lectrice entre parenthèses tu as tout le temps aujourd'hui toi aussi
de jouer au jeu de J'AI JE N'AI PAS)
cet espace est pour toi

RÉEL IMAGINAIRE SYMBOLIQUE pendant l’heure zéro

Pour ce qui est de la réalité – du Réel – c’est,

en cette nuit particulière où l’heure de 2 à 3 compte pour du beurre

en raison du passage à « l’heure d’hiver »,

c’est mon écriture au stylo fin bleu,

sur un rectangle de page immaculée (10,5×15,5 cm),

au lit.

Pour ce qui est de l’Imaginaire,

il varie selon mon régime d’écriture,

lent, rapide, mon désir ou non de fantasmer,

de laisser cours au passage des fantômes du passé

ou aux plagiats anticipés.

Et enfin, pour ce qui est du Symbolique,

ma place au monde est « selon »,

jamais tout à fait la même,

toujours possiblement une autre,

puisque j’aime par-dessus tout la Liberté,

dans le cadre de l’Égalité, la justice toujours à parfaire,

et « ô frères et sœurs humaines », la fraternelle Fraternité.

manuscrit « tel quel »

LETTRE À UN.E INCONNU.E

Parfois il a pu arriver qu’on s’écrive à soi-même.

Parfois même il nous est arrivé d’écrire aux morts.

Cela n’arrive pas tous les jours, j’en conviens, mais cela peut arriver.

Et il se peut aussi que les morts nous aient répondu,

sous une forme qu’ils sont les seuls à connaître.





Antonio Tabucchi

Si sta facendo sempre più tardi

 Il se fait tard de plus en plus tard





Ni fleurs du mal

Ni fleurs du bien

Mais ces quelques lettres au vent de la nuit

Que je partage avec si peu de vivants

Mais bien des disparus





Le stylo trace ses lignes

Apparemment sans but

Tel un tisonnier avec lequel on fouaille

les braises des mots clés :





miettes, fragments, poussière, imagination,

accents restés dans la voix d’autrui…





Assis devant un livre que je feuillette

Regardant les lumières des bateaux

Sur la passe maritime

Écoutant un raga de nuit





J’écris ces lettres d’Utopie

Dans les eaux mouvantes d’un imaginaire

Toujours toujours à renouveler