TIROIR DES ÉCRITS

 Depuis le temps qu’on les écrit.

Jour après jour et chaque nuit.

Les lignes s’enchaînent

Les mots sautent comme cabris

Ou se perdent papier froissé.

.

Depuis le temps qu’on les récrit.

Car après coup ou un siècle après

On aime bien remettre le poème sur le métier

avec ses douas sur le clavier.

.

Puis on ferme le bloc, le cahier,

Et l’on jette sans plus y penser

 la dernière version imprimée,

dans le buffet, le tiroir, le baul,

des fragments inachevés.

ÉCRIRE SANS MOTIF


Écrire sans motif
Sur le motif

Écrire sans modèle
Un court instant
Un texte toile d'araignée
Mis sur le métier

Écrire (sans image
dans la tête)
des broderies
sorties du chaos

Écrire sans y penser
En lisant le livre
de l'Intranquillité

Les yeux fermés

Titre original : Livro do Desassosego por Bernardo Soares (un hétéronyme de Fernando Pessoa)

LA LUNE À L’ŒIL ROND





 À la fenêtre

la lune à l’œil rond

réclame son dû

 – une pièce nocturne

un petit coup de dés

autour de minuit  –





Les yeux dans les yeux

Je la nomme :

Cheval à l’envers

Bisons et petit dieu

sortant fouet, serpent

ou cotillon –





Et pour sa face cachée

(c’est le b.a ba du métier)

je décline l’obscure clarté

qui baigne tout poème :





ces petits astéroïdes

qui viennent nous percuter

comme s’il y avait une beauté du monde

et que traduit l’alphabet présent

à pas de plume

à pas de lune





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AIMER L’UTOPIE

Jean Jacques Dorio

Encres Vives n° 399

(Version publiée en octobre 2011)

LA MAIN CHINOISE

texte et hypnographies
01/06/2020

LA MAIN CHINOISE





« Voilà ces lignes qui à peine le temps d’y penser

Sont au cœur de mon petit métier »





La main chinoise

Si l’on veut





Je connais

toutes les histoires

de Tchouang Tseu





Celles du boucher

du charron

de l’empereur jaune

et les autres





Tous ceux

qui excellent

dans leur métier





Le mien

est petit

et j’en ai fait

un recueil publié

qu’heureusement

personne ne lit





Sauf ceux et celles

qui savent

que « petit métier » partagé

permet de supporter

nos vulnérabilités





Encres Blanches
n° 753
février 2019
« mon petit métier »
poème premier
les mots qu’on échange
avec je ne sais qui
qui lit je ne sais comment

CIEL BLEU ET BRISE DÉLICIEUSE

 
Je ne suis pas fatigué de poser chaque jour ces écrits incertains,
mais quand même.


Je ne suis pas si recru de paroles gelées pour ne plus croire aux bienfaits
des mots tissés sur mon petit métier*,
mais quand même.

Je ne suis pas si naïf pour ne pas savoir que mon jeu de marelle ne ravit
que les enfants et les raffinés**,
mais quand même.

Je ne suis pas si égaré pour confondre la poésie du quotidien avec
le tour d'un jour en quatre-vingts mondes, mais Julio Cortázar, si.

Et si je suis encore fringant pour écrire des poèmes sur feuillet noir et blanc
- sans noircir le tableau –
Je sais bien qu'il faut être fou pour croire encore aux images des poètes,
mais quand même.

J'ouvre la fenêtre, il fait nuit, il fait froid et humide, mais j'écris les yeux fermés :
Ciel bleu et brise délicieuse.

 
**Max Jacob




Encres Vives 2019
6,10 € l’exemplaire