UNE ENFANT NOUS EST NÉE

Cette nuit sur la plage

La mer a apporté

Une nouvelle née

Sel et sable mêlés

Sur sa bouche qui s’ouvre

Aux premiers cris de sa présence

Cette nuit sur la page

Une enfant nous est née

On sourit on exulte

On lui donne un nom

Comme la chair d’un mot

Qui va la désigner

Toute son existence

On lui donne l’Amour

Sans qui l’enfance

Fragile et vulnérable

Ne peut accéder à la vita nuova

On la berce on la lange

Notre petit ange

L’enfant do

Qui au son de la voix de sa mère

Fait son premier dodo

37 HYPNOGRAPHIES

Pour Pauline Dorio

Jean Jacques Dorio 12 décembre 2023

Oui c’est moi qui seul ai réalisé ces gestes qui ont conduit à l’écriture de ces signes rêvés comme en état d’hypnose Mais mes 37 hypnographies n’existeraient pas sans ceux et celles qui ont fabriqué le papier et assemblé un carnet destiné aux « artistes » et sans celles et ceux qui ont conçu et réalisé ce petit bijou de stylo noir alimenté par de l’encre de Chine et terminé par un pinceau souple bien souple JJ Dorio mardi 12 décembre 2023 11h45 (pour fêter à la minute près une naissance qui m’est chère)

Repentirs :

il fallait ajouter 2 bougies à mes hypnographies du 12 décembre 2023

JE NAQUIS EN ARIÈGE

JE NAQUIS EN ARIÈGE En quarante-cinq Ah Ris ai-je dit au chat Qui la langue me tire Mon père labourait Semait le blé et l’orge Ma mère cuisinait les produits du jardin le poulet le lapin le canard le cochon l’omelette des poules la soupe au lait des vaches que mon père trayait Fils unique j’étais l’espoir de la famille Instituteur serais Rien de moins rien de plus J’apprendrai za compter Lire faire pâtés D’encre Bâtons et lettres Aux marmots de l’école Plus de porcs de couvées De labours de semailles La mort des paysans La vie d’un enseignant Et voilà tout est dit Le chat s’est endormi Je lui ai donné ma langue Et cet écrit étrange Des débuts de ma vie Avec les animaux Les projets de mes vieux Confidences à mi mots Pensées les yeux fermés Sans flonflons ni enflure Entre rires et pleurs Maintenant que les fleurs Des fêtes de nos vies Ne sont plus qu’avenir Au passé aboli

J’ÉCRIS opus19





J’écris toujours en avance d’une rame de papier

J’écris dans le métro des poèmes métrorimés





J’écris allongé

J’écris une fois la tête bien calée sur l’oreiller

sans bouger





J’écris par intermittence

J’écris en écoutant le corps

J’écris sous sa dictée





J’écris aussi dans ma tête sans laisser de traces

J’écris alors comme les calligraphes de la vieille Chine

J’écris comme Tchouang Tseu

traduit et remis en jeu

par Jean-François Billeter





J’écris à jeun :

la cafetière à portée des écrivains très peu pour ma pomme

J’écris dès que je me réveille d’un premier somme





J’écris sans en faire tout un pataquès

J’écris patac un coup porté sur le nez

(comme on disait dans les bals de mon adolescence

quand entre bandes rivales ça se frittait)





J’écris avec beaucoup de fritures sur la ligne

J’écris comme jamais dans une mer sans poissons ni rivages

J’écris comme un fantôme vivant

Comme un brigand près des prophètes de profession





J’écris en disant à mes correspondants

qui veulent prélever une mes fleurs

pour la mettre dans un bouquet universel,

faites faites !





J’écris sous la lumière crue d’une Odyssée

aussi extraordinaire qu’incertaine

J’écris d’île en il, d’aile en elle





J’écris comme cet avion sans ailes

chanté par Charlélie Couture

J’écris couturé de frais





J’écris cétacé

J’écris c’est assez de contourner

des lagunes et nos lacunes,

nous les hommes,

de n’avoir pas porté, puis libéré,

l’être nouveau expulsé de la mer primitive





J’écris au- delà du bien et du mal

de la syntaxe crépitante

et de la flèche tirée au bal des prétendants





J’écris pour la seule bonne nouvelle annoncée,

sortant du pavillon de l’aurore :

Un.e enfant nous est né.e !

NAISSANCE D’UN DIX-HUIT JUIN





Dans la langue de mon chant

Il y a le souffle de toutes choses

L’abricotier et l’abricot que je viens de cueillir

Et le souffle de ma fille qui un dix-huit juin naquit

Dansez les petites reines
sur une poésie de Victor Hugo
chant et musique
Jean Jacques Dorio
arrangement accompagnement
Philippe Bruguière
en son studio du Petit Mas
aux Martigues
été 2019