J’ÉCRIS À L’OREILLE





J’écris à l’oreille

C’est quelque fois nu

Et quelquefois rude





Nu comme les Sauvages

Que Montaigne admirait

Rude comme la Marseillaise

Qu’un sang impur

Fait couler dans les gosiers

Des sportifs et des mirlitaires

Mirliton tonton

Mirlitaine tontaine





J’écris à l’oreille

De sang et de neige

Les jeux de luges à Central Park

S’affichent sur mon smartphone

-Regarde pap’ ! s’écrie ma fille

en plein soleil

alors qu’ici c’est la nuit noire





On dirait une scène de Bruegel l’Ancien

C’est juste une autre manière

d’oublier le Covid

Central Park 18/12/2020

NEIGE LENTE DÉRIVE DANS L’AIR IVRE





le titre est dû à Jacqueline Saint-Jean

« Matière ardente »

vient de paraître





LE COUPE-PAPIER s’allie au papier de qualité Un romancier qui jouissait de la théorie – dans les années 70 c’était quasi-obligatoire – te fait remarquer qu’au fil de l’épée comme disait le Général tant moqué et brocardé en Mai68 Au fil de l’épée tu te fraies un chemin de lecture comme au plus touffu d’une forêt

TE VOILÀ DERECHEF dans les réminiscences du poète florentin come di neve in alpe sanza vento « comme neige sur l’Alpe une nuit sans vent »Tu t’es autorisé à ajouter « une nuit » pour ta traduction présente Car foin d’ Alighieri toi tu as passé plus d’une nuit à regarder la neige tomber sous la lucarne d’un grenier un livre de poèmes sur tes genoux c’était non dans l’Alpe mais dans les Pyrénées

LA SUITE TU L’AS RATURÉE chose très rare pour toi qui aimes écrire dans l’extrême lenteur faisant tienne la formule de maître Montaigne j’ajoute et ne corrige pas La suite ravivait d’anciennes blessures te faisant passer du grenier d’un conte enchanté à cette espèce de soupente où après ta contribution active et joyeuse durant la journée à écrire sur les murs de Mai tu sombrais nuit après nuit dans la lecture de ce roman Der Mann ohne Eigenshaften où Ulrich L’homme sans qualités échouait à trouver la formule mathématique d’une vie qui déclinait cette alliance paradoxale de précision et d’indétermination selon la traduction de Philippe Jaccottet

LE LECTEUR A POSÉ SA VALISE…(à suivre)





La citation sur le coupe-papier « au fil de l’épée » est due à Italo Calvino