J’ÉCRIS opus 15





j’écris de ma voix perdue heureusement enregistrée

J’écris d’un seul coup d’un seul

J’écris en bleu j’écris en vert

J’écris en noir le deuil des vers

J’écris des lignes sur la mer

J’écris sur des feuilles volantes

J’écris assis j’écris debout

J’écris de signes caractères d’argile et de boue

J’écris de glyphes et de remous

J’écris de regards échangés avec les peintres des musées

J’écris sur le dos des bossus

J’écris en écoutant Moussu T

J’écris en faisant du thé

J’écris avec Sapho princesse athée

J’écris de ma voix perdue heureusement enregistrée

J’écris sur la voie que j’ignorais avant d’écrivant la créer

J’écris toujours à la craie d’une enfance mythique

J’écris sur les mythes en lambeaux des indiens Goajiros

J’écris devant la cafetière en faïence bleue de Cézanne

J’écris des lettres à Blanche Neige

J’écris bernique

J’écris au bernard-l’hermite l’alter ego du pagure

J’écris en tournant sept fois ma plume dans l’encrier

J’écris au marchand de chaussures qui m’ont cassé les pieds

J’écris au menuisier sur la table de chêne qu’il m’a faite livrer au septième étage de la Tour Montparnasse

J’écris en relisant Urgent Crier !

J’écris en faisant la grande lessive des Romantiques et du Parnasse

J’écris sur une sorte de scriban en acajou

J’écris comme un scribe en période maigre qui sur son palimpseste fait ici et là quelques ajouts

J’écris au crayon pour gommer mes indécisions

J’écris sur la boîte de Monte Cristo n°3 que j’ai achetée lors de mon voyage à Cuba en avril 1977

J’écris en écoutant un set de Coltrane et de Miles

J’écris sur une grande table ronde dressée autour du monde

LA MER S’EST ENNEIGÉE





La mer s’est enneigée, son livre blanc ridé

D’autant de feuilles blanches, grises, vertes, bleues.

« Ô la neige, regarde la neige qui tombe ! »

Ma chanson de Claude Nougaro préférée.

Qui tombe, ô la neige, et que n’ai-je l’orgue

de Saint Sernin, pour la cerner, passer au crible ?





Flocons d’argent, flocons de peine, faux nez

du bonhomme de neige, phonèmes.





La neige à fleur de page, cendres et braises bleues.

On y plonge, on y nage, avant qu’elle ne cesse

de tomber, silencieusement,

sur la grève et les feuilles d’olivier de mon jardin d’hiver,

sur les rêves et les fables,

le pelage des rennes…et que sais-je ?





11/01/2021

À TORT ou À RAISON





À TORT, OU, À RAISON, je recopie ce début qui m’est venu, sans suite.

À tort, ou, à raison, me voilà accumulant les virgules. Il doit bien y avoir une raison.

Mais je préfère l’ignorer.

À tort, ou, à raison, ce que j’écris, là, est parfaitement lisible, du moins, en surface.

Tiens, comme les feuilles tombent sur les feuilles, dernier dimanche d’octobre.

À tort, ou, à raison, sous l’apparente hésitation, la réelle simplicité.

Sous le haïku, (négligé), les feuilles d’or de mon abricotier ;

je les ai vues, ce matin, 25 octobre 2020, se détacher.

À tort, ou, à raison, rien que des événements mineurs, en somme.

Si ce n’est, qu’en l’écrivant, mon esprit espiègle se souvient de Jean Mineur Publicité,

Balzac 0001.

À tort ou à raison, argent comptant, fausse monnaie ?

À raison ou à tort, mon texte est achevé.

les feuilles d’or de mon abricotier