SUR LE FLEUVE DE L’OUBLI ET DES RÉMINISCENCES JE PARCOURS MES IDENTITÉS





Si par une nuit d’hiver, nous promenant dans nos paradis sans paradis,

nous donnons le change sur le luth désaccordé de notre étoile morte.

En naviguant jusqu’à la fin, sur le fleuve de l’oubli et des réminiscences.





Aux voyelles passées à l’as

Des enfants perdus des banlieues

Enfermés dans leur drôl’ de sas

Je laisse cette craie des murs

De la Sorbonne et de Jussieu





En cet hiver deux mille vingt

Je JJ Dorio ci-gît

Aile arrachée pigeon berzingue

Picorant mes pages d’argile

Sur les maux de la société





Je par ci Je par là Je co

Gite Je suis René Descartes

Je m’enflamme Je mets le feu

Aux fausses lettres et au paraître

En proclamant Je est un autre





Je m’appelle Einstein on the beach

Je suis la chaise de Justice

Le coquillage millénaire

Dans l’oreille des poésies

Breton Soupault Bois et Charbon





Je suis le poème rêvé

Et la main en chair et en os

Qui l’engendra sur le papier

Et sur la peau du monde mort

Qui renaît sur un coup de dés





Je suis Nostalgie du présent

Scansion rythme événements

Mis à l’écart Mis en abyme

Je parcours mes identités

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(franco de port)

L’ANCIEN JEU DES VERS

Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers

                          Apollinaire





J’oublie le jeu subtil des vers

Les saisons de l’amour et leurs flammes

Les yeux clos de l’hydre univers

Le paysage fleuri de l’âme





J’oublie les êtres que l’on crée

Simplement avec une plume

Ou sur l’ardoise d’un doigt de craie

Enfant des barres et clairs de lune





J’oublie ma petite science

Lignes réglées sur le papier

Panier d’osier qui se balance

Au gré des fruits du citronnier





J’oublie ainsi ici ailleurs

Dans le jardin décapité

Où tu ne viens plus me tendre

Tes lèvres matinales





Toi que je ne veux oublier

LA POÉSIE N’EST FAITE QUE DE BEAUX DÉTAILS

La poésie n'est faite que de beaux détails
Avez-vous remarqué ce bel alexandrin
Composer dans l'incertitude des trouvailles
Vaille que vaille en vivant ce que tu lis

La poésie je vous demande pardon Mais
c'est au réveil une façon de se livrer
à ce fragment Corps au repos Esprit qui essaie
d'opposer à Douleur les promesses de l'aube

La poésie voix si ténue inattendue
Fable des pas perdus sur nos livres de sable
La barque ce matin suit ce fleuve étrange
De vers anciens qui ont le charme du pur oubli


le vers initial est de Voltaire
Romain Gary a écrit Les promesses de l'aube











LE DON DES PAGES

une page

colonne d’écriture

c’était une treille

en agriculture





au village

vivait Monsieur Page

retraité de l’armée

le seul possédant une ouature

et l’usage oral du passé simple





en pagayant

dans une page de dico

on peut faire mousser

pagure palabre pageot





et ce pagne des indiens panaré

que tu ramenas d’Orénoque

teint au rocou

échangé contre tu-ne-sais-plus-quoi





fin de page

dont tu fais don

à l’écran blanc

au premier lecteur qui passe

à la nuit des mots boules de neige

à l’oubli






	

…ET NOUS AUSSI

Je nage dans le fleuve du temps
Je ne sais pas si je rêve endormi ou éveillé
J'entends le violon de Verlaine

Je nage dans les pages de mes livres en feu
Je ne sais pas s'il s'agit d'une métaphore ou de la réalité
J'entends la sirène des pompiers de New York

Je nage dans la mémoire circulaire de l'oubli
Je ne sais pas comment concilier bonne fortune et tragédie
J'entends les cloches qui sonnent sans raison...
et nous aussi !*

*Tristan Tzara (L'homme approximatif)