JE ME PERDS DANS MES PAGES





Je me perds dans mes pages

Celles qui ne me parlent pas

Celles qui ont la rime sauvage

Celles qui marquent le pas





L’hiver lisant livres sur livres

Sous ma couette

Je confonds les poètes

Qui m’enferment

Et ceux qui me délivrent





Je confonds hier et demain

La pierre de mes encres

Rouge d’un sang

Virant au noir





Le pinceau en souffrance

Rêve du geste candide

Qui viendra le libérer





06/01/2021

manuscrit premier jet / le pinceau et le geste candide venant le libérer

CALLIGRAPHIES SECRÈTES

ces moments uniques où l’on sort de la durée




« O Scribes qui du bout

Du bâton augural

Tracez de l’alphabet

Les ténébreux jambages »

Victor Hugo





Tout de bric et de broc

Je recopie Hugo

Le lire in extenso

N’est pas donné à tous

De ses vers alignés

Numérotés par dix

J’extrais parfum poison

bien mal silence bruit

J’annule les virgules

Et points d’exclamations

Puis le pinceau agit

Entre calme et violence

Toujours en pleine nuit

Et sans souci de plaire

Calligraphies secrètes

Du faire et laisser-dire

Accords avec les vers

Mais sans leur ressembler

Dans la marge ainsi

Sont mes hypnographies

Le scribe et les jambages

 Du bâton augural

Les inscriptions votives

L’obscurité des signes

La clarté de la main

Qui remonte les nuits

Sibylles et pythies

Paroles sans écrits

Qui que tu sois prends garde

Aux formules écrites


	

J’AI ALLUMÉ D’AUTRES CHANDELLES

HYPNOGRAPHIES au pinceau
ça danse et ça converse
03/06/2020



J’AI ALLUMÉ D’AUTRES CHANDELLES





« Il faut tenir son pinceau légèrement et spontanément

La main et l’esprit restant vides

L’écriture doit être rapide fulgurante

C’est le va-et-vient du souffle

Ce sont les battements du cœur





J’ai allumé d’autres chandelles

Sur la scène de ma page blanche

Mon stylo-pinceau

à l’encre de Chine

A repris la main





Tout de suite

Ça redevient chinois

Les caractères dansent

et conversent

avec les maîtres calligraphes

Ouyang Zun

Zhang Xu

Wu Khuan





Malades imaginaires

Qui n’arrêtaient pas

Saisis par la manière

De tracer sur leurs feuilles

Ou dans l’air

la substance de leurs poèmes

SOUS LE PINCEAU

hypnographies Dorio
pinceau encre de Chine
10/01/2020




SOUS LE PINCEAU

des signes en folie

nous imaginent





Esprit Capacités Enjouements

Mais aussi la contrainte

qui créée et interroge :

Avez-vous bien passé la Consigne

à la mésange qui est venue

cogner au carreau

du soleil sous le givre ?





Et les cinq petits effarés

autour du soupirail rouge

du boulanger Rimbaud

Leur avez-vous offert

votre dernier médianoche ?





03/12/2019

10h50

BOIRE SOUS LA LUNE PEUPLER SA SOLITUDE

 
Boire seul sous la lune, écrit Li Bo, qui la prend pour amie et avec l’ombre qu’elle lui procure, les voilà trois.
 Que n’inventons-nous pas pour peupler notre solitude ?
Assurément cette main qui court le papier, maniant le pinceau du poète-calligraphe,
ou bien l’ancienne plume et son encrier, avant le stylo pointe fine.

Écrire seul en silence, calé sur son oreiller, la lune à la fenêtre, les volets grands ouverts. Suggérer les activités joyeuses de jadis : la toupie sur les carreaux de la cuisine,
le jeu de barres dans la cour de l’école et la construction d’une cabane.
Hier après-midi, quand mon petit-fils a vu que sa cabane imaginaire,
quelques branches appuyées contre un tronc de pin, avaient été enlevées,
il m’a dit en secret : c’est un coup des hyènes.

Li Bo réapparaît, nuit de lune sur le fleuve, il vacille en buvant une nouvelle coupe de vin de Sin-fong.

 Un dernier coup de rame, ma barque de papier ne sert plus que de marque-page,
les images des rêves, comment les épuiser ?
  
 
Li Bo (Li Po, Li Bai) 701-762









"Boire sous la lune" manuscrit premier jet
fond : composition Dorio
"hypnographies" néologisme inventé par JJ Dorio
collage sur papier glacé de revue

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