AI-JE DE LA CHANCE ?





Il est si vulnérable qu’il prendra l’habitude de la solitude comme le seul moyen de protection, la seule arme.

Jean Cayrol (Pour un romanesque lazaréen) 1949

J’ai de la chance
Ma solitude réelle, contextuelle,
Me donne accès à de grandes plages de lectures
Mêlées à mon écriture incertaine, mais nécessaire,

J’ai de la chance
De pouvoir écouter les podcasts
Des radios du Service Public,
Dopé par l’inflexion des chères voix qui se sont tues,
Et par celles (rares et précieuses) qui continuent

J’ai de la chance
De disposer à ma guise de concerts et de films,
De paysages fleuves, faune et flore,
Qui s’affichent sur mon écran
(Hier une chanteuse brassait divinement l’air du lamento de la ninfa)

Ou bien c’est du djèzz 
Comme le prononçait Amstrong (Louis)
Chanté par Nougaro (Claude)

J’ai de la chance
De ne pas mourir complètement idiot
Que je l’écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc

Tengo suerte
La chance de ceux qui font de leur sort
Joyeux hasard d’une secrète nécessité




CARNETS DE MAUX ET DE RÉJOUISSANCES





Carnets de mots de poèmes initiés par des citations

Carnets de confusions

Bons à jeter

Mais on y tient on y revient

On relit ce qu’un autre soi-même a écrit

Il y a dix ans vingt ans

Trente ans…cinquante peut-être

N’en jetez plus !





Carnets de vie

Pas celle qu’on a vraiment vécue

Mais celle dont on se souvient

« pour la raconter »





Vivir par contarla

Titre choisi par Gabriel García Marquez

pour son livre autobiographique

La vida no es la que uno vivió, sino la que uno recuerda

y como la recuerda para contarla

« La vie n’est pas celle qu’un être a vécu,

mais celle dont un être se souvient,

pour la raconter. »





Carnets de maux et de réjouissances

Écrits qui nous laissent indifférents

Ou qui peuplent nos jours et nos nuits

de cent ans de solitude





Cien años de soledad GG Marquez

vivir para contarla vivre pour la raconter

POÈME TU VAS VERS QUI VERS QUOI ?





Les mots c’est nous      les mots sans nous

 tout aussi bien

                       1

Un feu d’herbes sèches

un visage à peine un ciel léger





la chaleur qui vient à trembler

au bord de l’autre rive





à tenter le signe

à soustraire l’ombre de la nuit

aux confins de ma pensée





2

Ce matin à tirer la ficelle du temps

à répandre le jour par un ciel gris





à dire d’une voix étouffée

toute la neige à venir





comme l’air dans sa pauvreté

une étoffe mal seyante





et l’apparence du dire

à heurter quoi

au fond de quelques mots

perdus

avant d’être prononcés

3

Poème tu vas vers qui vers quoi

peu importe ici je m’arrête





je ne puis plus rien pour toi

ta liberté se donne par ma solitude

ce que l’on dira de toi ne me délivrera de rien

que ta chaleur soit comme l’obole des morts





une page blanche

à jamais





Jean-Marie Corbusier





Mille mercis de m'avoir envoyé  cette belle page de poésie 
J.M. Corbusier conclue ainsi l'éditorial du dernier Journal des Poètes (89° année)
"Le Journal des poètes est un grand voyage, car voyager, 
comme le suggérait Proust, c'est changer de regard."

« un feu d’herbes sèches voix » piano JJ Dorio
« la ficelle du temps voix » piano JJ Dorio
« poème tu vas vers qui vers quoi » en chanson JJD

	

CIEN AÑOS DE SOLEDAD

Dorio peinture dessins collages 50×70
La vida no es la que uno vivió,
sino la que uno recuerda
y cómo la recuerda
para contarla

Gabriel García Márquez

Ta vie n'est pas celle que tu as vécue
mais celle dont tu te souviens
et comment tu t'en souviens
pour la raconter

(ma traduction jjd)



détail
arbres premiers
y algunas bestias

autre détail
les oiseaux dans nos têtes
les pierres germinales
los nacimientos


détail 3
un oiseau qui picore nos nuits
des cordillères
et des mythes scandés
dans la maison de palmes
avant de céder au sommeil

détail 4
dans le tourbillon de nos vies
nos visages accourent
et se chevauchent
avant de disparaître