FEUILLETS D’ÉTINCELLES

Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes
Des lichens de soleil et des morves d’azur

Arthur Rimbaud (Le bateau ivre)
 

Malice des mots de l’agora
Comme le chat angora qui pelote
La mandarine d’un mandarin
Le double sens du mot hôte

Ôte-toi de mon chemin
Marin d’eau douce halluciné
Qui sans haleur laisse les traces
D’une confiture exquise aux poètes
Qui ont perdu aujourd’hui leur aura

Il est temps que le combat cesse
Des mots de gueule et de galère
Hypnos diffuse sur l’agora
Ses feuillets d’étincelles toujours inachevées

BASHÔ REVISITÉ

SAISONS


Le sanglier même
Avec toutes choses est emporté
Ouragan d’automne !

Bashô (Japon 1644-1694)


Ouragan d’automne
Le toit même de l’église
Fut emporté


Première neige
Et que n’ai-je
Du charbon à brûler


Printemps des poètes
Feuilles mortes
Font pouet pouet

Et cet été ?
Ça a été
Cigales en feu


écrit sous le mistral de Martigues
ce 22 octobre 2021













UN PETIT RAPPEL





Un petit rappel comme disent les alpinistes

assurant leurs doigts sur un petit bec de pierre





Un rappel qui n’en finit pas

après le concert

exécuté de main de maître

par tel ou telle virtuose du piano

ou de la viole de gambe





Rappels et variations

Répétions et citations

Présentes sur les partitions des musiciens

les improvisations ou les vers des poètes d’antan





De la musique avant toute chose

Et pour cela préfère l’impair





Un rappel des mémoires résistantes

Des poètes assassinés

Et des fusillés de l’an 44





Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas





Italiques Verlaine, Aragon.

CHOCS VERBAUX ET DÉS PIPÉS





Tous ces mots en tension…

impossibles à traduire…

C’est la catha la catharsis

La purge des pensées mauvaises

C’est la cata la catastrophe

La tragédie de nos aïeux





Chocs verbaux et dés pipés

Añoranzas Saudades

« La nostalgie du présent »*

Dont je te fais « présent »





Tous ces mots employés à tort

et à travers

Sur la place publique

Le cirque médiatique

Les réseaux pervers de l’internet





Mais que l’on goûte, savoure, rumine,

Chez les poètes qui font sonner le sens

Sur des pages fragiles

Que personne plus ne lit





*La nostalgie du présent

JJ Dorio

Encres Vives 467°


	

COMPOSÉ À L’OREILLE





Composé à l’oreille transcrit sur le papier

Un fragment de ténèbres et de chant mesuré

Le risque de tomber d’un trapèze de feu

Métaphores brisées têtes dans la sciure

Des vers de nos poètes plus personne n’a cure





Composé à la feuille au bord d’un fleuve bleu

Où un papillon rêve les pensées de Tchouang Tseu

De la dernière indienne de la Terre de Feu





Passé comme un vertige le poème se rompt

Quelques roses de braises volètent à l’horizon





10/01/2021