L’INSTINCT DE POÉSIE

J’entends le vent du sud avec de fortes ailes

Un poème dans la nuit fait un geste

Je ne me suis jamais dit poète mais j’ai gardé l’instinct de poésie en consacrant au moins un instant quotidien à l’écriture d’un poème

Je suis chaque fois, comme à présent, au pied du mur, au bord du vide, cherchant voie et voix, rimes et rythme, me  remémorant certains vers appris par cœur depuis l’école communale

Attendant, hésitant, puis lâchant les chiens sur les traces d’une ballade, d’un sonnet ou d’une forme indéterminée que j’abandonne  à la fin sur le papier, puis sur le blog, de guerre lasse

AMAS DE RIMES

J’ai le goût de l’invention et de la rareté
Celui du bol où infusent mes rares thés

J’ai le goût d’étrenner nuit à nuit mes vers
Et celui d’écouter mille discours divers

J’ai le goût d’écrire plus ou moins des ballades
Celui d’accompagner Montaigne 
Qui sur son petit cheval se balade

J’ai le goût de chanter Brassens à domicile
Celui d’ouïr chansons gaillardes et indociles

J’ai le goût de semer à tout vent buissonnier
Mes petites fleurs bleues de vrai saulnier

J'ai le goût de la mise en suspens
De l'ego devant le texte 
Qui va et vient et nous métamorphose
j’ai le goût de confier mon texte à une voix sans personne

CHANSON GRISE (une esquisse)


Ce bijou d’un sou
Ligne de Verlaine
Faisant de la rime
Son souffre-douleur

Halte à la rime
Qui nous assassine
Seule la nuance
Faisait son bonheur
Musique en transe
Murmure intérieur

Ce bijou d’un sou
A repris ses aises
On dirait Boileau
En son vieux françois
Égrenant les vers
En critique acerbe

Non on dirait pas
Ici l’on charbonne
On s’moque que Mal
Herbe vint enfin !

Quoique c’est bien A
Musant de relire
Ces vieux rossignols
Chantant pour les marquises

Stop à ma chanson grise !

L’ART DES DIGRESSIONS





hypnographie 3/8




On n’en finit pas de remplir des carnets

Où l’art des digressions nous fait marner

Passer de bourrasque à bonace

De sournois et retors à bonasse





On n’en finit pas d’épucer ses dictionnaires

De rimes de synonymes d’antonymes

De mots d’argot de poissonnières

De pages où l’on décline ses hétéronymes





On n’en finit pas de passer pompons les carillons

Depuis la cour d’école des farandoles

Ouverte aux filles et aux garçons

Jusqu’aux derniers adieux

Après la grande cabriole





On n’en finit pas on n’en finit plus

Plume qui passe douant d’imaginaire

Ce corps de nuit traversé de soleils

Et de vers écrits sur des livres

Ou laissés comme ici

En suspens