AMOURS ET CONTR’AMOURS VOS ARDEURS ÉCRIVEZ


Amours et Contr’amours vos ardeurs écrivez
Amours pures d’un jet Contr’amours contariées
Les Amours de Ronsard Contr’amours de Jodelle
Couché au doux abri d’un myrte et d’un cyprès
D’Aubigné amoureux, les horreurs de la guerre
Tente en vain d’oublier Amour faites non la guerre
Allez mes vers accompagnez plutôt que massacres
Beautés Sonnets pour vos belles angevines
Belles comme l’aurore de paroles divines
D’un seul petit regard nous voilà enflammés
Comme on voit dans la nuit un beau ballet d’Amour
Contr’amour s’est noyé dans le fleuve Méandre
Vos yeux sur les minuits viennent encore me prendre

JE RÊVE DE CHIENS PERDUS…

DES RÊVES EN PAGAILLE 4

Je rêve de chiens perdus dont j’ai perdu le nom Je rêve de la figure dessinée sur un dé à jouer que les Espagnols appellent azahar (c’est la fleur d’oranger et le jeu de hasard) Je rêve de la pierre de Rosette mais c’est un sonnet de Ronsard qui a remplacé les hiéroglyphes Je rêve que je suis assis sur une pierre du Miroir des Oiseaux (à Martigues où j’habite) Je lis intérieurement un poème d’Octavio Paz dont je sens soudain la présence à mes côtés (carne y hueso) Je suis troublé bien que le poème évoque cette lutte où l’on est seul avec la parole hoy lucho a solas con una palabra. Paz s’évapore Queneau a pris sa place mais cette fois nous sommes à une table de bistrotLe poète sort un petit carnet il me mit Un enfant a dit Je sais des poèmes Je rêve que je fais des ricochets sous le pont de mon village qui enjambe l’Arize Je rêve que je saute à pieds joints depuis ma terrasse dans les lavandins Je rêve que ma fille Noémie me raconte son dernier rêve : Mathis 5 ans est au piano se balance fait le fou et tombe à la renverse rattrapée par les bras de mamie Jojo Je rêve que je sors d’une exposition de Morandi à Toulon et que je tombe sur une bande de marins éméchés qui chantent à tue-tête (mais pas à cloche pied) l’Internationale Je rêve que pendant la canicule je passe mes nuits dans le hamac du jardin fasciné par la constellation d’Orion…

MARQUISE






-Alors Madame la Marquise
Vous sortez toujours à cinq heures du soir
Et tout va toujours très bien ?
-Faut croire cher Monsieur
Puisque vous l’écrivez.
-Et faut-il toujours croire ce turlupin
Qui prétendait sur l’air des lampions
Madame la marquise m’a foutu des morpions !
-Un plaisantin ce monsieur Brassens

C’était juste un coup de trompette
Pour exciter le peuple et les folliculaires
-Ah ! la la ! et ce vilain Corneille
qui sur ses vieux jours crut vous séduire
en prétendant que vous alliez vite faner
comme les roses de Ronsard.
-Tous deux ont trépassé mon cher
Et moi je me porte toujours comme un Ange.

COMME UN TABLEAU NOIR





Comme un tableau noir de l’école communale

Le grand art enfantin à coup de craies plus blanches

Qu’un fond de Constellations de Joan Miró





Des étoiles de roses d’un sonnet de Ronsard

Étouffées par la mort qui nous a laissé choir

Un souffle un presque rien le cycle recommence





Comme ce tableau noir suscitant l’enjouement

Étude des trilles des vols d’engoulevent

Bestiaire des faucons hagards et crécerelles





Comme des lignes de naissances successives

Les sillons nouveaux les mottes luisantes les vers

Attirant les merles et les bergeronnettes





Les travaux et les jours la palette des nuits
Le temps est à la neige efface ce poème

Qui sautait à la corde d’un temps qui s’est perdu





05/01/2021

manuscrit + hypnographies

PATATRATEMENT





Il faut être un poète

un rien désuet

pour aligner des vers

patatratement





Le pauvret la pauvrette

Il s’obstine

Elle s’escrime

Dans la nuit noire

D’la poésie





Jadis Ronsard et consort

Entonnaient leurs trompettes

Le front ceint d’une couronne

De laurier et de myrte





Mais c’est fini et bien fini

Aujourd’hui c’est la mort

La bestiole Corona

s’est emparée des têtes

Nulle attention pour les poètes





Qu’ils chantent ou qu’ils se taisent

Patatras patatras