UN BEAU POÈME

Depuis quelque temps j’ai du mal
à faire un beau poème
qui sente l’acacia et le jasmin
Un poème qui ressemble
à la tirelire du soleil
C’est bien embêtant
Depuis quelque temps

nb oui ce petit essai d'écrire "un poème " et ce chaque jour (scrupuleusement) depuis le 8 janvier 2006, participe à une forme de "jeu" que l'on voudrait faire partager aux lecteurs qui passent par choix ou par hasard sur "poésie mode d'emploi" afin qu'eux mêmes s'y adonnent : le temps est un enfant qui joue Héraclite

J’ÉCRIS MON DERNIER SONNET

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J’écris mes derniers sonnets Je vais abandonner le genre
Qui m’a occupé cet été deux mille vingt trois
Soufflé avec des poètes perdus tel Pierre de Brach
Le soufflement de tous les vents divers
J’écris mes derniers sonnets faits de briques et de broques
Que je poste chaque nuit sur mon blog de poésie
Mais que personne ne lit Tant lecteurs n’aiment plus
Resserrer en même lieu le silence et le bruit
J’écris certes avec Regrets en lisant Soleil du soleil
Une anthologie démente de Marot à Malherbe
Sans concession courant par l’air d’une aile inusitée
J’écris cette nuit pure nette et blanche
Au minuit d’un soleil qu’à pleine main j’épanche
Sonnetant mes sonnets aux doux amours de leurs commandements

Soleil du soleil collecté par Jacques Roubaud

Martigues vendredi 25 août 2023

LE DERNIER SONNET 
version deux
J’écris mon dernier sonnet Je vais abandonner le genre
Qui m’a occupé cet été deux mille vingt trois
Usant du soufflement de tous les vents divers
Comme écrit Pierre de Brach en un vers

J’écris mon dernier sonnet fait de briques et de broques
Comme tous ceux que j’ai posté chaque nuit sur mon blog de poésie
Mais que personne ne lit vraiment Tant lecteurs n’aiment plus
Resserrer en même lieu le silence et le bruit

J’écris certes ce dernier à Regrets en lisant Soleil du soleil
Une anthologie démente de Marot à Malherbe
Sans concession courant les pages d’une aile inusitée

J’écris cette nuit pure nette et blanche
Au minuit d’un soleil qu’à pleine main j’épanche
Laissant là mes sonnets aux doux amours de leurs commandements

TE PLAIRE ET TE DÉPLAIRE SELON MES VERS

Te plaire et te déplaire selon mes vers
Te chanter t’encenser d’une aile inusitée
Te permettre d’atteindre les célestes beautés
Si périssable est toute chose née

Te plonger dans les mythes des driades des forêts 
Qui naissent avec l’arbre sur lequel elles veillent
Te comparer à Diane la chaste Cynthienne
Si notre vie est moins qu’une journée

Mes vers ici se brouillent répétant cette antienne
Du grand amour le soleil de mon âme
Qui me brûle et m’enflamme
Chassant mes jours sans espoir de revoir
Ma reine ma déesse gisant au Vistemboir
Cimetière des sonnets où les morts apportent leur manger et leur boire

avec Du Bellay (les deux éditions de l’Olive) Guillaume des Auletz (1529-1581) et Emmanuelle Chevalier  éditrice des éditions du Vistemboir






JE DIRAI QUE JE N’AI RIEN DIT





Je dirai que je suis tombé

Je dirai que j’ai perdu le nord

Je dirai que chercher d’autres excuses

serait à la longue fastidieux





Je dirai si ça vous intéresse (et à l’inverse)

que je me suis relevé

Je dirai que j’ai retrouvé la voie





Je dirai que la nuit la lampe est mon soleil

Je dirai Terre en vue

Je dirai l’esprit des bêtes et des arbres

Je dirai le corps qui dicte à l’esprit

Je dirai le vide qui broie les mots inadéquats





Je dirai merci à celles qui m’ont écrit

Que ce que j’écrivais leur parlait

Je dirai quand je mourrai

Ma gratitude aux poètes qui m’ont accompagné





Je dirai que je n’ai rien dit

FAUT-IL SE MÉFIER DES MOTS





                Eluard voulait « tout dire », mais il en manquait. Mallarmé leur cédait, volontiers, l’initiative. Jaccottet a toujours eu la hantise de ne pas se faire leurrer par eux. Tardieu, Monsieur Jean, redoutait celui qui en aurait percé tous les secrets. La liste des amoureux ou contempteurs de mots est infinie, mais à la fin des fins, dans son atelier quotidien où l’on s’escrime avec eux, ça fait « taches de soleil, ou d’ombre » Philippe Jaccottet





taches de soleil ou d’ombre