L’énigme du discours métaphorique c’est, semble-t-il, qu’il invente au double sens du mot : Ce qu’il crée, il le découvre Et ce qu’il trouve, il l’invente. Paul Ricœur (La métaphore vive) Ça s’coue la vie La vie, ça s’coud Par tous les bouts Portant le joug Des peines quotidiennes Ou bien pis De supplices de l’estrapade En Enfer des camps Où l’on extermine À tout va Ça secoue la vie La vie ça se coud D’un texte à l’autre C’est le fil rouge D’une main qui refuse De vivre pour rin Marionnette vide De la Môme Néant 1 Qui quoi qu’elle dise Fasse et pense A’xiste pas Mais cependant Face à ce qui se dérobe 2 Un texte poétique Amorce l’ouverture De notre sac de peau D’où gicle la forme D’associations libres L’ébranlement salutaire De nos métaphores vives 1 Jean Tardieu 2 Henri Michaux
Archives de l’étiquette : Tardieu
ET DE JEAN TARDIEU LA MÔME NÉANT
Les violons de l’automne de Verlaine
Les roses cueillies par Ronsard
La corde des pendus de François Villon
Et de Jean Tardieu la môme Néant
La peinture à l’ahouile de Boby Lapointe (fine)
La sardane de Charles Trénet
Le père Ubu d’Alfred Jarry
Et de Jean Tardieu la môme Néant
La passante de Baudelaire
Le cornet à dés de Max Jacob
La négresse blonde de Fourest
Et de Jean Tardieu la môme Néant
Les escargots à l’enterrement d’une feuille
écrite par Jacques Prévert
Les Alyscamps de Paul-Jean Toulet
Le hareng saur de Charles Cros
Et de Tardieu la môme Néant
La langue verte de Géo Norge
Les cerfs-volants de Romain Gary
La pipe en majesté de Magritte
Et de Tardieu la môme Néant
Le coquelicot chanté par Mouloudji
La cage aux oiseaux de Perret
Les Marquises de Jacques Brel
Et la môme Néant de Monsieur Jean
Le piano du pauvre de Ferré
Le petit Liré de Du Bellay
L’autobus S à une heure d’affluence
de Raymond la Science
La môme Néant de Jean Tardieu
qui en fin de « conte » A’xiste pas
Le petit cheval dans le mauvais temps de Paul Fort
Les amours jaunes de Tristan Corbière
Les cœurs purs de Jean-Roger Caussimon
Et de Tardieu la môme Néant
Les ardoises du toit de Reverdy
Le cageot de Francis Ponge
Le gorille de Tonton Georges
Poursuivant le vieille décrépite
le juge en bois brut
Et la môme Néant
Le transsibérien de Blaise Cendrars
Le pont Mirabeau de Guillaume Apollina ire
L’écume des jours de Boris Vian
Et de Tardieu la môme Néant
Papiers collés de Georges Perros
Temps retrouvé de Marcel Proust
Le blason : LA MORT N’Y MORD
de Clément Marot
Et la môme Néant
Les Bouffes du Nord de Peter Brook
Le Livre de sable de Borges
Le nocturne indien d’Antonio Tabucchi
Et de Jean Tardieu la môme Néant
L’arc et la lyre d’Octavio Paz
Le livre de l’intranquillité de Pessoa
La vie mode d’emploi de Georges Perec
La môme Néant de monsieur Jean
Les villes invisibles de Calvino
La plaisanterie de Milan Kundera
La vie dans les plis d’Henri Michaux
La môme Néant de Jean Tardieu
À quoi qu’a pense
À pense à rien
A’xiste pas
VOUS VOUS SOUVENEZ DE MONSIEUR MONSIEUR ?
– Vous vous souvenez de Monsieur Monsieur ?
– Et comment ! J’étais l’un des deux.
– Mais lequel ?
– Mais toujours l’Autre, le Monsieur qui riait dans sa barbe.
– Vous vous moquez ?
– Mais pas du tout cher monsieur
Relisez votre pièce avec plus de sérieux.
– Hélas Monsieur Monsieur
Il y a longtemps que les souris l’ont rongée.
– Ça c’est du La Fontaine :
On a souvent besoin
d’un plus petit monsieur
Que soi.
MONSIEUR MONSIEUR sont des dialogues de Jean Tardieu
DIALOGUES TYPOGRAPHIQUES
– Toi qui écris cette série de dialogues intérieurs, connais-tu « Dialogues Typographiques » ?
– Tout juste. Je viens de les relire.
– L’auteur a imaginé dans le coin à gauche et en haut de la page…une foule immobile
qui regarde et qui se tait.
– Oui et il a situé la scène…sur les bords de la Seine.
– Une nuit d’encre filant la métaphore coule sous les ponts.
– « Sous les ponts de Paris coule… la merde » chantait Béranger (François) dans une très longue
chanson prolongeant l’enragement de Mai 68 et baptisée par antiphrase « Paris Lumière ».
– Un chant tendre et pathétique qui me tire la nuit hors du sommeil. La foule qui entendait le bruit des sabots de fiacre sur les quais a disparu.
– Ai-je bien payé ma dette à tous ces flots d’hommes et de femmes se demande en bouclant sa page ce poète toujours en mouvement qui signait du nom énigmatique de Jean Tardieu.
Dialogues intérieurs IX
FAUT-IL SE MÉFIER DES MOTS
Eluard voulait « tout dire », mais il en manquait. Mallarmé leur cédait, volontiers, l’initiative. Jaccottet a toujours eu la hantise de ne pas se faire leurrer par eux. Tardieu, Monsieur Jean, redoutait celui qui en aurait percé tous les secrets. La liste des amoureux ou contempteurs de mots est infinie, mais à la fin des fins, dans son atelier quotidien où l’on s’escrime avec eux, ça fait « taches de soleil, ou d’ombre » Philippe Jaccottet
